Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

mardi 2 août 2011

Jeanne

Jeanne

Le dernier livre de Jacqueline de Romilly.

Je l'ai lu pendant ce long week end, je l'ai lu, lentement, longuement, en éprouvant tout au long de ce livre, admirablement écrit, un certain mal aise, une certaine étrangeté

De ces mal aises pas vraiment définissables, mais qui sont présents, preignants...
Le portrait de Jeanne, sa mère, nommé Jeanne, toujours au fil des pages !
Une mère racontée par sa fille bien des années plus tard, alors qu'elle n'est plus.

Des souvenirs.
Oui, mais lesquels justement ?

C'est peut-être cette question là qui m'a taraudée tout au long de ma lecture. Et qui suscite cette réflexion, je n'écris pas à propos de chaque livre lu. Je n'envisageais même pas en l'ouvrant que je rédigerai ces lignes...

Alors ?

La question du mal aise est bien entendu essentielle, mais pas seulement, si l'écriture est juste, quoique toujours méliorative on peut se demander ce qui la sous tend.

Il ne m'appartient pas de savoir pourquoi l'auteur a donné ce portrait, celui d'une mère vu à travers les yeux d'une petite fille heureuse, l'histoire d'une relation quasi symbiotique où tout semble parfait, mis en scéne pour que le bonheur de cette petite fille le soit aussi.

Agaçant peut-être parfois ce bonheur là qui a su, a pu, surmonter, traverser les épreuves de la vie mais aussi du temps.

Touchant aussi souvent cette femme vieillissante mère d'une fille qui devenue grande, autonome, connue, n'a plus guère le temps de prendre le temps pour cette mère qui continue à l'aimer, à l'entourer, à être à ses côtés.

Des mots, ses mots, dits simplement, qui nous touchent, nous vont droit au coeur , à nous enfants d'une mère que nous ne voyons plus, ou presque...D'une mère trop loin ? D'un enfant trop loin ?

Attendrissant toujours...

Pas de regrets, de remords, du bonheur et de l'amour, celui d'une mère pour sa fille et d'une fille pour sa mère.

Alors ?

Pourquoi ce mal aise ? D'où vient-il ?

Tant de questions sont soulevées ou pas.... Il appartient au lecteur d'en faire la lecture qu'il veut, qu'il souhaite, de prendre au pied de la lettre ou pas, de s'interroger ou pas...

De lire, de se questionner et de se souvenir, peut-être .

C'est peut-être ça.

J. De Romilly nous livre l'image d'une mère parfaite, ou qui semble parfaite, à nous qui savons que cette perfection n'existe pas, voire qu'elle est impossible.

Une mère présente, attentive, prévenant le besoin, le désir de son enfant, semblant essentiellement vouée à l'existence de cette petite fille pour qu'elle grandisse dans le bonheur, qu'elle traverse les épreuves en étant heureuse !

Une mère qui sait, qui imagine, qui masque, qui fait que le bonheur doit être ! Malgré tout !

Candide ? Le meilleur des mondes ? Nous qui savons, que ce n'est pas possible.

Que nul ne peut égaler Jeanne dans son attention, dans sa vie entièrement consacrée à sa fille , mais pas seulement, plus encore au bonheur de sa fille

Que Jeanne s'avère alors une rivale redoutable.

Une vie toute entière à jouer au bonheur, à cacher la tristesse, à vivre...

Cette impossibilité là peut-être ? Cette difficulté que nous aurions à trouver la faille dans la souffrance pour y inscrire un semblant de bonheur qui à force d'être montré à voir, finit par exister ?

C'est peut-être ça ? Notre capacité de rêves, d'élaboration ?

Jeanne est à chaque ligne admirable, elle travaille, aime, s'occupe de sa fille, coud des coussins et des robes, l'emmène en vacances... E tout cela avec le sourire

J'entends les dents grincer, les dents de ses mères, dont je suis, dont je fus, mes enfants sont grands maintenant, mais quand même ! je ne suis pas parfaite et souvent je n'arrive pas à tout faire ! Encore moins comme et aussi bien que Jeanne !

Le mal aise ? Est-ce parce que Jeanne représenterait le paradigme de la" Mère"
Celle qu'on aurait tous voulu avoir? et que bien entendu nous n'avons pas eu..

L'auteur s'efface toujours, humble devant cette mère qui l'a aimée, couvée, protégée, toujours, sans jamais faillir !

Seule Jeanne, Jeanne au coeur de l'histoire, de la vie, de sa vie. De l'émotion, de la tendresse et de l'amour dans ce récit de vie.

De l'amour, c'est peut-être ça justement, l'amour, inconditionnel ? "Jeanne" - Jacqueline de Romilly - Editions de Fallois - 250 p. - 18 euros
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Nota bene

Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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