Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

jeudi 7 mai 2015

"Ne pas pleurer"

- "Je ne veux pas pleurer, je ne dois pas pleurer... Verser des larmes, pleurer sur moi en fin de compte".... Murmure une analysante, tout en retenant ses larmes...
Qui viennent pourtant, mais qu'elle retient tant bien que mal au seuil du langage, au seuil de l'ouvert
Qu'elle tient et retient, fermé.
Pleurer, sur qui ? Sur soi.. ?
Pleurer dit-elle en fin de compte... En fin de conte en fin du compte, si toute fois on veut régler ses comptes.
En solde de tout conte ?

Mais faut-il aller alors au devant de l'histoire. Celle qui fait que les larmes arrivent, au seuil ?
Au bord.
Au bord des larmes.
Pleurer, laisser venir, laisser aller, laisser faire et lâcher prise.
Mais quelle prise ?
Qui est pris qui croyait prendre, pour se déprendre de ce chagrin, de cette peine, de cette colère, que les larmes disent, expriment en sortant au dehors
Au dehors du corps, au devant de l'autre.
Larmes, alarmer
Ces larmes qui parlent peut-être plus que des mots, ces larmes qu'on lâche ou pas. Ces larmes qu'on ravale, salées et qui ont le goût de l'amer, de l'amertume, de la mère, du manque, de ce manque qui colle, collage, qui colle à la peau, à la peau de l'âme.
Larmes de sel, larmes de miel, larmes qu'on lâche pourtant afin de se sentir plus léger, moins lourd.

Mais ne pas pleurer.. Il ne faut pas pleurer. Sèche tes larmes et sois fort. Injonction terrible que celle là ! Mais qui s'incruste et qui se fige, un homme ne pleure pas, pourquoi ? Pourquoi ne le pourrait-il pas ? Pourquoi ne le ferait-il pas ?.

"Tu ne pleureras pas".

"Il ne faut pas que je pleure, sur moi, sur ce passé qui n'avance pas, qui me bouffe qui me ronge et que j'avale jusqu'à la nausée, ce passé qui me hante, dont je rêve et qui me bloque dans mes rêves dans mon présent mon futur.. Il ne faut pas que je pleure et pourtant !"
Combien de mots et de maux qui sont ravalés, relégués au fond de l'âme, bloqués pour ne pas choquer, s'entrechoquer, s'entremêler... ?
Combien ?

"Je dois être faible, lâche, en tous cas pas quelqu'un de fort... " regrette ce jeune homme.
"Je suis un être sans courage..."
Etre fort, faire face, avoir du courage ? qu'est ce que ça veut dire, vraiment. Faire face à qui, à quoi ? Comment ?
"Qui pourrait m'aimer, vouloir de moi en sachant qu'il m'arrive de pleurer parfois, en sachant que les larmes.......... -silence-... je ne peux les retenir, alors je les ravale, c'est salé, ça pique, ça brûle et ça ne passe pas, ça reste coincé là au fond de la gorge, comme la peur, les larmes ont le goût de la peur, oui, c'est ça, je crois............................................. "
..........................................................
Le goût des larmes, amer et salé, le goût des larmes ?

Ne pas pleurer, ne pas se laisser aller, ne pas laisser aller ?
Parce que ça ne se fait pas, car un homme ne pleure pas ? Quand on est fort on ne pleure pas ?
Qui a dit ça ?
Pourquoi ?
De quelle vérité s'agit-il ?
Est-ce une vérité ?
Peut-être alors en faut-il du courage, en avoir de ce courage là pour laisser venir et advenir ces larmes, les libérer et se libérer de ce poids qui n'en finit pas, de s'en délester.
Lâcher ce qui fait mal, hors de soi...
C'est peut-être là que se loge le vrai courage, celui de ne plus avoir peur d'être soi..
D'essayer de devenir soi
Je pleure et je suis.

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne.

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Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
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Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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