Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

lundi 10 août 2015

L'étant malade

Etre malade est un état, être à la maladie car on ne peut être à la vie.
Ada est à la maladie pour être à la vie, ses symptômes en sont le signe. Ces maux, signes qu'elle montre à voir, qu'elle offre à la vue du corps médical qui ne voit rien, qui n'entend rien et qui ne sait que faire de ces/ses plaintes encombrantes
L'être étant malade, l'être étant.
Ada est malade, Ada offre un corps malade, un corps souffrant
Quand il n'y a que la maladie pour dire je suis !
"Il n'y a rien d'autre à dire puisque ce que je tente de dire vous ne l'entendez pas"
.................................................

C'est un discours sans parole, c'est alors un discours que se met en actes
En action
Actant l'étant, puisque l'être ne peut être au monde autrement
La parole devient inutile car inaudible
Une espèce de murmure, de ruisseau qui susurre "j'ai mal" "je voudrai bien vous dire" '"j'ai le mal à dire" "j'ai du mal à vous dire"
Alors je vous balance ma maladie, dite, puisque le dire, bien ou mal est impossible
Vous n'en voulez pas
Prenez mes symptômes, vous gens de la Science, prenez mes maux dans la gueule, puisque vous ne voulez pas de mes mots"
Prenez, cherchez, vous ne trouverez pas...

..............................
Touchez, palpez, radiographiez, scannez ce corps que vous ne voulez pas entendre.
Aucun médium, média, machine, technique, ne saura déchiffrer le mal d'Ada
Ada a mal, un mal lointain et profond, un mal qui vient de l'âme
Cette chose que ni la radio, le scan, l'IRM ne peut voir, objectiver
Cette chose que la Science met en doute, puisqu'elle ne la voit pas.
Alors le mal d'Ada
Est dans sa tête
Dans un coin de son "ciboulot malade"
.........................

Ada ne sait plus comment dire alors elle fait, elle se tord, vomit, évacue, frémit, tremble, tout ça lui remue les tripes
Mais "enfin les examens sont normaux...
Vous n'avez rien"
Qu'est ce que ce 'rien"
Ce petit mot qui scelle un destin, qui vous range dans les "Malades Imaginaires", les "Hystériques" les "Somatiseurs" les "Simulateurs"
Bref, les "Emmerdeurs"
Et Ada a raison d'emmerder la Science qui refuse d'explorer son mal, de prendre en compte sa douleur, son mal de l'âme...

L'Etant malade, car l'Etre ne peut pas, ne peut plus, car les mots dits ne sont pas disant. Alors que reste t-il à Ada et aux autres ?
A celles et ceux qui pour se plaindre doivent avoir mal au ventre, au dos, au cou, au coeur, car ils ne peuvent dire : "J'ai mal à l'âme, j'ai des bleus à l'âme, mon âme me fait mal"
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J'ai mal d'avoir mal et j'ai mal de ne pouvoir dire ce mal, ce mal de vivre, ce mal à vivre
Alors mon corps étant, à son corps défendant l'enveloppe de cette âme, alors mon corps se prêtera à ce jeu de dupes, ce marché où j'essaie de marchander un regard, une attention.
Capter un signe
L'étant jette l'ultime bouteille à la mer
Qui la saisira ?

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne.


mardi 4 août 2015

Confiance en soi ?

Encore ! Toujours ! Il le faut ! C'est impératif ! Ayez... Mais soyez ?
Et vite, fissa, en quelques séances...!
Ayez confiance en vous ! La confiance, c'est essentiel alors ayez ! retrouvez ! ne la laissez pas filer.. Gardez là, capturez la, congelez la, ficelez la, cadenassez la...
Ravissement...

"Je n'ai pas confiance en moi, tu n'as pas confiance en toi...!" on peut conjuguer à tous les temps tous les modes, toutes les modes.
Mais ayez confiance en vous ! Quand même !
Sinon...

"Consultez un psy, psy n'importe quoi, psy chose, psy machin, mais un psy... !!! "
"Bref, quelqu'un qui a défaut de donner des coups de pied aux fesses (?!) va vous booster un peu, vous remettre sur pieds, vous rendre cette foutue confiance qui vous manque, que vous n'avez pas (avoir encore, mais être ?) que vous n'avez plus... "
Que vous n'aurez de toutes façons, soyons honnête jamais définitivement.
Le définitif n'existe pas, notre monde est impermanent, nous sommes impermanents,
Impermanence quand tu nous tiens !

