Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

mardi 20 mars 2012

Indignation ?

Il est à la mode de s'indigner, le mot est devenu tendance. On s'indigne pour un rien, pour tout et n'importe quoi. Encore une fois, un mot comme tant d'autres galvaudé et repris au coeur d'une fureur médiatique et politique la plupart du temps !
Parfois ce mot semble pourtant bien léger, il ne fait pas le poids face à la tragédie, face à la démesure que la barbarie des temps modernes et civilisés suscitent !
Indignation ne pèse vraiment pas lourd dans ces cas là.
Mais la véritable question est de savoir pourquoi il est nécessaire d'attendre des situations extrêmes, tragiques et terribles pour susciter cette émotion.
Car on ne s'indigne pas avant, on n'écoute pas et on ne voit pas les signes avant coureurs des drames, des révoltes, des révolutions, des tragédies.
L'homme ne me semble pas civilisé, il ne me semble pas être advenu vraiment à l'Humanité. Cette quête est longue et singulière, il semble que pour quelques uns d'entre nous elle ne soit pas possible.
Il suffit de lire les journaux, d'écouter les informations, de regarder les émissions, films, séries proposées. Il s'agit avant tout de faire de l'audience et pour cela, les chaines et les unes des magazines n'hésitent pas à offrir en pature du sensationnel avec ce qui se vend : la mort et le sexe
Eros et Thanatos encore, couple de vie et de mort, inséparables ! Infernal !

Il faut de la violence, du sang, des trahisons, du grand frisson, montrer à voir des cadavres, disséqués, autopsiés, et si la fiction ne suffit pas, il reste en magasin le plus sordide d'entre tous, les affaires criminelles monstrueuses passées au peigne fin pour donner le grand frisson au citoyen lambda bien au chaud dans son fauteuil :
Alors quid vraiment de la mort ?
"dis maman il est mort pour de vrai le gladiateur" demanda alors un enfant lors d'un spectacle au Puy du Fou ?
Meurt-on pour de vrai ou pour de faux ? En revient-on ? Ou fait-on semblant ?

A trop montrer à voir et à entendre l'horreur on la banalise ! On ne sait plus vraiment bien faire la différence entre le réel et la fiction, la guerre en Syrie ou les "Têtes brulées" ?
Il faut montrer des images chocs ! En direct, les spectateurs assistent de leur salons aux évènements tragiques et aux guerres qui se passent chaque jour, dans l'indifférence générale aux quatre coins du monde ! Et puis ? Ca n'arrive qu'aux autres !
La guerre en France est un bien lointain souvenir ! Il reste quelques témoignages encore ! Et puis finalement...
La guerre pourtant est là, toujours, larvée bien au chaud elle aussi, telle le serpent qui n'attend qu'un tout petit peu de chaleur pour se dresser et mordre !
Nous le voyons ! Mais ça ne concerne que quelques uns ..
Erreur, non, nous sommes tous concernés et il convient d'arrêter de se voiler la face, de ne pas vouloir voir où le silence et le déni nous mènent, à grande vitesse.

Le drame de Toulouse en est un exemple ! Il touche une communauté spécifique, qui depuis des siècles, que dis-je depuis l'histoire du monde paie un lourd tribu ! Mais qui malgré tout est toujours debout ! Ni la haine ni Auschwitz n'en sont venus à bout ! Et pourtant le désir de mort à son égard est fort, tenace et ancré dans bien des esprits !
Il suffit d'ouvrir les livres d'histoire, de s'arrêter sur la propagande contre ce peuple à qui on reproche d'être "élu", de voir ces immondes affiches et de lire ces infâmes torchons. Il suffit de regarder un peu de près aujourd'hui, d'entendre ces appels à la haine et au boycott des produits d'un pays qui ne demande qu'à vivre !
Alors pourquoi ? Pourquoi cette haine là justement ?
Je n'ai pas vraiment de réponse, de réponses peut-être... Celles ci sont singulières, elles trouvent origine dans le plus sombre de chacun... A ce chacun là de se demander pourquoi, s'il peut, s'il le veut, ce dont je ne suis pas certaine.
Haïr l'autre, permet peut-être d'accepter de se détester soi même, cela parait infiniment plus simple ! Et pourtant.
Dans les camps de la mort, les SS décidaient de qui devaient vivre ou pas, en sommes nous encore là ? Il semble en effet que oui ! D'une manière plus perverse, car elle s'affirme sous des moyens plus pernicieux. Il y a les victimes et les oppresseurs infâmes... Et il est donc légitime qu'ils paient !
Voilà ce que j'entends ! Et c'est plus que consternant !
Combien de Toulouse seront nécessaires pour ouvrir les yeux ? Pour faire cesser cette haine de l'autre ?
Une minute de silence suffit-elle dites moi à ouvrir les consciences ? A responsabiliser des fous qui ont soif du sang de l'autre
Alors on s'indigne encore ! S'indigner ! Non ce n'est pas suffisant, c'en est même presque grotesque, car cette haine là ne peut être tolérée et encore moins acceptée
Brigitte Dusch psychanalyste, historienne
Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...

Nota bene

Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

Vous étes venus

compteur visite blog

map