Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

samedi 28 janvier 2012

Landscape in the mist - Τοπίο στην oμίχλη (1988)



Paysage dans le brouillard


En hommage à Théo Angelopoulos
Je vous propose cet extrait magnifique d'un film qui l'est tout autant.
Ce grand réalisateur nous a permis à sa manière singulière et originale de revisiter les plus grands mythes de l'histoire. De l'histoire de son pays...
Les mythes antiques pour comprendre, éclairer au moins !
Alexandre est inoubliable
Ulysse l'est tout autant
Il nous a offert un autre regard, en nous montrant à voir une réalité difficile
Celle de son pays, s'il a dénoncé la Dictature il a su également montré les dérives totalitaires de l'idéologie socialiste.
Il nous a donné à réfléchir, penser, comme ces Anciens compatriotes, à qui nous devons tant !
Il est parti trop tôt, trop vite.
Une vie qui semble inachevée.
Son oeuvre lui survit
Des films singuliers, esthétiques toujours ! Curieux, parfois déroutants mais qui méritent qu'on s'y arrête, qu'on y retourne s'il le faut pour en comprendre le sens, l'essence et les messages.
Pour voir aussi, simplement admirer les plans, les images
Car ce sont des chefs d'oeuvre du cinéma.
De l'Art !
Je vous propose cet extrait de "paysage dans le brouillard" peut-être parce qu'il m'a profondément touchée, interpellée, et que cette image reste elle aussi insaisissable.

