Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

dimanche 25 novembre 2012

L'enfant qui part

Son dernier enfant vient de partir, il vient de quitter le nid.
Cette fois, ce départ, cette perte lui semble insurmontable
Pourtant ce n'est pas la première fois qu'un enfant s'en va, qu'il quitte la maison pour partir, pas si loin, mais trop loin quand même
Elle ne sait plus trop où elle en est, elle se sent seule, elle n'a plus personne à attendre, à qui préparer les repas.
Pourtant ce dernier enfant, ce tout petit qui a grandi est encore là un peu, il n'est pas parti vraiment.
Elle sait pourtant que ce départ, ce départ à demi est le premier pas vers le Départ, le vrai cette fois, celui où il n'y aura presque plus de retour, ou alors seulement quelques jours, par çi par là, une visite, des vacances... Mais un départ !
Elle savait pourtant, elle s'était préparé, ce n'est pas la première fois, mais il restait encore trois enfants, puis deux, puis un. maintenant il n'y a plus d'enfant, plus d'ado, plus de cris, plus de bruit, plus de musique, plus de rien...Puisque maintenant il n'y a plus rien.
la maison est triste, vide, elle dort, en sommeil...
Elle se demande pourquoi se lever, le matin, il n'y a plus de petit déjeuner à préparer, plus de linge à laver, repasser, plus de livres, cd, magazines à ranger. Il n'y a plus rien à faire. Plus rien.
Elle vit alors dans l'attente, celle de cette fin de semaine, où l'enfant, les enfants aussi parfois sera là, reviendra, où les mots, les rires résonneront dans la maison !
Elle attend !
Elle se demande si cette attente est bien raisonnable, elle sait bien que non, mais c'est comme ça, plus fort qu'elle !
Non qu'elle était davantage attachée à cet enfant là, mais elle n'était pas seule, sa vie, sa présence à la maison avait encore un sens, une utilité
Elle parle alors de ce vide, de ce gouffre et de ce rien qui l'entourent, qui la cernent et paradoxalement l'étouffent, l'enserrent et l'angoissent.
La tenaillent...Cette peur du vide, ce vertige qui l'entraine elle ne sait où
L'inconnu, étrange et dangereux...
Elle sait que tout ça est "fou" dit-elle, mais c'est "comme ça .. C'est pour ça que c'est fou"
Son dernier enfant vient de partir, pour pas très loin, quelques dizaines de km les séparent, elle est heureuse, puisqu'il l'est, puisqu'il construit sa vie, son avenir, il a quitté la maison, comme son frère, et ses soeurs, pour étudier, apprendre, vivre
Elle n'a jamais considéré que ses enfants lui appartenaient, qu'ils étaient les siens, elle les a toujours laissé aller, découvrir, le monde, les autres, partir..
Mais elle se sent dèsespérement seule abandonnée presque à elle même et à cette solitude qu'au fond delle même elle redoute plus que tout !
Ce face à face avec elle même, avec son être seul lui semble terrible, presque insurmontable
Elle n'est pas oisive loin de là, ses journées sont remplies, mais c'est autre chose, indicible, imperceptible aux autres, mais une douleur intérieure qui la terrasse et l'empêche presque de réagir..
Un peu comme si elle n'avait rien à se dire, ou peut-être parce qu'elle a trop à se dire, et c'est ce trop là qui lui fait peur, dont elle ne veut pas vraiment, mais qui arrive et revient tel un boomerang.
Ce trop qu'elle a mis à distance pendant ces années, où elle n'était pas seule, vraiment. Un trop mis de côté auquel elle ne peut maintenant plus échapper, même avec des faux semblant
Ce remplissage du temps ne la comble plus ni ne comble plus ce manque
Ce terrible manque d'enfant...
Parti maintenant et la laissant seule, face à elle, face à ce manque en elle qui est là, la tient et la tenaille et qu'il va lui falloir enfin, malgré tout, affronter.
Affronter l'inconnu, l'imprévisible aussi, ou le rien ? Elle ne sait pas trop. Tenter de ne plus vivre dans l'espoir, et l'attente, celle du retour.
Affronter ce temps qui arrive, qui advient. Ce temps présent, sans regarder en arrière et se projeter en avant. Le moment présent. Qui est, fugace et soudain mais qui est là et s'impose.
S'affronter finalement, penser, "vivre pour moi".... "Ca ne je sais pas faire ça !"
Mais qui le sait, le sait-on vraiment ?

mercredi 21 novembre 2012

Lettre d'un soldat à un gazaoui

Lettre d'un homme à un autre homme.

C'est un lien vers un texte que je vous propose aujourd'hui d'explorer.

