Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

lundi 20 décembre 2010

Purge

Je viens tout juste d'achever Purge, de Sofi Oksanen...
Un livre qui ne laisse pas indifférent, loin de là.
Un livre pas facile à lire, qui va qui vient, dont les histoires et l'histoire se mèlent s'en mèlent, s'emmelent pour se démeler enfin.
Se démeler ? Je n'en suis pas non plus certaine.
Car il nous laisse sur des questionnements, des interrogations et aussi un certain mal aise.

Un livre qu'il faut lire cependant... Pour comprendre, comprendre un monde qui n'existe plus, mais qui subsiste encore.
Pour comprendre un monde qui existe à nouveau, un monde qui s'est retrouvé.
Pour comprendre aussi, ou tenter de le faire, les méandres de l'âme humaine
Une sorte d'étude de caractères...

Oui, un livre qui ne peut laisser indifférent !
Bien sûr je ne vous raconterai pas l'histoire, je veux seulement en dire quelques mots, partager les émotions, les sentiments, ce que j'ai ressentsi, en le lisant, en le refermant.
Purge est un roman. C'est l'auteur qui le dit. Qui l'écrit. Qui nous avertit.

Les deux premières pages représentent une carte géographique, celle de l'Estonie. "L'Estonie dans l'Europe du Nord depuis 1991"
La légende nous donne déjà quelques indications sur la nature du roman, de l'histoire de ces gens, estoniens, russes, exilés...
Cette carte est importante, je dirai presque essentielle pour aller au delà de l'histoire, du roman, pour le comprendre, comprendre les personnages...
La première clé.
Puis il nous mène en 1949, et nous livre les mots de Hans... Quid ?
Nous voila aussitôt dés la page suivante plongés en Estonie Occidentale en 1992...
Va et vient entre ces années 90 et ces années d'avant guerre, de guerre, d'occupation , puis d'occupation encore...
1992 voit la fin et la chute de l'Union soviétique. L'Estonie qui a tant souffert de l'occupation des russes, fête leur départ...
Tout n'est pas si simple....
Il y a eu la guerre, et avant la guerre, l'Estonie était libre, puis ne l’a plus été.
Il est question de liberté dans ce roman, de la liberté, des libertés aussi, individuelles, singulières...
Pendant toutes ces années, difficiles, redoutables, il a fallu survivre....
Et puis c'est l'histoire de deux sœurs, d’une famille ordinaire, dans ce pays.
Une histoire loin d'être simple, surtout lorsqu'il y a un homme...
Et puis des années plus tard, le temps qui passe, et il faut survivre au temps. Survivre tout simplement. Comme on peut, et parfois à quel prix ! Le prix de la vie.

Une histoire et des histoires, celle de gens ordinaires, mais peut-on l'être à cette époque, dans ces pays ?
Dilemme ?

Une écriture simple, ferme, précise et directe qui nous plonge au coeur de ce monde, qui plante son décor dans un village, dans une ferme. Presque pittoresque.
Qui nous plonge dans une atmosphère, souvent lourde, pesante, étouffante, angoissante, suffocante.

Un roman où il y a des odeurs, des odeurs fortes de nourriture, de cuisine, de confitures, d’oignons, de savons, de sueurs, de peurs, une vieille femme qui n'en finit pas de son passé, de sa mémoire, de l'oubli.
Un roman où il y a des images, celles des jours heureux, moins heureux, désespérés..
Un roman qui nous parle de la guerre, de la collaboration, du communisme, du soviétisme, d'un peuple nié, exilé, massacré, déporté.... Pour laisser place.
Mais place à quoi ? A des lendemains qui ne chantent pas, qui n'ont jamais chantés, qui ne chanteront jamais...
Heureusement, le peuple d'Estonie pourra chanter à nouveau !

Ici il est aussi question d'identité, de l'identité d'une nation, de l'identité d'un peuple qu'on veut anéantir, lui ôter ce qu'il a de plus chers, la langue, la religion, l'hymne et le drapeau.
Un peuple qui doit se fondre dans la masse, celle de l'immense Union des Républiques soviétiques, n'être plus qu'un misérable maillon d'une gigantesque machine inhumaine, sans véritable identité, sans véritablement quelque chose qui la singularise si ce n’est l’attachement, ou la soumission aveugle à un soit disant » petit père »...
Ou la seule identité, tolérée, acceptée, revendiquée est l'identité du Parti, celle qu'un groupe de fous veut imposer à une population terrorisée
C'est aussi l'identité de deux femmes, une vieille femme et une très jeune
Et des fantômes, qui surgissent tout d'un coup de l'oubli, du passé, de la mort aussi... On ne sait ?
Identité.
C'est aussi un livre qui parle d'amour... De l'amour... Et l'amour n'est pas toujours simple, pas toujours partagé, souvent convoité, envié. Source de bonheur et de bien des malheurs, de haine, de violence
L'amour d'un homme, l'amour d'une soeur, un amour souvent proche de la haine
Et une haine qui conduit à la perte, à la destruction, au mensonge....