mardi 24 janvier 2012

Les fachistes de la pensée

Les fachistes de la pensée

Ils existent et sont partout, de plus en plus nombreux
Convaincus de tenir, détenir la Vérité ils prêchent la parole et critiquent, condamnent, jugent, montrent du doigt, et occupent la scène. Se l'accaparent !
Istes pour définir le isme qu'ils défendent
Ce fachisme là n'est pas l'apanage d'une religion, d'une croyance, d'une idée, d'une école, non il l'est de tous ! De tout cela... Aussi.
Tous pour Un, c'est justement là que ça coince !
Un, l'unicité, une seule tête et un seul bloc. Un bloc identitaire, culturel, au risque d'ignorer les autres, de les condamner et de les réduire à néant.
Ethnocentrisme poussé à l'extrème ! Ils jugent en référence non seulement à leur culture ,ce qui demanderait un minimum de recul, mais en référence à leur pensée, leur idée, qui tourne autour de ce qu'ils ont fait leur vérité.
Et de juger le monde, les autres enfer, qu'ils voudraient supprimer à défaut de les contraindre à penser, ou mieux ne plus penser !
Ils sont partout ! Et c'est vrai, ils commentent et jugent l'actualité, détiennent la bonne réponse, le bon argument, le fait historique, l'anecdote, la parole d'un soit disant dieu. Ils se croient et se sentent investis d'une mission qu'ils pensent divine !
Un peu comme ces grecs antiques qui considèraient que ne pas parler grec faisait de l'autre un barbare ! Pas même un citoyen de seconde zone.
Alors qui sont-ils et où sont-ils ? Ils sont là, partout, il suffit de bien regarder, de lire, de voir et d'entendre. Il n'y a dans leur discours aucune place, aucun vide, aucune faille, tout est construit, solidement argumenté, (quoique ) reposant sur des bases relativiement évidente. Une shéma proche du discours paranoïaque !
Pas de place pour le discours de l'autre, qui doit être réduit à cette même pensée, à cette pensée la meilleure et la seule qui vaille le coup !
Il faut prendre le temps parfois de lire la presse, de lire les commentaires laissés anonymement par ces vengeurs masqués, dépositaires de la vérité.
Il faut les entendre juger, condamner, eux les bons citoyens, qui n'auraient jamais collaborés, jamais trahis, jamais mentis, dénoncer. Ils savent ce qui est bien et juste !
Ils savent ce qui est mal !
D'ailleurs leur monde se décline en bien et mal, une vision dichotomique des choses, de la vie, des gens. Ils pourraient établir une sorte de guide de la "bonne attitude".
Une liste de ce qu'il convient de lire, des émissions qu'il faut écouter, des films qu'il importe de regarder, des artistes, politiques, journalistes qui disent la vérité.
Le reste n'est que mensonge, propagande, diversion, trahisons ! Et ne mérite pas d'être !
Ils avancent toujours masqués derrière un pseudo qui en dit long sur leur personnalité, mais ils n'ont peur de rien, sauf de signer ce qu'ils écrivent, de parler en leur nom propre... De poser leurs actes de bien séances en tant que sujet...!
Ils dénoncent et critiques masqués, drapés dans leur haine et leur anonymat pour vilipender vos lectures, vos choix ! Car eux et eux seuls savent ce qui est bien pour la société, le monde, qu'ils veulent à leur image, figé, strict et rigoureux !
Les autres différents et singuliers ne peuvent exister que et si seulement ils se plient aux exigences culturelles et sociales et se fondent dans leur masse informe !
Indfférenciation ?
Attention danger ! Il est mal, et je dis il est mal pour ces gens de trouver de l'intéret à lire plusieurs journaux de tendances opposées... D'essayer de comprendre, de tenter d'apporter une réponse. Comment un tel sujet peut-il se situer ? Voyons.