/http://streetisrael.com/lettre-a-un-gazaoui-je-suis-le-soldat-qui-a-dormi-chez-vous/

Un texte que je n'ai pas écrit, mais dont la lecture m'a profondément émue, bouleversée.
Ce sont les mots d'un soldat. Pas un soldat de métier, mais un réserviste, une simple personne, comme vous et moi, à la différence que cet homme là a du prendre les armes pour défendre son pays.
Car son pays est en guerre.
Nous avons bien du mal à imaginer ça. Nous. Ici. La guerre !
Qu'en savons nous vraiment ? La plupart d'entre nous avons la chance de vivre dans un pays en paix (encore que, nous ne sommes pas dupes cette paix n'est que relative), et de la guerre, nous ne voyons que les images de la télévision, des médias, des films de guerre, réels ou de fiction.
Alors ce n'est pas simple j'en conviens d'imaginer ça, de prendre seulement quelques minutes pour  se représenter la vie sous les bombes, sirènes, alertes, roquettes, explosions, attentats, véhicules piégés. Un bruit permanent, un ciel obscurci par la fumée, la peur, la crainte pour soi, ses proches...
Se demander comment sera tout à l'heure ? Demain ? Conduire ses enfants à l'école la peur au ventre. La peur ? L'angoisse... Et pourtant il faut continuer à vivre (si on peut appeler ça vivre pour reprendre les termes de mon amie Igaella)
Non ici ce n'est pas ça, quand la sirène retentit chaque premier mercredi du mois c'est pour vérifier si elle fonctionne bien.
Quand les alarmes sonnent dans les établissements scolaires c'est pour faire faire "un exercice" aux enfants, en cas d'incendie... Un jeu ou presque.
En France comme le soulignait mon fils, les tables des écoliers ne sont pas blindées ! Ce n'est pas nécessaire ! Qui y songerait ? Ils n'ont pas à se protéger dessous ou en faire un bouclier en cas de....
En cas de... !
Mais comment imaginer tout ça, ici... Puisqu'en général ça n'arrive qu'aux autres.. !

Alors j'ai décidé de publier cette lettre. Une lettre écrite par ce soldat réserviste à un gazaoui. Un soldat qui a dormi dans sa maison... A cause de la guerre.
Une curieuse et singulière rencontre. Un homme et l'ombre d'un homme et de sa famille.

Des mots justes, vrais, authentiques, sincères. Une lettre sans pathos, bouleversante justement car il n'y a rien de tragique, rien de théâtral.
Un quotidien malheureusement banal, l'ordinaire qu'est la guerre... ! Il dit, décrit, pense et veut faire savoir à cet homme ce qu'il a ressenti, ce qu'il pense. Il lui écrit et il n'a que les mots, une lettre à l'absent en présence de l'absence.
Il s'identifie, le voit, l'imagine... ! Voit en cet homme chez qui il est à cause de la guerre, un homme, comme lui, non un ennemi à haïr... Comme vous...
Il le voit et lui parle avec humanité... Il tisse malgré les bombes ce lien social si  nécessaire, ce même qui nous a fait advenir à l'humanité. Ce fil tenu et fragile, que nous remettons en jeu chaque jour, car cela  ne va pas de soi.
Yishai ressent ce besoin profond. Ses mots sont précieux car ils sont la marque du lien, celle du lien social, qui malgré le conflit maintient l'humanité, fait que les hommes restent des hommes, ont cette volonté, peuvent prendre ce recul nécessaire pour comprendre, analyser ce qui se passe et assumer, assurer le choix qui se pose alors.
Si j'ai choisi de publier ce lien aussi, c'est avec le profond souhait d'informer, de dire une vérité, celle qui est souvent bannie des écrans de télé, des journaux, qui ne parlent pas de ce quotidien là, ces médias qui ne prennent pas la peine de s'y arrêter. Véhiculer des clichés est toujours infiniment plus simple, ne mène pas non plus à la polémique, ne froisse pas le politiquement et le socialement correct de bon ton. .
Il est aussi de mon devoir de partager, de témoigner à mon humble niveau pour lutter contre toute cette propagande et désinformation. C'est je crois l'engagement de tout sujet libre  ! C'est ma contribution et mon devoir, ici, dans ce pays en paix. Pour l'instant.
Je sais qu'une fois encore aucun commentaire n'émanera de cet article. Mais je n'en demande pas tant, et vous remercie de lire la lettre de ce soldat. Ce sera déjà ça !

