Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

mercredi 21 mai 2014

Le mal de la banalité

La banalité...
De ce qui est banal on ne parle pas, justement parce que la banalité ne vaut pas qu'on prenne cette peine là.
C'est : Ainsi, comme ça.
Alors pourquoi prendre la peine :
De remarquer, d'en parler, de souligner ?
La banalité, le quotidien, ce qui se fait, ce qui se dit sans prendre garde, sans marquer un temps d'arrêt pour le penser, penser pour simplement faire des liens ?
Le banal n'interpelle ni ne questionne !
Le banal est sans intérêt
Et pourtant !

La banalité du mal, le mal de la banalité.
Tellement banal qu'il est comme le parcours : banalisé, comme d'habitude, sans rien d'exceptionnel, sans rien qui ne suscite l'attention ou/et le regard. "Normal" !
Pire que la transparence peut-être, en tous cas tout aussi toxique, plus peut-être car si la transparence fait mal, la banalité est le mal.
Hannah Arendt soulignait l'importance de cet ordinaire qui faisait que le mal soit banal, à la portée de tous, sans prédisposition particulière. Le mal est la portée de n'importe qui, n'importe quand...
Alors pourquoi parler du mal de la banalité, puisque le mal est lui même banal ?

Peut-être parce que tout nous montre cette banalisation, cette trivialisation d'un quotidien qui ne devrait, ne doit pas être ordinaire.
Des actes posés, des agressions, des violences, des mots de trop et en trop, des mots qui font mal, qui blessent et qui tuent.
Des mots qui assassinent sourdement, insidieusement, qui sont dits, donnés, balancés comme autant de balles perdues dans un champ de mines, mine de rien, car l'auteur de ces/ses mots ne se rend pas compte de leur portée, il ne cible même pas, tireur aveugle mais toujours embusqué dans l'angle mort.
C'est pour cela qu'il ne rate pas son coup, et il ne tire pas à blanc.

La perversion se loge peut-être là, dans cet angle là qui s'il est mort, ne l'est pas tant que ça, mais en tous cas ne se voit pas, car il est banal. Lui aussi.
Il a toujours été là, tellement là qu'on ne le voit pas.
Qu'on ne le voit plus, qu'on ne le devine pas, qu'on ne l'imagine pas.
On se dit qu'après tout ça, après ces devoirs de mémoires, aprés ces cours d'histoires, ces livres,témoignages, romans,essais,articles, émissions, films ..
Après tout ça, plus jamais ça ! Et pourtant ce "ça", cet immonde "ça" ce "ça" immonde est là, toujours là et ne rode même plus, mais s'affiche partout, sur les réseaux sociaux (vaste terrain de chasse, espace libre et lubrique où la perversion et la perversité peuvent donner libre cours à toute leur expression ) sur les affiches, tags, propos, lapsus, dessins etc...
Ils sont partout ! Mais qui sont-ils ?...
Qui se cachent la plupart du temps derrière le masque du mal, qui s'offre et offre cette mascarade ? La mal, monstre qui rode et qui s'infiltre au quotidien, lentement, on ne le voit pas venir, on ne l'entend pas, on ne le sent pas prendre possession du corps, du corps social pour tordre et délier le lien social.
Le Mal est au coeur de l'homme, ce n'est hélas pas nouveau, la banalité du mal non plus, le monstre sommeille et ne demande qu'à se réveiller.

Mais ce mal de la banalité ? Ce conditionnement, habitude, cette indifférence qui fait toute la différence. Ce mal de la banalité qui pour être combattu demande au lien social d'être liberticide ? Pour protéger, protéger du mal, de la banalité de ce mal devenu banal ?
Comment faire pour que ce ne soit plus une évidence ? "En usage"... ? Comment être vigilant devant ces banalités, lieux communs et dits. Mots dits et de travers ? Pour traverser l'interdit qui se transgresse si aisément que le sujet ne réalise qu'à peine qu'il a franchi la ligne jaune, terrible frontière qui l'emporte vers... ? Vers ?
C'est peut-être cette facilité là encore une fois qui interpelle et que nous nous devons de convoquer.
Banalité du mal qui engendre et génère le mal de la banalité ?

Brigitte Dusch, Historienne, psychanalyste.
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Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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