Une histoire qui cache des secrets, plusieurs secrets, que le lecteur devine au fil des pages, sans savoir vraiment...De lourds secrets de famille aussi, trahisons, survie, amour,
Une histoire en lien avec l'Histoire, celle de l'occupation soviétique....
Qui est vraiment qui ?

Que représentent ces quelques mots, en début de partie, écrite par Hans....
Et puis cette fin, ces rapports "top secret" où il est question "d'objet interrogé"
Objet, sujet ?
Encore...
Ustensilisation et manipulation, dépersonnalisation encore de l'individu, qui de sujet devient "objet auditionné"... Objet questionné, objet torturé...
Une description et une narration chirurgicale au scalpel, pas de pathos, de sentimentalisme, pour exprimer pourtant tant de sentiments torturés, bouleversés par les événements et les tourments de l’âme.
Des vies ratées ? Peut-être pas tant que ça ? des rendez vous pas si manqués non plus, des départs, et des attentes. En vain
Mais des rencontres, inattendues ? Inespérées..
L'espoir d'un retour, l'enfer de l'exil..
Vivre et survivre prennent parfois un chemin difficile...

L'auteur, en écho à la carte géographique termine sur une chronologie : de - 9500 (fonte des glaces) à Aout 1994, où les dernières troupes russes quittent l'Estonie. Fonte des glaces ,de la glace. Là aussi.
Connaitre l'histoire de ce pays est indipensable pour donner tout son sens au roman... Savoir combien de fois l'Estonie a été libre, puis ne l'a plus été....Comprendre ce que représente la Forêt... Pour le décoder
Pas seulement un support historique, mais aussi et surtout une clé pour lire... Entre les lignes, pour comprendre la portée des mots, qui prennent alors tous leur sens, leur puissance...
Une sorte de mode d'emploi qui nous incite aussi à revenir en arrière, relire certaines pages, certaines lignes pour leur donner leur juste mesure.
Car rien n'est laissé au hasard dans ce livre. Ce qui semble le plus anodin, la recette de cuisine ou l'unité monétaire en cours signifie beaucoup..
Zara et Aliide tiennent à elle deux les rennes de l'histoire... Et puis Hans...!

Un livre que je relirai dans quelque temps...Encore
Purge, une histoire de l'Histoire, un roman estonien. un roman pour l'Estonie libre.

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne.
Purge de Sofi Oksanen, traduit du finnois par Sébastien Cagnoli, aux éditions Cosmopolites Stock.

jeudi 16 décembre 2010

Histoire de la fessée.

http://www.lemonde.fr/livres/article/2010/12/15/histoire-de-la-fessee-de-jean-feixas_1453724_3260.html

En lien une histoire de la fessée ! Quel programme.

Une histoire source de bien des histoires et de questionnements
Pour ou contre la fessée, le châtiment corporel ?
Châtiment infligé publiquement parfois... Encore !

Interdite dans certains pays, prônée dans d'autres, en usage en France de nos jours, elle suscite de nombreuses questions :

Doit on ? Peut-on battre, taper, corriger un enfant, son enfant ?
Dans quelle mesure et pourquoi ?
De quel droit ?
Se donne t-on ce droit ? Le prend on ?
La fessée pour punir.
Battre.... Il s'agit bien d'une violence faite à autrui, et à un enfant....

Quelle est la place de l'enfant ? A t-il son mot à dire ?
Doit-il supporter sans broncher ce châtiment.....Corporel ?
Qui touche au corps, qui blesse le corps, et dans ce cas précis, pas n'importe quelle partie du corps....
Humilation, châtiment.... Honte infligée ? Tout cela pour punir.

Mais ce livre ne traite pas que de cette fessée là, celle qui préoccupe parents et éducateurs
C'est une véritable histoire à travers les époques qui nous est racontée...
L'auteur en effet nous entraine dans l'Histoire. De l'Antiquité à nos jours et nous décrit tous les autres usages de la fessée
En passant par ses vertus thérapeutiques, ses bienfaits et ses pratiques érotiques...

A lire donc, pour s'instruire, pour comprendre et pour s'interroger sur cette pratique singulière qui fait couler des larmes et de l'encre.
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Nota bene

Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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