Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

samedi 31 décembre 2011

En fête

Psychanalyse aujourd'hui, vous souhaite une belle fin d'année 2011
Et vous remercie de votre fidélité, de vos messages, commentaires
De vos encouragements
Merci chers lecteurs d'être là depuis trois années.
A l'an prochain.

vendredi 23 décembre 2011

Requiem pour un Mur

Requiem pour un Mur.

Le Mur est tombé !
Il n'est plus, exit le Mur aujourd'hui.
Pourtant, sont encore là ceux qui sont nés, qui ont grandis, qui ont vécus, aimés, soufferts derrière ce mur, de l'autre côté.
Ceux de derrière le Mur....
Ceux là même qui rêvaient de l'occident, de cet autre monde, sorte d'Eden où tout était permis, où tout existait, où tout était possible la liberté comme le chocolat, la poésie de Baudelaire et les séries américaines. Cet occident avec lequel ils entretenaient un rapport difficile, paradoxal aimé et haï, envié et détesté....
Cet occident maudit !
Cet occident où ils rêvaient d'aller, de rester, de vivre.

Je me souviens de cet autre côté, de ces magasins vides ou presque, pourtant les vendeuses étaient là... Du tram de Weimar, de ces magnifiques promenades dans Thüringer Wald, des vacances au bord du Balaton, de Berlin, für immer ! Mais le Berlin de l'Est... pas l'autre, celui de l'ouest, le Berlin américain.. Check Point !
Le Mur !
Exit le Mur...
Réjouissances et bonheur, le totalitarisme était tombé, il était mort et il fallait l'enterrer.
C'en était enfin fini du Mur de la Honte !
Ce Mur de larmes et de sang, où tant et tant étaient morts pour avoir essayé de le franchir. Epris de liberté, surveillés, menacés ils avaient au péril de leur vie osé... Ils étaient tombés sous les balles implacables des soldats surveillant cette frontière.
Nul ne devait rejoindre l'autre côté. Trahir leur patrie !
Traitres et ingrats !
Il était enfin tombé...
Cris de joie, de liesse, c'est était fini de tout ça !
J'étais en vacances, j'ai entendu, j'ai pleuré... Longuement pleuré, doucement...

