Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

mardi 30 juillet 2013

Mère aimante ?

La légende bien tenace veut qu'une mère aime son enfant, et réciproquement !
Cela tient du mythe, de la légende, du fantasme mais aussi de la morale, de l'ordre du lien social. Comment pourrait-il en être autrement, car soutient-on parfois même les animaux aiment leurs petits, ce qui est oublier que parfois ils les dévorent ou les mettent à mort.
Chasser l'animalité de l'homme, cet archaïsme, cette bestialité qui est en chacun de nous et qui remonte très vite à la surface, sans grand effort, car elle est là, tapie au fond de chaque sujet qui se dit, se déclare, se veut, se revendique humain
Pulsions inavouables... Inavouées.
Mais qu'en est-il alors de ces mères, de ces pères aussi, mais cela semble moins grave après tout, car on n'est jamais vraiment sûr que le père soit le père ! qu'en est-il de ces parents là, qui n'aiment pas, pire qui rejettent, abandonnent leur progéniture ?
Et la mère : Elle, celle qui ne peut-être que la mère ! mère, maternante, aimante, qui se sacrifie pour son enfant, qu'on sacrifie pour lui, sacrifée sur l'autel de la morale et de la bienséance ?
Une mère se Doit d'être une mère, c'est à dire aimante...
Aimante comment ? Suffisamment aimante ? Ni trop, ni pas assez, car c'est de ça aussi qu'il s'agit, la mère doit savoir trouver cette juste mesure qui la fera parfaite
"On" n'en n'attend pas autrement d'elle.
La perfection, elle doit savoir exactement comment, quand son enfant a besoin d'elle, donner ce qu'il faut quand il faut, juste ce qu'il faut, être là, mais pas trop, juste quand il faut !
Quel travail que celui d'être mère.
Hélas, rien ni personne ne la prépare à devenir et être cette mère parfaite. Pourtant ce ON sociétal, lui lance cette terrible injonction "Une bonne mère tu seras !"
Injonction qui hélas encore ne la rendra ni bonne ni mauvaise, mais simplement folle !
C'est en général l'objectif des injonctions, rendre l'autre fou...
Alors quid de ces mères qui abandonnent, ne veulent pas, laissent leurs enfants ? Je ne parlerai pas de ces abandons réels, mais de ceux qui pire encore laissent l'enfant dans le manque, dans le vide, dans le gouffre de la solitude et du non amour !
Car si l'enfant pour la mère n'est pas aimable, pour qui le sera t-il ?
Et pourquoi celle là même qui le met au monde ne l'aime pas ?
Souvent de ce non amour là, ON ne parle pas, car il n'est pas pensable, donc ne peut être pensé. Ma mère ne m'a pas aimé, dit on parfois, combien de fois l'ais je entendu ?
Mais n'a pas aimé comment ? Sait-on au moins comment on voudrait être aimé, par la mère ? Par sa mère ?
Quelle est la qualité de cet amour là, pour qu'il soit suffisamment bon, suffisamment tenable pour soutenir le sujet et le porter au dehors, pour qu'il puisse s'aimer suffisamment afin d'advenir au lien social ?
La mère qui n'aime pas ses enfants n'est pas comprise n'est pas même l'objet d'une interrogation mais seulement celui de la désapprobation, de la condamnation, c'est une mère dénaturée ! Hors nature. Donc ? Pas une mère ? Mais quoi ? Un monstre alors ?
Toutes les femmes devraient donc être des mères, et des mères aimantes ? Car telle est la vocation, le destin de toute femme. Avoir, mettre au monde, faire des enfants et les aimer, indispensable condition et résultat, cause des femmes !
Cause, à cause de cet amour, de ce trop d'amour, de ce trop peu d'amour, de cet amour qui ne peut émerger, qui ne peut devenir, être et advenir la voilà condamnée ! La voilà monstrueuse et inhumaine, placée en marge d'une Humanité qui se veut alors inhumaine.
Un vaste débat pour une impossible question !

dimanche 14 juillet 2013

La valise de ma grand mère

Elle nous faisait bien rire la valise de ma grand mère !
Elle nous faisait bien rire quand elle disait à qui voulait l'entendre, mais à voix basse, qu'elle avait près d'elle une valise toujours prête "au cas où"
Au cas où il faudrait partir, encore, partir !
Pour aller où ?
Là n'était pas la question, mais partir pour aller ailleurs...
Ailleurs où l'air serait plus respirable
Au moins pour un moment !