Je remercie Yishai  l'auteur de ces lignes
Merci à Yoram Salamon directeur de http://www.streetisrael.com/ qui aimablement m'a autorisé à reproduire et partagé ce lien sur mon blog.
A tout ceux que j'aime là bas...



mardi 13 novembre 2012

Répétition

Je vous propose aujourd'hui cette petite phrase néanmoins très intéressante :

"De par sa nature, la répétition s'oppose à la réminiscence. Elle est toujours impossible à assouvir. C'est dans ce registre que se situe la notion freudienne de retrouvailles avec l'objet perdu".

Lacan, Séminaire IV.S La relation d'objet.

dimanche 11 novembre 2012

Comme un soldat

Il voulait être enterré comme un soldat
Il ne voulait ni fleurs ni couronne
Il  voulait qu'on ne prévienne personne
Il voulait un enterrement civil...
Il voulait...
Mais...Personne n'a entendu !

J'ai retrouvé dans de vieux papiers ces quelques lignes qui ne s'adressaient pas à moi, mais à quelqu'un d'autre...
Il y a bien longtemps
Quelques mots griffonnés sur une feuille chiffonnée, quelques mots jetés sur du papier d'écolier.
J'ignore si ces lignes ont été lues avant moi et si son destinataire les a reçues.
J'ignore tout ça !

Elles ne m'étaient pas destinées, elles n'étaient pas pour moi... Pourtant je les ai lues.
Ces quelques lignes qui m'ont touchées !
Ces dernières volontés qui n'ont pas été respectées.
Pourtant !

Il voulait être enterré comme un soldat, sans fleur ni couronne, sans rien d'autre que les "gens du cimetière municipal" écrivait-il sans doute en proie à la douleur physique et morale, sans doute aux prises avec ses démons, fantômes insatiables toujours à la lisière de la crypte, spectres infâmes et tyranniques qui lui rappelait qu'il faudrait rendre les armes, un jour.
Il ne les déposerait que debout ! Rendre l'âme ? Mais cette âme il l'avait perdu, il y a longtemps ! Tellement longtemps qu'il ne s'en souvenait plus.
Il était mort déjà, il y a bien longtemps depuis la vie n'était qu'un sursis auquel il pensait ne pas avoir droit. Incapable de répondre à l'impossible question du pourquoi moi ?
Survivant. Mais survivant de quoi ?
En sursis, encore là alors qu'il n'y était pas vraiment, qu'il n'avait pas en vie d'y être, être là dans un monde qu'il ne comprenait plus.
En suspend, dans l'attente ultime peut-être ?

Il voulait mourir comme un soldat, la seule mort digne, la seule qui lui soit acceptable, alors il ne voulait personne, personne pour le pleurer, pour le retenir peut-être encore parmi ceux qui vivent ou font semblant.

C'est peut-être justement de ces semblants là qu'ils ne veut pas, de ces faux semblants, faux amis mais vrais ennemis. Toute sa vie il l'a vécu comme un soldat, défendant sa vie pour ne pas sombrer dans la folie. Pas tout à fait.
Mais de quelle folie ?
Ses dernières volontés : celles d'oublier et d'être oublié, comme un regret d'être arrivé là sur terre, d'être né, peut-être, puis d'avoir survécu là où tant d'autres sont morts !

Mourir comme un soldat...Sans doute pensait-il aux innombrables morts, tombés au champ d'horreur, enterrés ça et là dans de vastes prairies étrangères où ils sont tombés, où ils ne reposent pas en paix, si loin de leur terre !
Où parfois des ombres rodent et tentent de retrouver, un nom un date, pour déposer une fleur, une prière ou une pensée pour ceux qui sont partis trop vite pour rien
Une vie pour rien, une mort pour rien.. ?
Ces tombes parfois anonymes croix de bois, croix de fer... Allongés là pour une éternité qu'ils n'ont pas vraiment demandée ?
Cette tombe là peut-être, sans vraiment de cercueil ?
Un nom ? Même pas des initiales, les siennes et deux dates, le cadre de son enfer !

C'est ce soldat là qu'il n'a pas vraiment été,  qu'il n'a pas eu le temps de devenir, mais "soldat de l'ombre" pourtant, ceux qui à ce qu'on m'a dit valait tout autant que les autres, plus peut-être... Plus que ceux qui portaient l'uniforme... !
Comme un soldat il a été, tout au long de ce long sursis que la vie ne lui a pas vraiment offert, car ce sursis là il ne l'avait ni souhaité ni demandé, il lui avait été infligé ! Il vaut alors survivre tant bien que mal, ou parfois plutôt mal que bien !
Mourir pour vivre enfin comme un soldat...
Je n'en sais rien.
J'ai refermé ce papier froissé, qui ne m'était pas destiné, je l'ai rangé... Une lettre pas pour moi, que je n'aurai sans doute pas du ouvrir et lire, mais ? Une lettre qui m'a bouleversée...

En hommage en ce 11 novembre
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Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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