Je me souviens de cet Est, celui même que décrit admirablement Makine dans ses romans.
Que reste t-il ? Des films, des images, des vieilles cartes postales, des Trabans, de vieux billets de banques, des clichés surtout !
DDR !
Des émotions, des souvenirs... Peine, douleur, bonheur, joie, souffrance tout cela mélés..
Vestiges de ce passé en ruines, de ce monde qui  n'existe plus,  remplacé par un autre, avant un autre... Peut-être ?
Derrière le Mur, il y avait la Terreur, l'angoisse et la peur, la crainte de l'autre, de son voisin, de la police, de la milice. La peur tout simplement.
Derrière le Mur, le silence était d'or, la parole pouvait tuer !
Ce derrière là, continent inconnu et obscur objet de tous les fantasmes en cet occident . De cet Est là  l'opulence et l'insolence occidentale ne voyait que des bolcheviks et des staliniens, des espions du KGB, où les gens n'avaient rien, avaient faim... Forcément.
Je me souviens des paroles  rapportées par mes enfants. Celles de leurs professeurs à qui ils disaient que leur maman avait passé un certain temps derrière ce Mur : "La pauvre ! Comme elle a du souffrir".. Ce qui les faisait rire !
Insouciance de la jeunesse, des jeunesses...
Certains rapportent avec une certaine honte qu'ils gardent de bons souvenirs de leur enfance pendant la guerre "on passait le temps dans les caves pour éviter les bombardements, et comme je détestais l'école, ça m'arrangeait bien...Je n'oserai jamais dire ça " m'a raconté un jour une personne agée maintenant !
Insouciance de l'enfance, mais n'est ce pas le propre de l'enfance justement ?
Cet Est était vivant ! Bien vivant, vivant dans la crainte d'être dénoncé, dans la peur du lendemain désanchanté, bien qu'il n'ait jamais vraiment chanté, dans l'angoisse de ce demain qui ne pouvait peut-être jamais arriver... Dans la souffrance d'être séparés à tout jamais peut-être de ceux qui étaient restés de l'autre côté avant que ne soit élevés ces sinistres barbelés séparant le monde en deux,  séparant les gentils  des méchants...Pour faire un monde où parfois le soleil était trop brûlant !
Des êtres bien vivants qui chantaient aussi, étaient heureux et attendaient que les lendemains deviennent un peu plus gais et se mettent à chanter. Enfin ! Car forcèment. Demain viendra
Car forcément il faut bien vivre !
Vivre en pensant à maintenant, à demain peut-être, à la liberté... De l'autre côté de ce Mur, où tout pouvait se dire, se faire, s'entendre, s'acheter... Peut-être ?
Vivre et rêver...
Rêver pour vivre...
L'espoir...
Il leur en faut, encore et toujours ! Il leur en faut du courage, de la patience, de la foi à tous ces peuples de l'Est pour continuer malgré tout à croire, à espérer.
 Rien n'a tué l'espoir, le désir et l'envie.
Aujourd'hui encore, plus que jamais peut-être ?
L'envie plus forte que tout de vivre et d'aimer, comme je l'écrivais à un ami, il faut avoir dans les veines de ce sang là, pour comprendre; il faut que dans ces mêmes veines coulent l'espérance et l'amour, l'abnégation et la foi, le fatalisme et le désir de vivre
Si je ferme les yeux, je me revois dans ces magnifiques forêts, ignorant alors que ces arbres abritaient les plus sinistres des camps, car de cela jamais il n'a été question !
Je revois ces banderoles et ces inscriptions qui nous exhortaient à remercier les soviétiques de nous avoir sauvés du diable capitaliste ! Ces mêmes qui  saccageaient, épuisaient, rendaient exsangues les terres fertiles et affamaient ses habitants !
J'entends encore cette propagande, tout le temps, partout, comme pour nous empêcher de penser... Occuper notre esprit, le conditionner... Pas de face à face avec son être seul, et si seul pourtant !
Si je ferme les yeux, je me revois avec mes amis rire et chanter, nous moquer de l'instructeur qui tentait de nous inculquer les idées essentielles qui feraient de nous des "gens de bien", de nous expliquer que plus tard le "monde serait mieux".
Ces vacances "cosmopolites" avec ceux des "pays frères" ...Toutes ces langues de l'Est dont le dénominateur commun était l'allemand, ou le russe, selon les moments !
Je me revois enseigner le français à des jeunes enfants, avides de connaitre tout de ce beau pays, qui avait vaincu le leur...Je revois les fêtes, les défilés, l'hymne national soviétique, les petits amis, "Micha mon frère" qui m'a montré comment faire un lit pour ne pas avoir froid.....

C'était à Prague...Il y avait un violon et tu disais...Les marronniers n'étaient pas toujours en fleurs, mais c'était à Prague....
Ce sont des moments, des instants brefs mais comme le dit Andreï Makine : Eternels. Je sens encore l'odeur de ces fôrets en même temps que cette peur lors de l'arrestation par les milices,  nous n'avions pas de papiers un soir d'été à Leipzig !
Aujourd'hui quand je retourne à l'Est, un seul regard suffit. Nul besoin de paroles. Nos yeux suffisent à dire. Si l'on se croise, nous, ceux qui ont connu ce monde là, celui qui n'existe plus.
Un seul regard pour nous reconnaître, pour savoir que nous savons.

Le regard de ce vieil homme dans le tram de Budapest ! Nous nous sommes dit tant de choses, en un seul regard. Nous avons embrassé toute une époque, tout un savoir....
Une tristesse infinie... Où se mélent mélancolie, nostalgie, mais laquelle ? Celle de ce monde déchu, ou de cette jeunesse qui brûle sa liberté en oubliant l'essentiel ?