Dans l'article précédent, j'évoquais cette pièce de théâtre nauséabonde, cette stupidité ordinaire, cette banalité stupide d'un quotidien trivial où nul ne fait plus guère attention à l'autre. Ignorant aussi qu'il est pour cet autre un autre/
On est toujours l'autre de l'autre, l'autre de quelqu'un...
C'est peut-être ça qui fait peur, terrifie, ne pas se reconnaitre dans un autre, un autre tellement différent, étrange et étranger dans lequel on ne se voit pas, ou qui renvoie une image qui ne résonne pas, qui ne peut-être raisonnée.
C'est peut-être dans cette faille là que se loge la valise de ma grand-mère ?

L'autre ; bouc émissaire pour renforcer la cohésion d'un groupe par ailleurs bien mal en point, incohérent ou presque mais qui se retrouve dans une langue commune autour d'un ennemi commun.
Ennemi commun, qu'il faut désigner comme l'autre étrange et étranger qu'il convient d'abattre, pour rester entre soi, ensemble, dés fois que....
La langue, langage, parler, même, mêmeté, indifférenciation, chaos....
Peur ? Cet autre qui fait peur ?
Qui renvoie de soi, la part de soi dont on ne veut pas, celle qu'on voudrait peut-être cacher, mais qui est là ?
Qu'est ce que tu n'aimes pas alors toi, l'autre qui n'aime pas ce bouc que tu as désigné, que n'aimes tu pas chez cet autre là ?
Le sais tu ?

L'autre ? Celui qu'on désigne, qu'on nomme ou qu'on montre du doigt, celui là même qui comme le père de Freud ramassa sans mot dire son chapeau qu'un passant haineux avait jeté à terre !
Tout comme ma mère qui avançait à petit pas, se faisant toute petite, pour qu'on ne la remarque pas, elle l'étrange étrangère...!
Tout comme l'accent de mon père, cet accent singulier que nous ne comprenions pas parfois, gamin à qui des bien pensants, ces mêmes qui pensent et affirment savoir qui doit vivre ou mourir ont confisqué l'enfance et l'adolescence !

C'est peut-être ça aussi la valise de ma grand-mère ?
Elle qui nous racontait ses départs, qui regardait si la cave ... '"Au cas où "'
Une valise toujours prête !
Elle la nomade qui était de partout et de nulle part, enfant de la Terre, se disant que si les hommes pouvaient être raisonnables ! 

Cette valise là revient à ma mémoire, car cette infamie qui soit disant pour faire rire et rire convoque la haine et la bêtise. Usant de l'art pour montrer à voir la haine de l'autre, mais pas de n'importe quel autre, cet autre désigné d'office depuis tant de siècle, cet autre qu'il faut anéantir
Une haine perverse qui sous des allures bon enfant distille son venin ! Le théâtre est fait pour être dit, joué, mais joue t-on la haine ? C'est bien là la question, la véritable question !
Le théâtre, la pièce, le drame ne prend vie que grâce aux acteurs et au public
Ils étaient tous deux au rendez-vous !
Hélas !
Le monde ne changera donc jamais .
Brigitte Dusch, historienne, psychanalyste
A nous...


jeudi 4 juillet 2013

L'Etoile

Etoile !
Quoi de plus beau qu'une étoile, L'étoile qui brille au firmament, étoile de lumière, étoile du berger, naitre sous une bonne étoile, étoile de David...

Mon étoile, notre étoile.

Etoile Jaune...
Et puis l'étoile jaune
Celle qui désigne, des hommes parmi les hommes.
Que des hommes qui se disent des hommes excluent de leur monde d'hommes ?

Reconnaissable parmi toute, étoile de la honte disaient-ils ?
Mais de quelle honte ? Et de la honte de qui ?
L'étoile qui désigne ceux dont on ne veut pas, dont on ne veut plus, dont on n'a jamais vraiment voulu.
dont ILS ne veulent pas.
Etoile, étrange insigne qu'il faut épingler, coudre au revers de sa veste, de sa chemise, de sa robe, du plus intime de son vêtement.
Tissus jaune qu'il faut acheter avec ses tickets de rationnement...
Etoile pour tatouer un peuple ...
Avant de graver leur chair..
Pour commettre l'impensable et l'impensé
Pourtant....

