Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

mardi 28 mars 2017

Puisqu'il faut écrire


 


Puisqu’il faut écrire ! mais y est-on obligé ? Doit-on mettre les mots, ses mots sur le papier ? Qu’elle est donc cette force ou cette folie qui nous y pousse ? Cette pulsion ? Ce malgré soi qui nous mène à cet accouchement d’un soi qu’il faut mettre hors de soi ? Nécessaire, vital, essentiel. Sous peine de mort. De la mort de soi. 

ll n’est pas possible, plus possible de se taire, de garder enfermer ses mots, ses cris parfois, de les maintenir en soi, pour soi. La gestation si longue soit-elle ne peut-être éternelle. ll faut que ça sorte. La gestation des mots et de l’histoire est à son terme. ll faut que ça sorte, que ça s’échappe, que ça claque, que ça explose ! que le corps expulse : expulsion au dehors ; vite ; avec violence quelque fois, un feu d’artifice de mots sans artifices.
Que ça parle et que ça cause. A soi ? A qui ? Peu importe je crois l’adresse pourvu que ça sorte, dire tout simplement lancer jeter et peu importe qui sera là ou pas. Pour attraper ou pas.
 
Mais se pose alors la question de ce qui, de ce quidam ! et de la responsabilité de ces mots jetés par la fenêtre, jetés en l’air, ces mots dont on ne sait plus quoi faire, qui nous encombrent, nous empêchent de respirer, de vivre, nous débordent, nous envahissent, nous dépassent.
Alors ils sont jetés en pâture et en pluie, partout et nulle part, au gré de celle ou celui qui passe, jetés à la figure de cet autre, qui peut-être ne demandait rien mais était là.  Les lui jeter à la figure n’est pas sans effet, n’est pas sans mal, n’est pas vain.
 
Sommes-nous alors responsables de ce qu’il va en faire ? De ce qu’il en fait ? De ce qu’il en fera ?
Ecrire alors est-il un simple acte égoiste dont on ne mesure pas toujours la portée, celle de l’autre, du fait de l’autre, de ce qu’en fait l’autre ? La portée ; celle supportée par cet autre qui se trouve là sans hasard, car ce dernier n’existe pas, mais qui passe par là, et reçoit en plein visage le poids et le choc de ces mots là ?

Les mots sont alors un pavé dans la mare ; un pavé qu
i éclabousse !


Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne.

lundi 20 mars 2017

Sa valise



ll y a sa valise.

Cette val
ise qu'elle porte, qui s'accroche, qu'elle accroche, qu'elle serre... Qui la colle... SA valise.

Sa valise est lourde, de plus en plus lourde. C'est que depuis toutes ces années elle ne cesse d'y entasser toutes ses misères, ses souffrances et ses malheurs. 

ll n'y a plus de place pour le bonheur !
 

Sa valise luis pèse de plus en plus. Elle a bien essayé de la poser ; mais elle ne peut la déposer, s'en délester pour avancer.

C'est fat
igant, usant, lassant. Elle n'en peut plus. Pourtant.

Le bagage est nécessa
ire pour poursuivre la route et aller sur le chemin. Elle ne sait où il mène mais ça n'a pas d'importance. Longtemps elle s'était dit que le monde avait un bout puisqu'on parlait du bout du monde. Alors elle avance.
Elle marche sur la route, tel Oed
ipe dans sa détresse, au plus loin de son désespoir et de sa culpabilité, elle ne se pose pas la question : un pas, un autre, il faut aller de l'avant. Au devant. De quoi ? D'elle même peut-être.

Au bout du monde. Ma
is de quel monde ? Vers sa fin, la fin du monde ? Vers ce bout mystérieux et promis.

Puis elle s'est demandé comment cela se pourrait puisque la terre est ronde. ll n'y a pas de bouts ni de bouts du monde. Pas de début, pas de fin. ll y a la mer celle qui sépare et coupe en deux les continents siamois à leur naissance ; Les voilà séparés, émasculés prêts à s'affronter. Les flots contenant les pulsions de ces frères ennemis sont libérées.
Eros et Thanatos décha
inés.