Comme si tout tenait dans les yeux...A travers les yeux.... Une histoire sans parole !
Cette histoire est inscrite au plus profond de ceux qui ont grandi derrière ce mur, qui sont nés derrière ce mur, qui sont mort derrière ce mur... Elle est eux... Ils en gardent la trace pour toujours.. Comme l'accent, celui des Ossi et la langue, celle des Zeks !

Si tous ce souvenirs me reviennent aujourd'hui, un peu plus que d'habitude, c'est peut-être parce qu'il y a quelques jours, en France où je vis, un homme me voyant prendre des photos s'est approché et m'a dit "vous prenez des photos, pourquoi faites vous ça ?"
Cela faisait tellement de temps !
Je ne m'attendais plus à ce qu'on me pose ce genre de question... Dans un monde "Libre"
C'est aussi parce que j'ai à tout jamais et pour toujours cet Est là dans le coeur et dans la chair. Il fait partie de moi.
Ich bin Das auch !

mercredi 21 décembre 2011

Au tour de l'Art.

L'Art est-il beau ? Utile ou inutile ?
Futile ?
Essentiel, nécessaire...
l'Art est-il création de l'homme ou de la nature ?
L'Art est-il Création ? Tout simplement.
Qui décide ? Et de quoi ?

Le beau est singulier, L'Art est singulier, mais l'Art est-il beau, nécessairement Beau ?
Et le beau est-il nécessairement de l'Art ?
l'Art est parfois étrange, curieux, dérangeant, amusant, obcène, magique, merveilleux, différent il ne laisse pas indifférent.
Il plait, il séduit, il agace, il parle, il répond, il questionne, il interpelle, il apaise, il soigne, il est !
Il est ? Mais qui ? Mais quoi ?

L'homme décide ou pas,  l'homme pense ou pas, il pense et repense l'Art, l'oeuvre d'Art.
L'Art panse l'homme, son âme et ses blessures,
L'Art le met en joie.
L'oeuvre est-celle de l'art, nécessairement,
Faut-il de l'Art pour faire une oeuvre ?
Une oeuvre d'art, une oeuvre de l'art, un art de l'oeuvre ?
Achevée.. Achevé... Inachevée..
Sans fin, infinie et sans limites ?
Encadrer l'Art ? L'art en cadres ?

L'Art est nécessaire, l'Art est beau ou pas !
Beau ? Nécessaire ? Essentiel ? Encore.

L'Art est partout, si l'on veut,  si l'on regarde, s'arrête.
Il surgit de nulle part
Sans qu'on s'y attende !
L'Art nous surprend, et nous prend, là où nous sommes....

Il est dans la ville, la campagne, la forêt, la mer et le ciel...
Nous sommes présents à lui...
L'Art nous habite...
Comme nous l'habitons, l'accaparons. Il y a une réciprocité dans toute cette histoire là. Curieuse histoire en vérité, compagnonnage singulier, ignoré parfois, mais qui est là, silencieux mais rebelle, révolté mais fidèle.

Voir, entendre, écouter, goûter, toucher, sentir...
L'Art est ce qu'on perçoit, ce que l'on ressent.
Ce qui nous prend, nous entraine, nous découvre, nous prend, nous submerge..
Il prend possession de nous...
Le Beau en est-il alors le discours...
Où l'Art ne se dit pas, ne se justifie pas. L'Art est libre, aussi libre que la poésie de Prévert qui pour nous séduire n'use pas des artifices convenus.
Un art sans condition.
L'Art est parole ?