les voila d'un coup d'un seul désorientés. Pour eux c 'est infiniment simple...
Mais n'allez pas croire que les fachistes de la pensée sont ceux qui prônent des valeurs historiquement dites fachistes ! Loin de là, ils se veulent les nouveaux apôtres de la liberté, de la bien pensance, de la bien séance, ils dénoncent l'holocauste et le racisme, la droite, l'extrème droite et l'extrème gauche...Mais réclament en vrac le rétablissement de la peine de mort, plus de sécurité, des caméras de surveillance...
Dichotomique...
Intolérant...
Ethnocentriste....
Un constat consternant !
Si la vérité est ailleurs, elle peut aussi être partout, personne ne la détient, ne la tient pour vraie, et certaine. La vérité d'hier n'est ni celle d'aujourd'hui, ni celle de demain
Encore une fois, je reprends les termes d'une amie 'je fais comme je peux, on fait comme on peut '
Qui peut affirmer qu'il n'aurait pas trahi ,dénoncé, menti, qu'il ne le fera jamais, qui peut affirmer qu'il ne trahira jamais ses valeurs, qui peut dire jamais ?
Je pense alors à cette "vieille folle" comme elle se nommait dans ses instants "d'obscure lucidité", vieille patiente "chronique" oubliée dans les ténèbres asilaires qui déclarait en pleurant, égrènant ses souvenirs d'avant : "on me dit résistante, mais s'ils avaient su que j'aurai pu tout dire, tout dire.. pas si on m'avait torturée, car là je n'aurai rien dit, mais si on avait fait du mal à mon chat... "
Ca tient à si peu de choses... Parfois !
Alors qui ? Qui peut être certain ?
Qui ? Nous sommes des hommes, des êtres de lien social, chaque jour, nous faisons un pas pour advenir un peu plus dans l'Humanité des Hommes... Mais ?
 Nous ne sommes faillibles, parce que Humain justement !
En mal de Héros, les fachistes de la pensée se rassurent et se veulent héroïques, différents, exceptionnels et hors normes !
Ce qu'ils sont... Mais comment ?
Ils se marginalisent et marginalisent, jugent et condamnent sans procès. Ils n'écoutent rien ni personne. Ce  n'est pas nécessaire encore moins utile.
A leur manière ils opposent un déni de vie, un déni d'existence à toute autre forme de pensée qu'ils ne sauraient souffrir!
Attention, ils ne sont pas toujours visibles, s'ils avancent masqués ils le font aussi à pas feutrés, à pas de loups ! Avec la même férocité que l'animal !
Ils sont partout... Cela évoquera sûrement quelque chose...
Ils sont là, pour rappeler au monde qu'il va mal, et que c'est de la faute de l'autre. Bouc émissaire essentiel pour porter le fardeau de la planète qui ne tourne plus rond depuis longtemps....
La pensée n'est pas unique, elle n'est pas l'apanage de quelques uns, Elle est universelle, elle ne peut que se déliter dans cette médiocrité qui la rend nauséabonde et qui la met en première ligne. La pensée est faite pour être remise en jeu en permanence à la lumière de l'autre, à la lumière des autres. Nous sommes des êtres de pensées, parce que nous parlons, nous parlons parce que nous pensons, et nous pensons parce que nous vivons au milieu d'autres êtres qui parlent et qui pensent.
Encore faut-il les entendre ! Encore faut-il les écouter
Ensuite on peut échanger, converser, partager, argumenter...
Se confronter à l'autre ? Autrement que masqué, autrement qu'avec un pseudo, est impossible souvent à ces phobiques de la vérité qui craignent plus que tout, le regard et la pensée de cet autre qu'ils s"évertuent à nier !
Il est de notre devoir de dire, d'expliquer, de tenter d'apporter une réponse, de dire nous nous sommes trompés... C'est aussi ça ad venir à l'Humanité !