A quo
i bon cette valise ? A quo
i bon ce fardeau. Pourtant elle ne la lâche pas, pire elle s'y accroche,  l'ouvre de temps à autre pour y remiser un objet, un mot, un chagrin, un souvenir à emporter pour une autre vie là bas. Mais où ? Sa valise n'est qu'un prétexte, un faux semblant, un faire valoir, une armure, un bouclier qui la protège. Un rempart et une muraille, elle est soudain une forteresse, imprenable et invincible, enfermée et tenaillée par la souffrance. Celle là même contenue, maintenue dans cette valise, usée, qui n'en peut plus. Pourtant, ce bagage c'est elle. Elle ne peut être sans lui, c'est sa création sa créature, son avatar, son emblème et son phallus. Nous avons tous besoin, se rassure t-elle d'une valise d'un endroit à soi qu'on peut emporter pour ne pas être vraiment seul. Cet objet transitionnel est bien encombrant elle en convient mais ne peut se résoudre à l'abandonner, à le laisser au fond d'une consigne. L'oublier, jeter ou perdre la clé.

Est-ce auss
i simple ?

dimanche 5 mars 2017

Elle est ailleurs


Elle est assise là tout contre un arbre, au milieu d'un forêt, nulle part
Cet endro
it ici pourrait être un endroit ailleurs, peu importe. Elle regarde les feuilles, un coin de ciel et les quelques rayons de soleil. Peu importe. Elle est là, même si elle aimerait être ailleurs. ll y a toujours un ailleurs qu'on imagine meilleur. ll faut bien !
Cet ailleurs est un refuge, un espoir, une illusion, sans lui elle ne peut rien, ni vivre ni penser.
Pourtant elle n'est pas dupe ! elle ne l'a jama
is été
Pourtant elle ferme les yeux et vo
it une petite fille, dans un lointain pays, dans un lointain passé, il fait froid, le ciel est bleu et glacé.
Elle est a
illeurs, dans son ici, ce coin caché au fond de son âme qu'elle convoque quand le mal de vivre refait surface. 
Spleen ? Nostalgie ?
Peu
importent les mots, ils sont de trop, ils ne font pas partie de ce monde de son monde à elle, ils sont en trop.
Son monde est peuplé de s
ilence et d'émotions, de perceptions de ressentis et d'odeurs, de chaleur et de lueurs, fines, douces et tendres qui dansent devant ses yeux.
Elle n'
imagine rien puisque tout est là à fleur de peau ; à fleur d'âme, il n'y a qu'à prendre et se laisser bercer.
C'est ce qu
i reste de l'enfance, ce qui n'a pas été volé, cassé, brisé, c'est ce qu'elle a su préserver malgré tout, malgré la souffrance et le malheur ! Elle a su.
C'est ce qu
i lui permet de tenir, d'être debout, malgré tout.
Mal gré bon gré, c'est auss
i une question de choix ! renoncer, prendre le meilleur et laisser le pire, s'en délester ; L'oubli peut alors avoir du bon, mais oublie t-on. Oublier c'est un grand sac, un de ces fourre tout, où on jette pèle mêle ce qui nous encombre, ce dont on ne veut plus, pour l'instant, ce qui ne va plus, ne convient plus, est trop petit ou trop grand, trop usé ou trop vieux. On cache, on retire, hors vue, hors champ.

On cache certes tout ça ma
is que fait-on du sac ? C'est qu'il en prend de la place ! Un sac bien encombrant. Renoncer n'est pas non plus jeter ! Qu'il est difficile de jeter ! mais met-on vraiment ses souvenirs, bons ou mauvais au rebut . A la poubelle au destroyeur ! détruit-on, brule t-on pour ne plus avoir à voir ?
Sauf que ce "tout ça" là ne se consume pas tout à fa
it et laisse des traces ; cicatrices plus ou moins profondes qui s'ouvrent parfois et nous renvoient en pleine face tous ces objets balancés au fin fond de la déchetterie de notre mémoire !

Elle est là, ass
ise contre cet arbre et lui parle, ils parlent tous deux de l'enfance, là ; leur peut -être tant pis si l'arbre n'est pas le même, ils sont tous reliés par la même chaleur, et peuvent tout entendre. lls peuvent tous s'entendre et l'entendre. ll n'y a pas de temps il n'y a pas d'espace, ce monde là si singulier n'a pas de frontières, pas de check-point c'est l'univers !

Tout est là, présent, à portée de ma
in, un état de grâce où tout est possible, où tout est Tout. L'impossible n'est pas de ce langage, et d'ailleurs de langage
il n'est nul besoin.
 Elle est ass
ise là, adossée à cet arbre qui la protège et la libère de toutes ses peurs, elle est bien, elle ferme les yeux ; Elle est ailleurs.

Br
igitte Dusch,psychanalyste, historienne
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Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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