Le Beau est le sensible, ce que l'Art donne au sens dans l'intuition, dans sa vision.
L'Art qui nourrit, l'âme, le corps et l'esprit et qui s'en nourrit, s'en imprègne
Musique, peinture, sculpture, cinéma, poésie, littérature... Ce qui suscite l'émotion... Ce qui suscite les sens, l'essence du Beau ou pas !
Imiter la nature ou son reflet, infidèle copie, illusion magique, mise en scène tragique.
L'Art ?
Ce qui met les sens sans dessus, dessous, qui met les sens dans tous les sens, qui donne du sens ?
Du sens à la vie... Aussi

mercredi 14 décembre 2011

Certitudes ?

Certitudes ?

Etre sûr, certains... Serait-ce ne pas douter, jamais ?
Etre certain.. Serait-ce avoir confiance en soi ?
Etre affirmé comme on dit dans les magazines ?
Avoir des certitudes, des vérités ? Tenir pour vrai sans réserve aucune ?
Je me souviens de mon professeur de philosophie qui un jour affirma avec certitude "'les certitudes sont faites pour voler en éclats"
Le caractère volontairement polémique et provocateur de sa phrase devait nous interpeller.
A cet age, j'avais depuis longtemps abandonné le peu de certitudes que je pensais avoir,la vie s'en était heureusement (mais ça je peux le dire aujourd'hui) chargée.
J'avais très tôt compris que rien n'était jamais acquis, que tout pouvait vaciller d'un jour à l'autre, d'une minute à l'autre. Que chaque jour était à vivre....Et à penser.
Les certitudes seraient-elles donc ça, des choses, des notions,des concepts qui nous apporteraient la sécurité, la sureté, la confiance ?
Confiance ? Confiance en soi. A mes patients qui souffrent de ce manque de confiance en eux, j'explique que personne n'a jamais une totale confiance en lui, il serait fou de le penser, de le croire, de faire croire que cela est possible
Car une totale confiance en soi rendrait toute chose toute amélioration impossible. Rendrait le sujet aveugle. Lui ôterait toute possibilité de voir, autrement, autre chose.

La confiance en soi est toujours fragile, pour tous,  et il faut souvent remettre son titre en jeu ! Elle démontre fort bien l'impermanence de tout événement, de toutes choses, rien n'est définitif, jamais !
La certitude ou les certitudes sont ainsi faites, pour être remises en cause. Pascal soutenait que celles ci se trouvaient en la Science et en la Foi... Qu'en dire aujourd'hui ?
Seules les certitudes mathématiques peuvent s'entendre comme t-elles, résultats d'un raisonnement et d'une démonstration aboutie nous permettant d'accepter que deux et deux font quatre, il n'en va pas forcément de même pour les autres !
Sommes nous sûrs de ce que nous voyons ? Vraiment ? Bien sûr.. Sans aucune hésitation ? Vraiment ? Les yeux, les sens ne nous joueraient jamais de tours ?
Tours de passe passe ?
Nos yeux voient-ils, nos oreilles entendent-elles la même chose pour chacun d'entre nous ?
Même les mots n'ont pas pour tous la même acception...
Certitudes ? Incertitudes ?

