Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

mardi 16 février 2010

Al z ailleurs

Ailleurs...
Ce n'est pas seulement une impression, mais presque une réalité.
Une sorte d'autre ailleurs
Une curieuse, étrange rencontre

Lorsque je travaillais à l'hôpital, je rencontrais souvent des personnes âgées, malades de l'âge le plus souvent "de vieilleries" me disaient-ils en souriant tristement
Et je rencontrais aussi ces patients atteints de ce mal de l'oubli, de ce mal qui ne guérit pas, qui plonge dans les ténèbres de l'oubli.
Eux et leurs familles... Je ne sais ce qui était le plus difficile, pour qui c'était le plus difficile, eux, ou leurs proches, eux si lointains de leurs proches. Leurs proches si désemparés, si loin !
Proches ?
Qui ne comprenaient pas.... Cet éloignement là.
L'oubli, des choses, présentes, l'oubli du présent. Des choses élèmentaires...
Ne plus savoir ce qu'il faut faire, comment manger, se laver, s'habiller...
Terrible que cela !
Mais terrible pour qui?
Un ailleurs alors, un monde étrange, étranger, pour nous, pour eux.
Quel monde ?
L'oubli de soi, des autres, de là, de la vie, ne plus être... En vie !
Yeux hagards, décharnés, teints blafards...Ils étaient là, allongés, sanglés sur un lit ou sur un fauteuil pour ne pas errer dans les couloirs, s'échapper, "se mettre en danger"
Vingt ans plus tôt ces mêmes patients étaient internés dans les services psychiatriques destinés aux "patients chroniques" car leur entourage ne pouvaient les garder à domicile. Ils auraient pu mettre le feu, faire "n'importe quoi....' qui les aurait mis en danger... eux et les autres
Je n'oublierai jamais ce vieux monsieur, que sa femme me confia, jeune stagiaire il m'appartenait alors de "faire l'admission"
"Démence précoce"... Détérioration temporo spatiale...
Comme cet entretien fut difficile pour moi, je devais ravaler mes larmes... Je n'oublierai jamais !
Le "vieux monsieur" parlait d'une manière incompréhensible, usait d'un langage inconnu, ne reconnaissait plus son épouse, était devenu agressif .
"lui, si gentil"...."si vite" me dit-elle... Démunie, tremblante, épuisée, elle ne savait plus. Le médecin de famille avait signé les papiers...
Et j'ai vu ce vieux, gentil monsieur se dégrader comme on disait alors, vite, vite, physiquement, psychiquement
J'ai écouté cet oubli, ce désarroi. Ecouté, car je ne pouvais rien, ni dire, ni faire
Impuissants que nous sommes devant cette misère là !
Vingt ans plus tard, le scénario est le même, on ne parle plus de démence précoce. La médecine dispose maintenant d'un terme plus savant, scientifique, un peu moins angoissant !
Pourtant....
Je reconnais les visages épuisés, tristes, vidés de ces proches harrassés par le conjoint qui "perd la tête'... Ils ont tout fait, pour "le garder à la maison" Mais ...
Il ne reste plus alors que l'hôpital, général, (car la psychiatrie, j'ai envie de dire malheureusement, en ce qui concerne le temps, la formation des personnels, plus à même de ces prises en charge là) s'il est souffrant...
Puis "une maison" disent-ils pudiquement, en s'excusant de ne pouvoir tenir, de ne pouvoir faire cet effort là, au détriment de leur santé, de leur vie, de leur existence à eux;..
Ils cherchent alors à se justifier, à s'excuser..


Comme si..
Pourtant ?
Qui pourrait se donner le droit de juger, de condamner...
S'engage alors souvent une lutte sans merci entre les services médicaux, sociaux, le psy, la famille...
Rendement, prix de journée, lit à vider, manque de place, pas de service à domicile disponible...
On fait quoi ?
Leurre que tout cela... Car on n'oublie presque le patient, lui, celui qui a oublié
Oublié l'oubli...
On oubli qu'il est toujours là, même si lui ne sait plus vraiment, ne sait plus non plus ce qui serait bien pour lui. Ce libre arbitre qui lui a été confisqué !
Peine capitale !
Il faut alors décider... Le "mettre quelque part" le placer, comme on place un objet dont on ne veut plus, qui ne sert plus.. A rien...
Placement ! Ce mot me faisait tellement horreur, que je le reprenais à chaque fois lors des réunions, entretiens....
Mais comment dire ?
Orientation ? Hébergement ?
Manier habilement l'euphémisme, se rassurer avec les mots, ne pas vraiment dire encore, une réalité affligeante, consternante, mais qui ne se peut être autre, autrement
Souvent, les soignants, je l'ai écris déjà, exigent des familles, des proches des attitudes invraisemblables, car il faut "faire une sortie" "vider les lits"... Les invitant alors à reprendre le patient au domicile
Ce qui ne s'avère pas possible, du moins durablement. Peu de choses, sinon rien n'est prévu pour ça, l'hospitalisation à domicile étant un mirage, si ce n'est une illusion
Ainsi, l'ailleurs, un autre lieu devient nécessaire, indispensable pour chacun. Pour le repos de chacun, la sécurité de chacun
Ailleurs... C'est aussi priver de ce qui reste, un peu, qui ne s'efface pas totalement, ce qui revient de temps en temps... Un bref instant.
Illusion encore, espoir pour cet autre, qui croit, qui se voit reconnu, un peu
Souvenir..
Et puis l'espoir s'évanouit comme la mémoire, les yeux embués de larmes on voit disparaitre dans cet endroit étrange et étranger celui ou celle qui fut le compagnon ou la compagne de ces années là.
Il ne reste plus rien, des souvenirs, et le regard. Le regard lointain, étrange, étranger à lui même et aux autres, vide, mais pas tout à fait, de celui qui a tout oublié ou presque...

