Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

mercredi 23 mars 2016

Trauma de guerre, trauma de vie

Ses yeux scrutent le manque
Cherchent l'absent.
ll y a comme un vide, un creux, un gouffre entre lui et les autres.

Qui ne comprennent ; ni ce regard, ni ce vide
Puisqu'il est de retour, puisqu'il est là, avec eux.

Vraiment ?
Avec ?

ll y a une part de lui restée là bas, un morceau, un bout de "Je"
Abandonnée, laissée, perdue,comme en otage, pour dire peut-être "je reviendrai' cette ombre de soi, cet objet qu'on laisse exprès pour ne pas être parti tout à fait, pour ne pas s'extraire complétement, car malgré tout, il y a cet attachement, qu'on ne comprend pas vraiment.
ll y a ce bout de "Je" qui ne peut pas rentrer,
Même si le Je tout entier a essayé.
Le je tout entier s'est éclaté, il a explosé, je je est en guerre, une partie est restée à la guerre et l'autre se bat même s'il n'y est pas.

Qu
i peut comprendre ?

Une sorte "d'autre lui", resté à la guerre... Se dit-il à lui même.
Là bas, sur le champ de bataille, avec ?
quelque chose de figé, une part de lui. La meilleure peut-être.
ll n'en sait rien, ce "Je" n'est pas rentré.
ll lui parle pourtant, essaie de le retrouver dans ses rêves, dans ses journées qui parfois sont un cauchemar, au bout d'une cigarette, au fond d'un verre.
En va
in... ou trop ?

Ce "Je" est là bas, privé de lui, comme ll est privé de lui.
Coupé, scindé, clivé, écartelé, écorché, il manque...  Ce manque, atroce, qui fait mal, qui ne dit pas, ne se dit pas, qui reste mais qui est là, présent dans l'absence.
Douleur !
Ce je ne rentre pas, ce je ne reviens pas.

L'incomplétude
Voila ce qu'il essaie de dire ou taire
Car ce serait être fou de dire qu'on n'est pas entier
Alors qu'il ne manque rien... En apparence
Pourtant !

Brigitte Dusch, historienne, psychanalyste ;"14-18, Des vies, des Hommes", "Trauma, trauma de guerre, trauma de vie"

jeudi 10 mars 2016

Bribes d'insomnies

Trois heures du matin, c'est l'heure
.......................................
L'heure du diable
Rendez-vous de la nuit
Qui n'en peut plus de finir
Et qui n'arrive pas à mourir
.......................................
Chaque nuit, à la même heure
ll est là et attend, impassible, tranquille
ll attend mais ne prend pas, laisse le silence et la peur, le vide et l'angoisse
Peut-être ?
...........................
Noir
La nuit est sombre et rassurante
Enveloppante, trois heures du matin, ou de la nuit
On ne sait pas... Pas encore
A quoi bon savoir ? Et pour quoi ?
.............
La nuit n'est pas finie... La nuit n'en finit pas de mourir

C'est l'heure du diable
Rendez-vous Malin sans préavis.

Brigitte Dusch, ln les nouvelles d'Arsel

samedi 5 mars 2016

La falsification


Le viol de Clio
 
Youri, un des plus fidèles lecteurs de de blog, me fait cette remarque fort pertinente à propos de l’article “Le mensonge “ :
“J'espère surtout,que vous parlerez de la place du mensonge en histoire,de son rôle et surtout,de sa raison d'être. Si je peux me permettre, je voulais aussi dire,que le mensonge est omniprésent en histoire où il est extrêmement puissant.”
Hélas oui, il est présent, puissant aussi ; mais est-ce seulement le mensonge ?

Un mensonge particulier certes mais aussi ; une imposture, une forfaiture, une trahison, une falsification. C’est ce dernier mot que je retiens : falsifier, faux. fausseté. “Altérer volontairement quelque chose pour tromper.”

Ainsi deux actions : celle d’altérer dans l’intention de... ( tromper, mentir ) et celle de tromper. L’intention, la volonté, le désir, la préméditation. Une action pensée et actée dans ce but délibéré et dénaturé. Dénaturer le ‘quelque chose” Et c’est ce ‘“quelque chose” cet objet, ce complément d’objet, qui sera falsifié, dénaturé, cet objet dont on aura au préalable enlevé un trop, ou rajouté à un manque pour en dire autre chose que le quelque chose qu’il était sensé transmettre. Falsification : de document, de signature, de notes, de monnaie, d’écritures, d’évènements, de dates... Une sorte de modification, transformation, un aménagement de la vérité, pire des faits qui se sont déroulés à un moment donné, des actions menées par des personnes, des hommes et des femmes.