dimanche 22 janvier 2012

Etre ?

IL nous faut être,
Etre et étant
Etre pour tenter peut-être de devenir ?
Aller et partir au devant de cet être, mais parfois aussi revenir.
Derrière les nuages se cache parfois cet infime rayon de soleil, dont la caverne ne nous projette que des ombres, alors peut-être...
Mais seulement peut-être aurons nous la force de briser ces chaines, ces liens étranges et singuliers qui nous maintiennent et nous empêchent de voir.

mardi 17 janvier 2012

Eva - le mur (1966)



En écho à l'article "Requiem pour un Mur" peut-être ?
Eva une chanteuse oubliée, méconnue, d'une autre époque
Une chanson envoyée par un ami, pour rappeler qu'elle fut interdite d'antenne à une certaine époque !
Eva et son amour pour Berlin, Eva chantant Marlène, de Berlin elle aussi
Que de liens !
Berlin, für immer

dimanche 15 janvier 2012

Comprendre

"Comprendre s'est déjà commencer à excuser" m'écrit un lecteur en réaction à mon article sur l'antisémitisme...
Comprendre ?

Je n'ai pas l'intention de traiter ici une des  questions "bateau" des dissertations de philosophie, mais je propose quand même à ceux qui me liront une petite réflexion et mise au point.

Je ne pense pas que ce soit le cas, au contraire, il me semble que le désir de comprendre s'inscrit dans celui du sujet d'ad venir à l'humanité...
Cet article a soulevé plusieurs réactions passionnées, des insultes, des moqueries et aussi de l'indifférence ou de la crainte. Ne pas voir ne signifie pas ignorer, mais peut vouloir dire dénier.

Ce n'est pas notre propos, mais il convient de souligner que le fait même d'en parler provoque des réactions hors norme. Un peu comme si le sujet était en lui même tabou...
Alors avoir la prétention de tenter de donner une explication suscite chez l'autre une certaine indignation

Comprendre : Il s'agit de saisir le sens, (du moins essayer) de concevoir quelque chose par l'esprit, de concevoir les raisons qui ont provoquées tel acte, incitées telle action. C'est aussi connaitre quelque chose en son intérieur en déchiffrant sa singularité. Les scientifiques en donnent la définition suivante : "ramener la diversité des conséquences à leur causes et acceptions".