Je est non seulement un autre, mais il est ailleurs...
All Zheimer !

A eux, qui sont, ont été, et seront encore....A leur famille, proches, amis..

Cougar ?

Cougar, chasse, chasser....


A faire bondir les féministes
Les femmes en général !
Peut-être ?
Peut-être pas...

Cougar... Félin splendide, splendide prédateur...
Alors ?

Cougar..... ?
Pour désigner ces femmes (encore elles !) qui osent braver ce qui n'est pas explicitement un interdit, mais quelque chose qui dérange !
Ces femmes (toujours elles) qui osent aimer, avoir une liaison avec un homme (ouf disent certains et certaines) plus jeune qu'elle (quand même ! ajoutent ces mêmes)
Ainsi va la vie....
Manque évident d'élégance !

C'est un article lu hier à propos d'une vedette qui me fait réagir !
Une femme amoureuse... et qui s'affiche avec un homme de "beaucoup d'années son cadet'"
Elle ose !
Mais le plus consternant sont les commentaires générés par ce billet
Des mots émanant pour la plupart de femmes, d'autres femmes, qui jugent, ironisent, se moquent, critiquent véhément, condamnent complétement
C'est honteux écrivent-elle, "cette vieille qui s'amourache d'un jeune homme" "d'un garçon qui pourrait être son fils ! "
Nous y voilà, vraiment... C'est donc là que ça coince.. Une femme qui pourrait être la mère de l'homme de sa vie !
Aie aie aie..
Cette situation est rendue incestuelle donc insoutenable, irreprésentable
Une femme avec un homme qui a l'âge (soit disant?) d'être son fils.
Nombreux sont ces commentaires à ce sujet là. Combien de fois j'entends ça !
Il n'est pas pensable, pas représentable, correctement envisageable qu'une telle différence d'âge puisse exister... Cela heurte à ce point les esprits. Ce n'est pas dans l'ordre du possible
Pourtant ces situations existent ailleurs que dans les rubriques people des journaux. Dans la vie, courante, celle de tous les jours....
Les regards sont là aussi... Les commentaires tout aussi désobligeants. Une femme qui ne pourra pas être mère. Etre la mère d'un enfant avec cet homme là qui pourrait en revanche être son fils. Qui ne pourra plus être mère, car elle est trop vieille.
Mais trop vieille pour quoi ? Pour être mère ! Mais pour aimer, y a t-il un âge socialement correct pour aimer un homme, une femme ?
Combien de remarques souvent ironiques, voire cyniques ais-je entendu à propos des relations amoureuses des personnes agées. De ces "vieux" qui tombent amoureux, qui vivent à leur age une histoire d'amour.
Quelle chance ils ont ! Et comme ils sont heureux ! Comme ils rayonnent d'avoir trouvé un compagnon, une compagne pour continuer la route, encore un peu !
Idées reçues, clichés, envie...
Qu'est ce qui se cache derrière cette attitude de dénigrement, de mépris, de méchanceté..
Quelles pulsions réfrénées ? Quels désirs inavoués ?
Là...

mercredi 10 février 2010

Troubles


Refuge ?