Illusion et illusoire, Et la Science alors ?
La Science ne peut être tenue pour exacte, même si elle nous laisse ou nous force à croire qu'elle peut tout. D'ailleurs qu'est ce ou qui peut tout ?
Les certitudes scientifiques sont souvent requestionnées, rediscutées, ré évaluées... et permettent d'en mettre à jour de nouvelles, encore et encore...
Car rien n'est définitif ! Ne peut l'être.
Croire ou ne pas croire. Vivre avec des certitudes assure t-il une certaine sécurité à celui qui s'enferme dans cette illusion ?
Il n'est pas aisé de vivre dans cette impermanence, de se dire que ce qui est ne sera peut-être plus, demain, ou aprés demain.
Il n'est pas simple d'admettre que ce qui semble vrai aujourd'hui peut-être remis en cause tout à l'heure. Que tout ce à quoi on croit peut s'écrouler.
Vivre sans aucune certitude est impossible, dangereux. Une sorte de corde raide et de garde fou. L'homme a besoin de ce cadre là. Un sorte de pré carré où il peut évoluer, construire, édifier, vivre... Et laisser la porte et la fenêtre ouvertes. Regarder à l'extérieur, ce qui se passe, ce qui se dit. Il doit pouvoir en sortir et remettre cent fois sur le métier son ouvrage..
Resté cloitré à tout jamais est inconcevable !
Hors de la Caverne !
Car ne pas aller à la rencontre de l'autre, ne pas aller à la rencontre des certitudes de l'autre, ne pas exposer les siennes à cet autre,  ne pas partager, ne pas échanger est impensable !
La curiosité, l'ouverture d'esprit sont nécessaires, essentielles à tout être humain. Il en va de l'humanité et de son humanité.
Le sujet ne peut baigner dans l'illusion d'un savoir qui n'est qu'illusoire et factice.
Les certitudes au risque d'enfermer le sujet sont faites pour voler en éclats.  Au risque de l'empêcher de penser, de s'elever, de s'indigner, de croire, de dire, d'avoir une opinion doivent parfois voler en éclat.
Il lui faut alors re voir, re viser ses propres certitudes. Les remettre en cause et en question à la lumière de nouveaux élèments. La terre était plate, mais elle ne l'est plus !
Pourtant alors tout le monde avait cette certitude !
Et il n'a pas été simple, aisé, facile de l'admettre. Car renoncer à ses certitudes c'est dire "j'ai eu tord", c'est reconnaitre s'être trompé !
Perte de son savoir, d'une partie de soi ! Il faut pouvoir assumer ça et c'est aussi avoir suffisamment de confiance en soi pour être en capacité de le surmonter.  Dire et se dire, que notre pensée, notre avis a évolué.
Il ne s'agit pas non plus de se fondre dans le moule, de tendre vers l'Unicité dangereuse, mais d'accepter d'analyser des informations, des élèments et d'avoir un avis, de faire évoluer sa certitude !
Mais alors quid de la foi, cette croyance qui  ne repose sur rien de scientifique ni de mathématique, cette foi en une religion, en un dogme ?
Etre certain que c'est ainsi ! Que ce dieu est le seul, l'unique en lequel il faut croire et pire prendre au pied de la lettre son soit disant discours ?
Je n'apporterai aucune réponse. Croire ou ne pas croire. Nul ne peut affirmer qu'un dieu existe, et nul ne peut affirmer le contraire....
Des certitudes qui pourtant sont la source de bon nombres d'incompréhension, de guerres, de tueries, de violences et de haines, qui conduisent au rejet de l'autre différent, car il n'a pas les mêmes certitudes !
Des certitudes qui au lieu d'éclairer et de promouvoir les Lumières de l'homme l'enferme dans l'obscurité et les ténèbres. Le renferme dans la Caverne !

jeudi 8 décembre 2011

La poésie

Et si la poésie ne servait à rien ? Et si elle n'existait pas ?
Peut-on imaginer un monde sans cette parole là ?
La parole nous fait vivre et plus encore, ad venir dans le monde des vivants, dans le monde de l'humanité
La poésie nomme ce que nous ne pourrions peut-être pas dire, ou entendre autrement.
Rêver les mots ? Mais pas seulement.
Les assembler et les mettre en image.
Art éternel, pour l'éternité de l'humanité.
Peut-être ?
Mettre en mot, l'absurde et l'insolite, l'extra ordinaire et l'ordinaire
Le dire autrement, et pas seulement en rimant..
La présence de l'absence, la trace de la langue et de l'imaginaire
De l'irréel qui s'infiltre dans le réel pour en révèler les manques et les désirs
Désirs et envies d'être simplement en vie.
Simplement ?
Ou pas...
Poésie qui nomme la douleur, la souffrance de vivre, mélancolie de l'ennui
Questionnement éternel de l'humain qui se demande ce qu'il fait là et pourquoi ?
Seuls ces mots, ce langage là peut dire ça ?
Dasein ?
La métaphore, l'allégorie, rhétoriques de la vie qui parfois se traine, qui se subit qui se survit,
Mais qui ne suffit pas !
Trace de l'inconnu, du désir obscur enfoui au plus profond de l'être...
Nul n'est besoin, nul n'a besoin de tenter de définir la poésie,
Poésie de la vie, du rêve, du souvenir et de l'avenir !
Empreinte indélébile marquant au fer de l'âme l'esprit le plus rebelle, elle garde en elle le rythme des coeurs, le son des mots qui grondent à l'intérieur et s'échappe du gouffre qui fait peur !
Mais elle est là, il faut la saisir, la prendre au mot, juste, seulement un petit peu
Etre sur le quai, être à l'heure...
Car elle ne repassera peut-être pas ?
L'homme et la parole sont alors en marche pour ce rendez vous, cette rencontre sublime qui ne peut se rater !