Justement, ne pas vouloir comprendre, refuser d'en parler, dire simplement, c'est un scandale, une horreur, une honte, ceux qui ont fait ça sont des monstres.. etc... Ne sert à rien. Cela soulage peut-être de ce trop plein de douleur, de colère, de souffrance, de peur, mais...?
On peut en effet entendre, voir, recevoir des paroles, du chagrin, de la peine, mais si ce n'est que pour compatir, plaindre, pleurer avec ? A quoi cela sert-il ?
Comprendre, du moins essayer, est un premier pas.
De nombreux travaux ont été menés pour essayer de donner une explication à l'antisémitisme mais aussi au nazisme, à ce qui s'est passé en Europe il n'y a pas si longtemps. Cette histoire est encore présente. Il reste des survivants victimes et bourreaux. L'histoire est à fleur de peau, sur toutes les lèvres, dans tous les coeurs.
C'est une blessure, une plaie béante qui ne se referme pas, qui ne peut se cicatriser, qui saigne à chaque fois. Une cicatrice qui ne guérit pas !
Un fardeau que nous portons tous, un poids dont la communauté des hommes ne peut se délester. C'est peut-être ça, qui fait qu'elle veut comprendre
Peut-on alors légitimement le lui reprocher ?
Lui en vouloir de chercher à savoir ce qui a permis à d'autres ce qui les a autoriser à commettre de tels crimes, de telles monstruosités, atrocités.
Il ne s'agit en rien d'excuser, ni de commencer à le faire. Ce serait peut-être alors confondre pardon et excuse, pardonner et excuser.
Excuser c'est effacer la faute, disculper, trouver des circonstances atténuantes, dire "vous ne l'avez pas fait exprés", pardonner c'est faire don de générosité..
Mais nous ne sommes pas dans ce registre là.
Comprendre ce n'est pas ça, mais pas du tout ! Comprendre n"est pas être compréhensif, indulgent
Dans le cas qui nous interesse, nous pouvons nous interroger sur l'intention de faire le mal. En toute conscience. Les rapports émanant des interrogatoires, les travaux d'Hannah Arendt (contestés par ceux qui lui reproche sa liaison avec Heidegger par ex, sa conversion au catholicisme, son anti sionisme... aussi) nous éclairent un peu.  Obeir aux ordres ! Nous avons obéis aux ordres clament les accusés de Nuremberg, les SS, qui n'ont d'ailleurs aucun remords. Mais pourquoi en auraient-ils puisqu'ils étaient alors convaincus d'avoir fait ce qu'il fallait faire. D'où pour certains l'incompréhension d'être sur le banc des accusés.... Obéir à des ordres fous, in humains (et j'insiste, n'en déplaise à certains, de cliver le mot, en en séparant le préfixe) sans sciller, se poser la moindre question. Volonté de nuire alors ? Désir d'obéir ? Obéir à des ordres qui résonnent et raisonnent dans leur logique. Puisqu'ils ne les heurtent pas, ne les mettent pas en dissonance, au contraire. Obéir à des ordres condamnables au nom de l'Humanité. Font-ils partie eux mêmes de cette Humanité, où bien en sont-ils sortis ?
Peut-on invoquer la "nécessité extérieure" ? Des ordres qui ainsi font d'eux les victimes consentantes d'un système totalitaire et d'un processus qui les y contraignent. Qui leur permet aussi d'assouvir en toute impunité des pulsions sadiques et destructrices, de projeter sur l'autre haï tout ce qu'ils détestent de l'humanité haïe tout autant ?
Des hypothèses, parce que comprendre c'est ça aussi, soulever des hypthèses, les valider ou  non, examiner les faits, les questionner.. Qu'est ce qui a permis de tels actes ?
Et à la lumière de cet examen là, tenter, je dis bien modestement tenter de tirer leçon.
Comme je l'ai souligné précédemment, il ne s'agit pas de disculper.
Ni de pardonner. Pourtant certains, et je les admire, car j'en serai incapable,  l'ont fait, ont réussi à poser cet acte de générosité envers leurs bourreaux., ils ont pardonnés et en ressortent sans aucun doute grandis et en paix.

