Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

vendredi 29 juin 2012

La mort de l'enfant

La mort d'un enfant
Impensable, impossible, inimaginable, inenvisageable...
Et pourtant !
L'actualité nous prouve le contraire, souvent, trop souvent, et récemment encore !
Comment imaginer la douleur, car il n'y a pas d'autre mot que celui là, la douleur des parents devant la perte d'un enfant ?
Perte. Perte insurmontable car perte pour toujours, perte éternelle, et souffrance qui l'est tout autant.
On ne se remet pas, on ne guérit jamais de la mort d'un enfant, on survit tout au plus, tout au moins. On reste à jamais dans le manque, ce manque qui non seulement s'inscrit dans le quotidien mais qui hante le futur, car là, le temps n'arrange rien, le temps n'apaise pas, loin de là.
Il creuse encore un peu plus le sillon, la peine.
Chaque jour, chaque minute, chaque année qui passent, passent dans le manque, dans le manque de l'enfant parti à tout jamais. S'il était là, s'il avait été là...
La vie ne se poursuit qu'à travers cette condition. Ce si. Ce conditionnel, ce futur qui ne peut être qu'antérieur.
Mort de son enfant, mort de l'enfant...Voir un enfant mourir n'est jamais dans l'ordre des choses à ce qu'il parait. Comme s'il y avait un ordre des choses, de la vie, de la mort. L'enfant survit à ses parents, qui survivent ainsi à travers lui, qui vivent au delà, éternellement, encore et encore...
Filiation et génération.
La mort d'un enfant n'est pas seulement un drame, une tragédie pour celui, pour ceux qui restent, condamnés à vivre à perpétuité avec cette mort là, cette ombre là, cet enfant qui n'est plus, qui devait pourtant être et leur survivre.
Vivre devient une torture épouvantable, une blessure béante qui ne se referme pas, une plaie ouverte toujours !
Survivre ? Vivre avec sans. Mais comment faire ? Car il faut faire, malgré, malgré tout, malgré sans.
Alors il faut faire avec ce sans, pour les autres, qui sont là, encore là ! Encore là et rappellent un peu plus celui qui manque, qui n'est pas et ne sera plus jamais au rendez vous !
Imaginer la peine, la souffrance, le chagrin, la douleur, la déchirure n'est pas possible quand on ne l'a pas vécu. N'est pas pensable.

Il faut avancer tant bien que mal, ou plus mal que bien sur ce chemin de peine, de désespoir, faire taire ses larmes, faire semblant souvent ! Le plus souvent !
Il faut aller, aller dans le temps, qui n'a plus vraiment de sens...Un temps au rythme singulier, qui n'a du sens que par l'absence de la présence, celle de l'enfant pris, ravi pour toujours, parti au delà du temps, comme dans une autre dimension. Celle d'un autre temps, celui du passé transcendant sans cesse le présent pour construire le futur, un futur sans. Un temps qui s'égrène tant bien que mal dans la misère de l'âme, à l'ombre d'un visage, d'un rire, d'un mot.
Un temps qu'on aurait voulu retenir, contenir dans l'instant, le moment...
Un temps hors du temps, une sorte de parenthèse folle retenant prisonnier pour ne pas oublier ! Maintenir en retrait d'un monde indécent poursuivant sa course au mépris du chagrin de celui qui reste pour errer aveuglément parmi les ténèbres.

Le temps sombre, obscur, nébuleux qui s'écoule, immuable, et la vie ! Là présente, constante et insultante qui se poursuit sans lui, comme si cette présence de l'absence ne changeait rien...Pourtant !
Un ricanement absurde, un déchirement atroce qui ouvre encore un peu plus la terrible blessure.

Il y a comme ça des cicatrices qui ne se ferment pas, des blessures qui ne se réparent pas, jamais, il y a comme ça au fond du regard une sorte de lueur éteinte pour toujours. Une sorte de mauvais rêve dont on ne se réveille jamais.

Longtemps Elle a gardé prés d'elle, contre Elle, ce tee shirt tâché du sang de son enfant, mort dans ses bras, tout petit enfant, qu'elle a serré en priant un dieu pour qu'il lui laisse la vie, quitte à prendre la sienne, qu'il lui laisse le temps, encore du temps..Qu'il lui laisse encore pour un temps, tout le temps.
Longtemps Elle a gardé ce sang sur ses mains, ses mains pressant la plaie béante pour que ce sang ne quitte pas ce petit corps sans vie. Pour qu'il le maintienne en vie, encore !
Longtemps Elle a refusé de croire que la vie était partie, qu'il en était fini ! Qu'elle s'était échappée de ce petit corps, à présent inerte, ce petit corps qui l'instant d'avant débordait de vie, cet enfant qui jouait là avant qu'un fou ne vienne lui ravir sa vie, cette vie, ce soleil qui illuminait sa vie à elle aussi !

Une mère ne peut devenir que folle quand elle perd sa chair, quand elle perd son petit !
Elle ne peut que rester folle, seule, dans sa douleur, face à sa douleur, toujours !

Longtemps Elle a gardé ce vêtement taché de sang.... Elle ne sait plus avec toutes ces années ce qu'il est devenu.. Mais son enfant lui n'est plus. Plus jamais, plus là. Elle vit, survit et pleure ! Parfois
Il n'y a jamais un jour, une minute ou une seconde sans qu'elle pense, y pense, même si elle continue la route, avec ce manque, ce sans, ce vide, qu'on appelle pudiquement la mort !
On ne se remet jamais de cette mort là !

A Jayne, pour Jayne. Avec toutes mon affection, ma tendresse et mon amour. Aux autres aussi...
Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...

Nota bene

Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

Vous étes venus

compteur visite blog

map