samedi 3 décembre 2011

Antisémitisme

Je feuilletais hier quelques pages de la somme d'Enriquez* sur le lien social, une référence, malgré les années.
L'auteur tentait une explication de l'antisémitisme à la lumière des écrits de Freud (et ils sont nombreux à ce propos, quoi qu'on en dise)
Antisémitisme....?
Une ombre qui rôde depuis ? Des siècles. Un fantôme qui ne disparait jamais vraiment, qui va et vient, mais qui reste présent toujours !
Toujours ! Pas un seul moment de l'histoire du monde, de l'humanité, de France sans que ce mot n'apparaisse !
On ne parle pas d'antichristianisme, d'antibouddhisme... D'anti...Mais d'antisémitisme oui.
Certes les guerres de religions ont bien existées, des luttes fratricides ont ravagées la France à plusieurs reprises, et il en subsiste des traces encore,  visibles ou non !
Mais l'antisémitisme ?
Il ne s'agit pas dans cet humble billet d'en donner une explication, d'essayer de comprendre, de poser des hypothèses, mais simplement de porter notre réflexion sur ce que ce mot contient, comment il résonne, à quoi il renvoit !
Une peur ancestrale de ce qui est étranger, différent, qu'on ne comprend pas, la projection de toute la violence, de la haine, sur la victime émissaire, et nécessaire pour expier ce qui ne peut être accepté et nommé en soi...
Nommer, nous y voila...
Désigné.
L'antisémitisme est ainsi nommé, et avance ! Il prend forme, il prend vie, façonné par les rumeurs, les peurs, les rancoeurs..
 A de nombreuses reprises dans l'histoire il a été non seulement nommé, mais encouragé.
Il montre, démontre, monstre. C'est le monstre....Qui désigne celui qui doit mourir...
Il en fait la démonstration… Il en explique le bien fondé, la nécessité. Il faut détruire cet autre là, justement celui là.
Une mauvaise chose, une tare, une maladie, un vice, une monstruosité... que d'être juif.. !
L'antisémitisme devint alors le rempart de cette société malade d’elle-même et le seul pour combattre cette gangrène qui la rongeait alors !
En advint des justifications, des élucubrations trouvant leur origine dans la Science, le comportementalisme, la morphopsychologie.  La nécessité de légitimer !
Légitimer et légiférer, décréter. En sont témoins les lois de Vichy ! Plus zélés que les lois nazies !!!!
Puis tout s’en mèle, les médias, la propagande, l’art et la littérature, les écrits de Louis Ferdinand Céline en sont un florilège.
Etre antisémite devient alors nécessaire à la cohésion de la communauté, essentiel à sa survie puisque cette minorité la mettrait en danger, il convient donc de l'exterminer !
La solution finale....
Une mise en mot et une mise en actes...Nous le savons.
Nous connaissons aussi la suite....
L’horreur, la découverte ( ?) de cette horreur, l’homme face à ses démons, à sa haine à ses pulsions de mort, de destruction….
Pulsions terribles qui ne peuvent s’imaginer, se représenter, se mettre en mots !
Les survivants, pauvres fantômes ne sont pas tolérables ! Toute cette vérité n’est pas croyable, seuls des monstres auraient pu être capables !
Hannah Arrendt, le procès de Nuremberg, nous ont prouvé que non, ils étaient des hommes et des femmes ordinaires, pas seulement nazis, mais miliciens, français… Unis dans la haine du juif !
Il convient de condamner, de dire qu’il ne faut plus ! Devoirs de mémoires…