Pourtant, il faudrait que ça dure, que ça ne manque pas, car on manque de confiance en soi, c'est un peu le mal du siècle... Comme le mal de dos, le mal de ci et de ça, le mal quoi ...

Les magazines de psychologie, féminins, de santé titrent : "comment retrouver la confiance qui est en vous". Elle est là, donc bien là, mais vous ne la voyez pas, vous êtes aveugles ou quoi ?
Cherchez bien, regardez au bon endroit, attention, allez ! on y va, ah non, ici c'est froid, cherchez encore, là ça commence à se réchauffer... " un jeu ? Mais est-ce bien un jeu ?
Un enjeu ?
Alors on brode, on ficelle, on tend des liens, on tisse des théories, on bricole et échafaude des plans pour vous aider, une fois que vous aurez fait le test "ais-je confiance en moi"? que vous serez allé à la page 42 du magazine vérifier le nombre de a, b, c, ou d que vous aurez collectés et qui vous dira ce que vous êtes ou n'êtes pas. Et comme l'enfer est pavé de bonnes intentions, ce même magazine vous donnera des pistes pour booster la misérable image que vous avez de vous.

Image, représentation, imaginons l'image, la moche, celle qu'il faut "killer" pour reprendre le terme du dit et non docte  magazine et la nouvelle, la fashion, celle qui va faire de vous une killeuse ou un killeur, car ne soyons pas sexiste, même les hommes peuvent être des "loosers" sic.
Vous n'allez pas vous reconnaitre !
Vous n'en reviendrez pas... Mais de où êtes vous donc parti ? Pour revenir ou pas.

Ainsi s'en suit un inventaire à la Prévert, ou une liste façon Perec et son mode d'emploi.
Tout y passe, la TCC regorge d'imagination, méthode Coué, glace, EFT et autres coups d'oeil furtifs guidés par le crayon du pseudo thérapeute qui va biffer l'image mauvaise ! Un coup de baguette, hélas pas magique car ce n'est pas aussi simple

"Allez regardez bien l'image, fixez là, regardez encore et faites une croix dessus ! c'est fini, c'est votre ancienne vie, jetez la à la poubelle, oubliez et revivez ! Jetez moi tout ça aux ordures... "

Facile, aisé ?

"Quoi ? Comment ? Vous n'y arrivez pas ? Mais c'est donc que ça vous plait bien de n'être pas bien? Ce mal de vivre là, vous ne croyez pas que vous exagérez un peu ? "...
"Non mais regardez autour de vous ; Il y a plus malheureux "
"Vous, vous avez tout pour aller bien, être heureux et vous osez vous plaindre ? Non mais vous n'avez pas honte ?"

Honte de quoi ? De ne pas aller, ne pas être bien, de ressentir ce "je ne sais quoi" cette boule, cette barre, ce machin au fond de la gorge, dans le ventre, qui bloque, qui empêche et qui malgré les prozac,  xanax, seriplex et autre molécules  n'arrive pas à disparaitre.
Poudre magique, de Perlimpinpin,  pilules du bonheur, de toutes les couleurs.

Mais vous souffrez ? Ah !
Mais vous souffrez de quoi donc ?
...............................................

De l'angoisse ? Non... sérieux ? De l'angoisse ? Du stress, de l'anxiété ? Mais de l'angoisse, c'est pour les fous ça... !
Crise d'angoisse ? Ah bon ? Mais c'est quoi au juste ?
Oui, tous les bilans ont été faits :" nickel" a dit le médecin, "un coeur de jeune homme, tout va bien"
Mais si ce tout va bien fait que tout n'est pas bien ?

Etre et avoir encore, ça tourne en boucle ce truc là être pour avoir ou avoir pour être, mais avoir quoi pour être quoi ou être qui ?
"Qui je suis ? Ah bonne question ? Je n'en sais rien moi qui je suis... "
Moi, je pourtant ...  !
"Mais qui je suis ? Non, vraiment jamais je ne me suis posé la question "
Pourtant ?

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne.
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Nota bene

Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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