Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

mardi 25 novembre 2014

LE victime

Le : Article défini masculin
Victime : nom commun féminin singulier.
Le n'est pas l'article qui convient, puisqu'il introduit un nom masculin. On doit donc dire LA victime pour être grammaticalement correct. Pourquoi cette féminisation ?
Le français est une langue binaire, dichotomique, le nom est soit masculin, soit féminin, il n'y a pas de neutre, ni rosa, dominus, templum, ni de der die das. Il y a le ou la, un ou une.
Alors la table est féminine, la cuisine, la merde aussi, le tabouret, le sexe, le sujet... Sont masculins
Puis ce l'... l'article.. article contracté. Contracté de quoi ? De qui ?
Ainsi on dit une victime. Sauf qu'il y a aussi un victime

Et c'est de ce UN, ce LE dont-il est question ici.

Les violences conjugales parlent de femmes battues, mais les hommes le sont aussi, sauf qu'on en parle moins ou pas. Un homme n'est pas battu, dans l'imaginaire collectif, il bat, il frappe, il est méchant, cruel. Il bat sa femme, bien sûr, mais aussi ses enfants, le droit de l'Ancien Régime l'y encourageait si le châtiment était mérité. Seul le Pater Familias était en capacité de l'apprécier.
Aujourd'hui... Le droit a évolué, dans les textes, mais pas forcément dans les mentalités.
Mais l'homme victime de maltraitance, manipulation, violence, viol, agression par une agresseuse... Existe, nous l'avons tous rencontré, au moins une fois.
Difficile pour un homme de se rendre au commissariat, aux Urgences d'un hôpital pour déposer une plainte, faire constater les bleus, les coups, les blessures que sa compagne lui a porté.
Des hommes victimes ! Le victime.
Combien d'hommes se font agresser ? Combien d'hommes sont victimes d'accusations perverses ? De mensonges qui les trainent dans la boue et en prison ?
Ainsi X dont l'enfant de trois ans déclare que son papa a des gestes déplacés... Du moins c'est sa mère qui le dit, le soutient, l'accuse. L'enfant lui ne sait rien, ne comprend pas... Mais il dit que maman a dit que. Car maman n'aime pas quand son papa vient le chercher... Alors .
Combien de dépositions,  d'accusations en ce sens ? Pas vraies, fausses, mensongères, qui mettent KO le victime, qui jamais n'a eu un geste... déplacé. Qui ne comprend pas. Qui est anéanti.
Combien ?
On n'en parle pas, ou peu, c'est grotesque, ridicule, c'est une atteinte à la virilité, un mec ne pleure pas, c'est fort, ça donne des coups, ça fait la guerre. Sauf que les femmes aussi font la guerre maintenant, elles peuvent aussi s'avérer violentes, tueuses, agressives et donner des coups. La pulsion est féminine ? La.
Mais nous sommes plongés dans un monde de stéréotypes où l'enfant est mieux avec sa mère, un père ne sait pas puisqu'il n'a pas l'instinct maternel... Instinct qui n'existe pas davantage chez la femme. Madame Badinter l'ayant brillamment démontré.
Mais c'est ainsi.
Il n'est nullement question de discuter ici de la théorie des genres, masculin/féminin, l'un n'est pas l'autre, et l'autre n'est pas l'un . En revanche, l'un et l'autre sont essentiels. Encore une question de grammaire. Et conjonction de coordination. De liaison.
Les violences faites aux femmes, il y en a. Hélas, trop ! De toutes les manières, de toutes les façons, de la différence de salaire aux coups reçus, des regards aux violences sexuelles, du dénigrement aux mots insultants et humiliants aux blagues de mauvais goût...La liste n'est pas exhaustive
Mais les hommes ne sont pas en reste, non plus, hélas, car la violence est le propre du Sujet Humain, de l'Homme mâle et femelle, la violence est le propre de l'Humanité qui n'est jamais sortie de l'inhumanité et le prouve à chaque instant.
Mots et maux, coups et paroles, tout est bon pour faire mal et ce qui ne te détruit pas te rend plus fort à ce qu'il parait, à moins que ça ne te fasse mourir. Que ça ne te tue.
LE victime. LA victime. Des coups et de la connerie de l'autre, son semblable mais pas son même. Mais de quel même s'agit-il ? Que ferions nous de la mêmeté ?
Intéressante question. Voir son reflet dans la glace ou dans l'autre est-il rassurant ? Y voir ses défauts est-il angoissant ?
Homme, femme, enfant. Violence ?
Faut-il cliver ? Y a t-il des violences pires que d'autres ? Le Mal a t-il un genre ? Le Mal a t-il un sexe ? Le Mal se décline t-il au masculin ? Au féminin ? Au pluriel ? Au singulier ?
Dans tous les cas, quelles que soient les réponses, nous ne pouvons devant le Mal rester Neutres.

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne

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