L'antisémitisme condamnable, condamné, car cette folie des hommes les avaient conduit à leur perte ! L'humanité s'était "des - humanisée" en stigmatisant une partie des siens, en les condamnant et les exterminant !
L'homme a tué l'homme, l'a sacrifié sur l'autel de sa folie... Personne dit encore n'avoir pu imaginer,
se représenter l'irreprésentable, l'in représentable.
Et pourtant ! Cela fut. A été. L'homme a encore du mal à assumer, à pardonner, à se pardonner... A imaginer que lui, l'être civilisé a pu...A se regarder. Car à présent il ne peut nier ! Il sait, il peut être celui là….Il doit se protéger.
Alors l'antisémitisme ne peut plus être, de doit plus être, est condamnable...
Car pas exterminé, pas exterminable...
Nous en avons la preuve aujourd'hui;
Il avance à grand pas, à visage découvert, si j'ose dire... Certains adversaires n'avançant que voilées... Mais ils annoncent clairement qui est l'ennemi, le nomme sans peur, sans crainte, au nom d'un soit disant dieu, d'un soit disant homme qui détiendrait une vérité... Celle qu'ils sont les meilleurs, encore ! Et qu'ils doivent combattre les infidèles !
Ces ennemis là, nous les connaissons, les identifions, aisément, clairement, ils ne se cachent pas...Au contraire, ils revendiquent haut et fort leur haine de l'autre ! De cet autre.
Alors ?
Quid de la bête immonde qui sommeille encore ! Qui sommeille au plus profond de l'être, du citoyen, du sujet ordinaire, qui n'est ni soldat de dieu, ni religieux quoi que...
Persuadé du bien fondé de sa terre chrétienne et du mal fondé du juif qui a tué le fils... le fils de son dieu... Il ne peut faire taire sa haine qui grandit au fond de lui !
Atavique, génétique, héréditaire presque pour certains...Pas tous !
Contrairement aux fous de dieu, celui là avancera à pas feutrés, sans se découvrir, c'est propre à lui depuis des siècles, l'histoire nous l'a tant et tant démontré ! Il ne peut plus brûler impunément de sorcières, intenter des procès en sorcellerie, dénoncer celui ou celle qui.. l'Inquisition n'est plus !
Erreur ! Celle ci sommeille encore, telle une taupe endormie, espion de la guerre froide, bien tapie au chaud du le lien social
L'antisémite nouveau, (pas si nouveau que ça) est là, et agit, dans l'ombre à son puissant et invisible niveau, il sévit, punit, décrète, choisit, laisse éclater quand il peut, comme il peut sa haine du juif, de l'élève au salarié, de l'étudiant au patient, du citoyen ordinaire au politique... Il est juif... Donc, voilà.... Différent, singulier...
L'antisémitisme pas si nouveau que ça ce sont les mots, les réflexions sur une personne dont le nom ne sonne pas trés catholique...En tous cas pas "d'ici".... Tout cela dans un cadre banal, dans une discussion banale de gens ordinaires !
Et de ressortir les clichés d'avant guerre, ces images immondes qui sommeillent toujours dans certains esprits !
Il ne leur faudrait pas grand chose à ces gens ordinaires, il suffirait d'un rien pour qu'il déterrent à nouveau la hache de guerre, pour qu'ils se laissent aller à leur haine ordinaire !

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne.

*Eugène Enriquez De la horde à l’Etat, Gallimard 1991
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Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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