Une ré écriture donc pour une nouvelle lecture qui sera montrée à voir à l’autre, qui lui sera destinée dans le but de le tromper, de l’induire en erreur, de lui mentir, de lui faire voir et comprendre autre chose que ce qui est... Autre ; pour l’autre !
Une manipulation, la perversion des mots et de la pensée comme je l’ai déjà souligné. Pervertir est bien le mot, en ce qui concerne l’histoire et le fait historique, manipuler les faits, les récits, en rendre compte de telle manière que sa lecture, son interprétation, sa compréhension en sera elle même autre. Autre que : la réalité d’alors. Sortir du contexte, oublier de mentionner, remettre au goût du jour, raconter d’une manière moins triviale, plus politiquement correcte. Ne pas vouloir être, avoir été : coupable, colon, colonisateur, assassin, traitre, esclavagiste, meurtrier, dénonciateur, usurpateur, collaborateur. Ce dont on n’est pas très fier. Puis une sorte de désinformation, des bribes tronquées, des témoignages trafiqués, mal traduits, pas vérifiés pas recoupés, mais balancés en pâtures pour nuire à l’image d’un chef d’état, de guerre, d’un roi, d’un ministre, d’un philosophe. Erreurs de transcriptions, mots illisibles oubliés, phrases tirées ça et là de leur corpus et assemblées pour leur faire dire ce qui n’a jamais été dit ou écrit mais qui colle à la vérité du moment ou valide la thèse soutenue, la thèse politiquement correcte...Mon maitre, celui qui m’a appris à lire l’histoire, à la comprendre, m’a enseigné qu’on récoltait d’ailleurs la matière, et qu’ensuite on écrivait ce qu’il y avait à dire, qu’on ne cherchait ni a juger ni à faire dire ce qui n’existait pas, mais qu’on aurait aimé... faire exister ! Etre historien c’est aussi être déçu, découragé de ne pas trouver la pièce qui manque et qui pourrait tout expliquer, valider ou invalider au contraire tout ce qui a été écrit jusqu’ici. S’en tenir aux faits, accepter le manque, et les silences, un peu comme en psychanalyse...
Réécrire l’histoire, décider de ce qui sera dans les manuels ou pas, étudié ou pas n’est pas anodin, faire des impasses sur des dates, des événements, des rois, des époques non plus. C’est un pouvoir extraordinaire de pouvoir décider de ça ! C’est se faire dieu, dieu d’un pays dont on aura trafiqué, masqué, gribouillé, biffé, raturé, dégagé ce qui n’a pas besoin d’être su, par l’écolier, le collégien et le lycéen, après tout, “l’histoire c’est comme le grec, le latin la philo c’est pour les intello, c’est pas avec ça que les jeunes auront un job !” C’est peut-être vrai, encore que... Ce qui est vrai c’est que toutes ces matières que nos gouvernants croient bon de transformer en peau de chagrin aident à penser, à réfléchir... Arme suprême, berceau d’éventuelles révolutions qu’il faut étouffer dans l’oeuf. ll ne faut voir qu’une seule tête, n’entendre qu’une seule voix et que la pensée,(si pensée il y a encore) soit unique ; étouffer, tuer la parole, la rendre une, totale. Cela porte un nom ! hélas un vilain nom ! et c’est encore sous couvert de mensonges qu’on déguise ce beau mot de démocratie en l’affublant du pire des oripeaux...

Simplifier, abrutir, mentir
... Sont les mamelles de cet état qui se veut providence et se targue d’aller à la rencontre de l’autre laissé comme un mal propre sur les trottoirs de la zone dans laquelle il l’a relégué. Ah culpabilité quand tu nous tiens ! Et quand on te tient on ne te lâche plus et pour que ça mousse on rajoute un zeste de perversion. lmmonde breuvage. L’histoire est travestie, maquillée et fardée comme une vieille catin maquerellée au plus offrant pour une cause perdue d’avance mais qui permet au passage de se remplir les poches, de s’offrir le pouvoir et la toute puissance pendant quelques années, ultime jouissance de détruire le passé pour déconstruire un futur déjà bien fragile !

ll n’y a pas un jour où je ne vois l’histoire martyrisée, maltraitée, battue, violée, étouffée, c’est un crime, un assassinat, un liberticide, un matricide ! Car, il ne faut pas choquer, il ne faut pas dire, il ne faut pas déplaire il ne faut plus parler d’origine, de Gaule, de Royaume de France, de Croisades, de Chrétienté, en revanche, il faut faire repentance (hélas pas pour ce qu’il faudrait, mais peut-être est-ce trop récent ou bien.... ) il faut se mettre à genoux pour le mal, les maux, les crimes, les abominations qui ne manquent dans aucune histoire d’aucun pays. Car l’histoire ne serait que guerre, crimes, massacres, peur, famines, épidémies, terreurs ! Notre monde repose sur le meurtre (symbolique ou non ) celui du Père de la Horde, celui des Atrides et des Pères fondateurs, car il faut bien se libérer du joug ! Mais quid des connaissances, des découvertes, des merveilles artistiques et monumentales que nous ont légués ces ancêtres incriminés ? Ce patrimoine qui fait notre fierté et augmente le PlB des nations... Et on se croit quitte en décrétant des jours de mémoire ! Vaine illusion, imposture et forfaiture encore Si nous n’avons pas à porter le poids des fautes, des erreurs de nos pères ou de ceux qui nous ont précédés, nul besoin alors de travestir la vérité aussi triviale soit-elle (à l’image de l’homme qui l’accomplit) il serait mille fois plus profitable d’en tirer leçon, mais cela suppose une reconnaissance, une volonté, un désir d’admettre que ce qui a été est, est ainsi ; qu’en faire des faux et des usages de faux, n’est que mensonge, trahison, et tromperie.

Se mentir à soi même n’aide pas à devenir meilleur, n’aide pas à être soi non plus. Affronter la vérité après tout n’est pas si terrible, au contraire, il rend tout homme plus libre.

Brigitte Dusch, historienne, psychanalyste
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Nota bene

Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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