jeudi 5 janvier 2012

Etre et devenir

Partir Revenir

J'ai revu ce film hier, revu ?
Pourtant il m'a semblé le voir pour la première fois...
Encore une fois.
Il est vrai que les films de Lelouch se ressemblent même s'ils sont à chaque fois différents. C'est là, tout le paradoxe, une sensation de déjà vu, parfois..
Des thèmes récurrents, oui, souvent, la mort, la guerre, la délation, la vie, le désir, l'amour, le questionnement de cet au delà inconnu et présent... La réincarnation
Un film singulier porté par la musique, omniprésente, parfois dérangeante, tellement ! Au point  que l'envie de couper le son me prend tellement c'en est trop ! Stop !
Une musique qui rythme, qui parle, qui dit, qui psalmodie...
Une musique ! Rachmaninov concerto n°2....
Porté par la musique l'histoire narre l'Histoire.
Celle de la guerre, celles de gens ordinaires.. Pas tant que ça pourtant...
Oublié alors  ? Je n'en sais rien
Comme à chaque fois que je regarde ses films, je suis heureuse, ravie, portée, emportée, subjuguées, charmée, enchantée, et mal à l'aise aussi.
Parfois tout cela en même temps !
C'est aussi cela le paradoxe. J'aime ne pas aimer, j'aime ce qui dérange, je suis dérangée parce que j'aime....
L'amour n'est jamais simple...
Mal aise...
 Peut-être parce que justement il s'agit de la vie ordinaire, pas si ordinaire que ça, et que les gens qui font cette histoire de l'Histoire pourraient être n'importe qui.
Parce que l'histoire pourrait être vraie, aurait pu être vraie, est peut-être vraie.
Réincarnation ? Ce thème ne m'obsède pas, je ne crois pas en un au dela possible, mais après tout je n'en sais rien, alors pourquoi pas ?
En revanche... la délation.
Ordinaire,  dénoncer ? Pourquoi ? Volonté de nuire, méchanceté, haine,  vengeance ? Non. Pas seulement. Le film montre que l'amour, la jalousie peuvent conduire à la peur, la peur à la haine, de l'autre puis la haine de soi
Au point que vivre devient impossible !
Vivre nous le savons tous est difficile, demande des efforts, de l'énergie, demande de l'envie  pour se maintenir en vie. Vivre pour ne pas mourir...
Et la musique porte cette envie d'en vie. De ne pas mourir, de vivre pour comprendre, pour savoir Qui ?
Savoir ce qui dérange et pourquoi, savoir ce qui questionne, interpelle... Pour aller au delà.
Voir un film c'est aussi s'approprier l'illusion, faire de celle ci, qui n'existe pas, une réalité, afin d'accéder au réel. A sa propre réalité.
Regarder un film c'est aussi abandonner cette illusion, progressivement, comprendre que cela n'est pas, n'est pas réel, et comprendre le présent, construit par le passé.
Filmer est tout autre, je pense, il y a montrer à voir, à entendre et à écouter, tout comme écrire c'est laisser, quitter, donner un peu de soi à l'autre. Dans l'attente d'une response.
res spondeo ...promettre à son tour...
Une histoire de rencontre. Ou pas,
L'adresse... A quelqu'un qu'on ne connait pas. Si l'art n'est pas sans objet il n'est pas non plus sans adresse. Il faut la présence de l'autre pour que le message prenne sens.
L'autre n'entend pas forcément, ne voit pas forcèment ce qui est donné à entendre ou montrer à voir...
Forcèment.
Il y a de nombreuses années un jeune patient me dit "j'ai pleuré en entendant ça (il parlait de musique baroque) je n'y comprends rien à la musique, je n'ai jamais appris quoi que ce soit là dessus, la musique classique, un truc de baltringue...
Mais c'était fort, ça me prenait là, aux tripes, ça me tordait le ventre, j'étais tout retourné, et jai pleuré ....j'ai rien dit, on se serait foutu de moi... vous comprenez.. "
L'Art avait atteint sa cible... ! Tiré, touché, pris, capturé...
Le cinéma c'est pareil, les images, le son, les dialogues tout emporte, nous transporte dans la réalité de l'illusion.
Il se joue des choses dans cet espace là, intime entre le réel et l'illusion, le dedans et le dehors, infime espace privilégié où l'on peut déposer, reposer, questionner... Mais quoi ?
Ca touche, ou ne touche pas !
Ca parle ou ça ne parle pas
Partir Revenir.. Me parle, me touche, me transporte.... Me questionne. Surtout !
Dans un précédent article je parlais de comprendre, de pardon aussi. Les scènes de l'arrestation me soulèvent le coeur, me donnent la nausée
Le réel dans l'illusion, car ce n'est pas dans la fiction. L'histoire, la vraie, les archives, documents historiques le disent...
Ce n'est pas tant l'arrestation, mais la délation, la gendarmerie française, la Gestapo... Arrêter d'autres français, non d'autres, autres parce que juifs... Une mise à mort, sans état d'âme, un combat inégal ! Des gens ordinaires ou presque...
Mélés à tout ça. Sordide, infâme..
Au nom de quoi ?
"Non je ne pardonne pas, ça je ne peux, ne pourrai jamais pardonner.. Non jamais ! "
Cette phrase là m'a échappé, s'est échappée de l'espace intime,  de cet intérieur du dedans où se mélent réalité et illusion, où se joue "la création du monde"...
Car cette scène, illusion du cinéma fait irruption dans le réel, intrusion sordide d'une réalité qui l'est tout autant !
Trauma... Effraction dans le réel, et dans cet espace intime...?
Une de mes amies me disait à la suite de "Requiem pour un mur" je comprends ta vigilance... Vigilance ? Peut-on l'être, peut-on protéger l'homme de lui même ?
Traverser l'obscur, quitter les ténébres pour gagner la lumière est un parcours du combattant, c'est un combat qu'on engage pour la vie, pas pour la survie. Pas pour vivre à demi. Pour vivre enfin, pour se donner naissance, s'offrir ce cadeau là,  pour dire je, je veux !
C'est peut-être ça, l'illusion du cinéma, de ce cinéma là ?
Un cinéma qui parle, mais qui témoigne...Aussi.
Mais tout comme mon jeune patient...
Tout n'arrive pas forcément à destination. Encore faut-il être présent à l'adresse pour recevoir ce qui nous est destiné.
Pour tenir la promesse et promettre à son tour
Encore un rendez-vous.. Qui peut-être manqué, raté.
Une rencontre avortée...
Ou pas...
Une rencontre troublante, inquiétante, dérangeante, douloureuse... Mais aussi, merveilleuse, puisqu'elle nous permet ce face à face unique avec notre être seul, avec ce moi inconnu, ce je qui est un autre car conjugué à tous les temps du passé, un je à recomposer pour un présent futur.
Un je qui seulement parce qu'il subit ces histoires et ces métamorphoses peut affirmer être un  je suis.
Enfin !