On pourrait se demander comment ! Comment cette société soit disant aussi civilisée aussi instruite, cultivée à pu en arriver là
Comment l'Homme sorti de la Horde, comment après avoir soit disant parcouru un si long chemin a pu faire ça ?
Je n'en dirai rien, rien de vraiment original, Freud l'a expliqué, démontré. Le mal est au coeur de l'homme prévient-il, le crime rode, l'ombre de la Horde n'est pas loin, la culture n'est qu'un vernis qui ne demande qu'à craquer pour liberer les pulsions les plus sombres, les plus sordides que la civilisation tente tant bien que mal de réprimer.
Il suffit de lire la longue réponse qu'il adresse à Einstein pour comprendre. Hélas !

Et puis Hannah Arendt avec son impardonnable et implacable théorie de la banalité du mal arrivée sûrement trop tôt, effractant ainsi les esprits avec une violence qu'elle n'a pas voulue. Elle qui s'est justement détachée des passions pour livrer une explication rationnelle et raisonnée de ces crimes contre l'Humanité.
Car il faut être sorti du monde des Humains pour poser de tels actes, nul ne peut en être autrement.
Pourtant cette banalité du mal, ce crime commis par l'homme ordinaire me semble tellement d'actualité, encore. Hélas.
Pas un seul jour sans que l'ombre de l'Etoile ne se profile
Cette étoile pour mettre de côtés ceux qu'ils ont désignés;
Désigner les indésirés, les indésirables dont disent-ils, hurlent-ils il faut se débarrasser !
Les voilà ces gens, ce peuple tout entier désigné par ces autres, qui au nom de leur  vérité, seule et unique qui s'impose à tous devient loi pour  condamner et  dire qui a le droit de vivre et qui doit mourir, choisir qui doit vivre ou non !
Quel choix de société !
Ce groupe là, qui autorise le crime, le légitime et l'organise, à l'échelle industrielle.
Ce même groupe qui édicte des normes, raciales, ethniques. Qui est digne d'être ou ne pas être.


Aujourd'hui encore le crime, ce crime rode, ces mots de haine ne se chuchotent même plus, et ne suscitent ni indignation, aucune réaction
C'est en ce sens où cela devient banal, ordinaire.
Presque dans l'ordre des choses.

Juste ces quelques mots pour rappeler la banalité du mal, la banalité des mots qui font sens, qui font mal et le mal
Juste pour rappeler que le mois dernier à La Rochelle, petite ville de province on a mis en scène dans une université, des juifs, sans étoile, mais en avaient-ils besoin ? Le metteur en scène et les scénaristes y avaient déployés tous les stéréotypes des siècles précédents ! La caricature qui amuse soit disant !
Une comédie à la tristesse d'une mascarade et d'une mauvaise farce.

Le théâtre en sort-il grandi ?

Juste pour dire que des gens de théâtre du moins se disent-ils ainsi ont désigné un groupe pour faire  rire et divertir ! Qu'ils relisent Boileau et son Art de plaire, si toutefois ils l'ont lu un jour !

Désigner l'autre, encore une fois, et pas n'importe lequel, car cet autre là est bien le "bouc émissaire" d'un monde malade de la haine, de sa haine, d'un monde qui se gangrène et se délite !
Instrumentaliser l'art, le théâtre et la parole redevient une arme à la mode, un slogan publicitaire pour servir une idéologie violente et perverse !
Une déclaration de guerre !
Un déni et une projection qualifiant la victime de paranoäique, bien sûr quel autre moyen de défense les criminel avancent-ils ?
La pièce de la honte ! Applaudie par des gens qui au final ne savent peut-être même pas ce qu'ils cautionnent ; car la bêtise est comme la haine, elle n'a ni frontières ni limites.

La ville n'en sort pas grandi !

Et puis juste aussi pour rappeler que le mois dernier dans une autre petite ville de province à quelques kilomètres de là, lors d'une conversation banale dans une file de cinéma, quelqu'un m'a dit "il s'appelait ... Mais même sans ce nom on savait d'où il venait... Rien qu'a le regarder !"*

Juste pour rappeler ça, banalité du mal, banalité des mots qui font mal
Tellement banal, que celui qui les prononce, les mets en scène ne réalise pas ce qu'il dit, la portée de ce dire et des actes posés.. Banalité du Mal
Le mal est devenu ordinaire... Et c'est de cette banalité, de cet ordinaire là qu'il faut s'inquiéter.... !

Je dédie cet article tout spécialement à mes amis, Emile, Elisabeth, Rachel, qui sont à mes côtés pour dénoncer cette infamie
Une pensée pour Michel Goldberg qui a tout mon soutien.

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