Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

jeudi 9 novembre 2017

Guillaume 9 novembre 1918


En souvenir de toi. Et de tes compagnons de misère.
Sur le Chemin des Dames
J'a
i fait le chemin.
Dans le s
ilence de l'été, j'ai entendu le bruit de vos silences ; le bruissement de vos âmes cherchant la paix au milieu du vacarme et de l'enfer.
La guerre. Le sang. La mort.

Et je me suis arrêtée, au bord de cette route de campagne, au creux de la forêtoù l'éclat de l'obus à frappé ta tête, là où blessé tu es tombé, soldat Apollinaire au milieu de tes camarades sacrifiés pour rien, fauchés avant d'avoir eu le temps. Leur temps comme le tien a été trop court, bien trop court. Tu lisais là sans crainte hors de la tranchée en ce printemps 1916.  Arrivée dans les tranchées sans abri du bois des Buttes au Nord de Pontavet. " écrivais tu le 14 de mars et deux jours plus tard : « Je lisais à découvert au centre de ma section, je lisais le Mercure de France, à 4 heures un 150 éclate à 20 mètres, un éclat perce le casque et troue le crâne". Combien de lettres as tu écris à Lou ?
Tu ne t'en remis jamais vraiment, la grippe meurtrière profitant de ta faiblesse t'emporte en ce début de novembre loin cette guerre qui ne voulait pas de toi, mais que tu fis tienne. Te voilà "mort pour la France"... deux jours avant la fin. Tu avais 38 ans. Poète Guillaume, ici bas encore tes mots restent gravés dans la Mémoire, hors du temps ils chantent et dansent au rythme de l'épigramme délicat, tendre et précis que tu as offert à demain.


En souven
ir de toi Guillaume Albert Vladimir Alexandre Apollinaire de Kostrowitzky,
Avec ma tendresse.


Br
igitte Dusch, psychanalyste historienne
Créd
it photo Brigitte Dusch. (
Stéle située à 200 mètres environ de la sortie de La Ville-aux-Bois-lès-Pontavert en direction de Pontavert, au bord de la route départementale 89)



Si je mourais là-bas.

Si je mourais là-bas sur le front de l'armée

Tu pleurerais un jour ô Lou ma bien-aimée
Et puis mon souvenir s'éteindrait comme meurt
Un obus éclatant sur le front de l'armée
Un bel obus semblable aux mimosas en fleur

Et puis ce souvenir éclaté dans l'espace
Couvrirait de mon sang le monde tout entier
La mer les monts les vals et l'étoile qui passe
Les soleils merveilleux mûrissant dans l'espace
Comme font les fruits d'or autour de Baratier

Souvenir oublié vivant dans toutes choses
Je rougirais le bout de tes jolis seins roses
Je rougirais ta bouche et tes cheveux sanglants
Tu ne vieillirais point toutes ces belles choses
Rajeuniraient toujours pour leurs destins galants

Le fatal giclement de mon sang sur le monde
Donnerait au soleil plus de vive clarté
Aux fleurs plus de couleur plus de vitesse à l'onde
Un amour inouï descendrait sur le monde
L'amant serait plus fort dans ton corps écarté

Lou si je meurs là-bas souvenir qu'on oublie
- Souviens-t'en quelquefois aux instants de folie
De jeunesse et d'amour et d'éclatante ardeur -
Mon sang c'est la fontaine ardente du bonheur
Et sois la plus heureuse étant la plus jolie

Ô mon unique amour et ma grande folie


30 janv. 1915, Nîmes.

Guillaume Apollinaire - Poèmes à Lou

1 commentaire:

Charles a dit…

Merci pour lui. :-)

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