dimanche 1 janvier 2012

Je voeux

Il est coutume de présenter ses voeux pour la nouvelle année, une bien jolie attention, si elle est sincère et désinteressée.
Souhaiter aux amis, à la famille du bonheur, de la réussite, santé, amour, tout ce qu'ils désirent... N'est -ce pas justement un peu trop ?
Un peu trop de trop ? Nous savons tous, qu'il est impossible de tout obtenir, de tout désirer, de tout vouloir, de tout souhaiter. Pourtant il n'est pas question de rester modeste en cette occasion !
Tous nos voeux... Mais voilà, lesquels
Je voeux. Une de mes amies écrivait "je veux vouloir"...
Vouloir. En effet, je veux.
Peut-être faut-il vouloir d'abord, se souhaiter "la bonne année". Puis la souhaiter à ceux qui nous entourent...
L'an se termine et s'ouvre sur la grisaille, pas seulement celle de la météo, mais l'ambiance générale n'est pas au soleil, à la lumière..
Les libations de la veille laissent la place à la gueule de bois du matin.
Les réveils sont parfois douloureux. Le constat est alors effrayant. Le passage à l'an neuf n'a vraiment rien de réjouissant. Il s'ouvre sur une continuité douloureuse, un non espoir cinglant.
Rien de nouveau sous le soleil. Il n'y a plus de soleil, ni noir, ni trompeur...
En une nuit, si courte soit-elle, rien à changer.
Qui aurait eu la folie de le croire ?
Le monde est toujours aussi gris, glacial et sombre...
Nous marchons au coeur de l'obscur, droit vers les ténèbres, et ceux qui veulent nous faire croire le contraire nous mentent ou se moquent...
Ou peut-être, le miracle existe ? C'est possible et je le souhaite. C'est mon veux pour cette  nouvelle année, le plus sincère.
J'aimerais.. Au conditionnel, mais sans condition. Je voeux !
Les réjouissances sont amères cette année ! Cela ne passe pas vraiment. Il est de bon ton, d'être heureux, cette injonction des fins d'années, ces festivités, où on fait le plein de cadeaux, de nourriture, de boissons, de tout..
De tout !
Il faut s'amuser, manger, boire, être heureux, chanter, danser !
Il faut oublier la réalité, un instant, un seul instant...S'enivrer dans un tourbillon, entrer dans un trou noir de paillettes et de confettis..
Pour vivre dans l'illusion, vivre l'illusion d'un monde qui tourne rond.
Où personne ne manque de rien, ou tout le monde mange à sa faim, où les enfants vont à l'école, où il n'est question ni de race, de papiers, de religion de couleur de peau...
Un monde parfait..Ou presque, car nous savons que la perfection n'existe pas !
Un monde où tout le monde est beau, gentil, où ce monde s'embrasse sous les feux d'artifice... Se souhaite les meilleures choses du monde...
Ou tous s'aiment sans conditions, un monde sans guerre, sans faim, sans ...
Un monde sans ?
Mais sans quoi ?
Gueule de bois !
Manque de tout, et manque d'amour surtout !
Il est temps de se reveiller et le voir tel qu'il est ce monde, tel qu'il est en marche..
Tel qu'il avance à grand pas, qu'il progresse et régresse...
Un monde presque parfait en effet, où la singularité n'est plus de mise.
Uniformisation des masses, et j'insiste. Une seule voix, voie, et une seule tête. Car cette tête là sait ce qui est bien et ce qu'il faut faire... Sans laisse de place pour que le plus mince des filets de voix puisse s'élever, pas de voie pour un simple bruissement !
Car la parole se meurt, on la tue en silence et dans l'indifférence générale ou presque. Et c'est ce presque qui représente me semble t-il le seul espoir d'espérance. La faille où peut s'engouffrer les voeux. Le je veux !
Pouvons nous continuer à assister en silence, consentir à ce meurtre là.
A cette perversion là ? Car il ne s'agit en aucun cas de silence de la part de ces meurtriers là. Perversion du langage, mise au service d'un totalitarisme qui ne dit pas son nom. Du moins pas encore !
Tuer la parole, celle qui relie les hommes et qui instaure le lien social. Sans cette parole là, il n'y a plus de confiance, de confiance en soi ni de confiance en l'autre.
L'autre devient un ennemi qu'il faut, craindre, dénoncer, se méfier
Quelle société à venir ?
Le meurtre du sujet. Le meurtre de l'être de langage.
Les nazis affirmaient qu'ils n'y avait pas de pourquoi (cité par C. Lanzman) et en DDR à la question "Warum"' il nous était répondu "Darum"....
La perversion a ici un autre visage, plus pervers encore, car elle maintient le sujet dans l'illusion. Un langage perverti qui laisse croire que la langue lie et relie encore. Alors qu'en vérité tout se délite, tout comme l'humanité de l'humain.

Tout est fait pour que le sujet, l'homme sujet de langage devienne étranger à lui même et le place hors je. Hors du je veux ! Je voeux quoi ?
Horde !
Force de mort, force de destruction...
Alors en cette nouvelle année, que dire et que souhaiter ?
Etre vigilant et laisser entrer la lumière, ce mince rayon de soleil qui force les ténèbres, qui seul peut nous amener hors de l'obscur, fil d'Ariane qui nous mène hors du labyrinthe pour nous faire ad venir à nous même
Pour nous donner la force et le courage de dire non. Pour dire oui, à un monde où chaque sujet reconnaitra son humanité et celle de l'autre. Où il pourra vivre en homme et affronter Thanatos !
En être de parole et de lien social
C'est mon "veux le plus sincère !"
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Nota bene

Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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