Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

dimanche 15 janvier 2012

Comprendre

"Comprendre s'est déjà commencer à excuser" m'écrit un lecteur en réaction à mon article sur l'antisémitisme...
Comprendre ?

Je n'ai pas l'intention de traiter ici une des  questions "bateau" des dissertations de philosophie, mais je propose quand même à ceux qui me liront une petite réflexion et mise au point.

Je ne pense pas que ce soit le cas, au contraire, il me semble que le désir de comprendre s'inscrit dans celui du sujet d'ad venir à l'humanité...
Cet article a soulevé plusieurs réactions passionnées, des insultes, des moqueries et aussi de l'indifférence ou de la crainte. Ne pas voir ne signifie pas ignorer, mais peut vouloir dire dénier.

Ce n'est pas notre propos, mais il convient de souligner que le fait même d'en parler provoque des réactions hors norme. Un peu comme si le sujet était en lui même tabou...
Alors avoir la prétention de tenter de donner une explication suscite chez l'autre une certaine indignation

Comprendre : Il s'agit de saisir le sens, (du moins essayer) de concevoir quelque chose par l'esprit, de concevoir les raisons qui ont provoquées tel acte, incitées telle action. C'est aussi connaitre quelque chose en son intérieur en déchiffrant sa singularité. Les scientifiques en donnent la définition suivante : "ramener la diversité des conséquences à leur causes et acceptions".

Justement, ne pas vouloir comprendre, refuser d'en parler, dire simplement, c'est un scandale, une horreur, une honte, ceux qui ont fait ça sont des monstres.. etc... Ne sert à rien. Cela soulage peut-être de ce trop plein de douleur, de colère, de souffrance, de peur, mais...?
On peut en effet entendre, voir, recevoir des paroles, du chagrin, de la peine, mais si ce n'est que pour compatir, plaindre, pleurer avec ? A quoi cela sert-il ?
Comprendre, du moins essayer, est un premier pas.
De nombreux travaux ont été menés pour essayer de donner une explication à l'antisémitisme mais aussi au nazisme, à ce qui s'est passé en Europe il n'y a pas si longtemps. Cette histoire est encore présente. Il reste des survivants victimes et bourreaux. L'histoire est à fleur de peau, sur toutes les lèvres, dans tous les coeurs.
C'est une blessure, une plaie béante qui ne se referme pas, qui ne peut se cicatriser, qui saigne à chaque fois. Une cicatrice qui ne guérit pas !
Un fardeau que nous portons tous, un poids dont la communauté des hommes ne peut se délester. C'est peut-être ça, qui fait qu'elle veut comprendre
Peut-on alors légitimement le lui reprocher ?
Lui en vouloir de chercher à savoir ce qui a permis à d'autres ce qui les a autoriser à commettre de tels crimes, de telles monstruosités, atrocités.
Il ne s'agit en rien d'excuser, ni de commencer à le faire. Ce serait peut-être alors confondre pardon et excuse, pardonner et excuser.
Excuser c'est effacer la faute, disculper, trouver des circonstances atténuantes, dire "vous ne l'avez pas fait exprés", pardonner c'est faire don de générosité..
Mais nous ne sommes pas dans ce registre là.
Comprendre ce n'est pas ça, mais pas du tout ! Comprendre n"est pas être compréhensif, indulgent
Dans le cas qui nous interesse, nous pouvons nous interroger sur l'intention de faire le mal. En toute conscience. Les rapports émanant des interrogatoires, les travaux d'Hannah Arendt (contestés par ceux qui lui reproche sa liaison avec Heidegger par ex, sa conversion au catholicisme, son anti sionisme... aussi) nous éclairent un peu.  Obeir aux ordres ! Nous avons obéis aux ordres clament les accusés de Nuremberg, les SS, qui n'ont d'ailleurs aucun remords. Mais pourquoi en auraient-ils puisqu'ils étaient alors convaincus d'avoir fait ce qu'il fallait faire. D'où pour certains l'incompréhension d'être sur le banc des accusés.... Obéir à des ordres fous, in humains (et j'insiste, n'en déplaise à certains, de cliver le mot, en en séparant le préfixe) sans sciller, se poser la moindre question. Volonté de nuire alors ? Désir d'obéir ? Obéir à des ordres qui résonnent et raisonnent dans leur logique. Puisqu'ils ne les heurtent pas, ne les mettent pas en dissonance, au contraire. Obéir à des ordres condamnables au nom de l'Humanité. Font-ils partie eux mêmes de cette Humanité, où bien en sont-ils sortis ?
Peut-on invoquer la "nécessité extérieure" ? Des ordres qui ainsi font d'eux les victimes consentantes d'un système totalitaire et d'un processus qui les y contraignent. Qui leur permet aussi d'assouvir en toute impunité des pulsions sadiques et destructrices, de projeter sur l'autre haï tout ce qu'ils détestent de l'humanité haïe tout autant ?
Des hypothèses, parce que comprendre c'est ça aussi, soulever des hypthèses, les valider ou  non, examiner les faits, les questionner.. Qu'est ce qui a permis de tels actes ?
Et à la lumière de cet examen là, tenter, je dis bien modestement tenter de tirer leçon.
Comme je l'ai souligné précédemment, il ne s'agit pas de disculper.
Ni de pardonner. Pourtant certains, et je les admire, car j'en serai incapable,  l'ont fait, ont réussi à poser cet acte de générosité envers leurs bourreaux., ils ont pardonnés et en ressortent sans aucun doute grandis et en paix.
Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...

Nota bene

Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

Vous étes venus

compteur visite blog

map