Elle a passé sa vie sans vraiment être là, un peu là. Un peu ailleurs, réfugiée dans des souvenirs, les siens.
Elle a passé sa vie parce qu'il fallait bien le faire, bon an, mal an, comme ça, comme si elle attendait quelque chose, sans vraiment savoir quoi.
Elle est restée là, un peu d'elle même figé, fixé dans ce passé là, dans cet ailleurs là qui était bien, mieux, qui aurait du être : si...
Dans un ailleurs vrai, bien réel, loin en distance mais proche en son coeur. Un autre lieu, celui où elle est née, mais qu'elle a quitté, un jour, pour ?
Elle ne sait plus très bien
Elle aurait du pourtant le quitter cet ailleurs là, pour un autre, bien plus lointain
Mais elle ne l'a pas fait

Pourquoi ?
Pour qui ? Plus justement, exactement, pour ceux qui ne voulaient pas qu'elle parte, pour eux, pour ces mêmes là qui voulaient la garder, là, près d'eux, parce que...
Ils pourraient peut-être avoir besoin d'elle, un jour, qui sait ?
Mais eux, semble t-il savaient
Alors elle n'est pas partie dans cet ailleurs là, n'a pas franchi cet océan immense qui l'aurait emmenée loin, de l'autre côté.. Elle est restée, elle s'est résignée .
Résignée, c'est sûrement le mot, qui résume toute son existence, résignée, et pire encore pour expier ce je ne sais trop quel désir, quel rêve qu'elle avait au fond d'elle même, elle s'est punie, toute sa vie.
Punie, sacrifiée, sans se plaindre pourtant, sans un mot, jamais.
Une colère sourde pourtant, une colère profonde, intérieure, une douleur, une écorchure, une plaie béante, impossible à refermer... Au fond de son être, de son âme blessée, écorchée vive.. Au fond de son coeur...
Son regard triste, lointain restait lui aussi figé dans des souvenirs, ceux d'une jeunesse lointaine, d'une insousciance où tout semble possible, il suffit de vouloir, vouloir vraiment

Cette jeunesse là qui sourit, qui regarde et vous dit "Vous allez voir"
Nous n'avons pas vu, nous n'avons rien vu, et n'avons été que les tristes spectateurs d'un spectacle qui s'est achevé dans la douleur.

Une tragédie que cette vie là,
Une vie passée sans vraiment voir, regarder, sentir, aimer...
Une vie passée pourtant
A expier les fautes passées, celles de les avoir rêvés, d'avoir révé sa vie, une autre vie ailleurs, loin, très loin
Alors, puisque cet ailleurs là n'a pas été possible, advienne que pourra, peu importe
C'est comme ça que la vie s'écoule, coule dans des veines qui n'ont guère besoin de ce sang là, qui n'ont guère besoin..
La vie est triste après tout, alors ! Faisons comme si.

Courbons l'échine, rangeons au fond du placard, bien tapis au fond des armoires, ces souvenirs là, ces promesses de bonheur là pour soi, car on ne les partagera pas, qui comprendrait ? Qui en voudrait ?
Personne.
D'ailleurs elle n'a aucune envie de partager, de dire, d'échanger, de donner, de parler, elle n'a aucune en vie


Seule au monde peut-être pas ?
Mais à quoi bon, à qui donc se raccrocher
Toute la vie est un chemin semé d'embûches, de cailloux, qui ne permettent pas de retourner sur ses pas, sur les pas du rêve, de la liberté, de la vie, de ce qu'elle avait esperé.
Elle a continué, malant, bonant... tout doucement
Son seul refuge fut sa solitude, la haine de l'autre ? Peut-être pas ?
Puis petit à petit... un nouvel espoir

Celui du bout du chemin, cette route qui bientôt s'achève, bon an, mal an
Alors tout doucement, l'oubli est venu, pas celui d'hier, ni d'avant hier, mais l'oubli d'aujourd'hui, de ce maintenant, de ce présent là qui s'est passé. D'un présent, qui n'était pas le futur rêvé.
Oubli de ce présent là, pour enfin pouvoir vivre vraiment l'hier.
Enfin !

Doucement elle s'est donné le droit de l'oublier ce présent là, ne reconnaissant plus "ses proches" puisqu'ils n'existent pas, et n'auraient pas été, si ce passé rêvé avait existé
Doucement elle s'est glissé dans cet oubli là
Ultime refuge, enfin !
Un peu de paix dans ce destin troublé, dans cette tragédie de la vie..
Un droit à l'oubli, où elle ne s'épargne pas..
Mon seul regret à moi est de ne jamais avoir pu lui dire que j'avais compris !

A J.

jeudi 4 février 2010

L'art nous transporte...

Certes...
Quand on regarde le peintre qui nous touche, un peu plus, cet artiste qui semble ne parler qu'à nous,  et à nous seul, tant il nous parle, vrai et juste ; quand on s'arrête devant ses toiles, son art à lui, bien à lui.
Sa sensibilité, ses couleurs... Ce qui vient du coeur,de son coeur sincèrement, profondément

Alors cet art là nous touche, forcément...
Mais c'est plus que ça, il fait plus que ça, il nous touche oui, là où on l'attend le moins parfois, là où ça résonne pour raisonner plus fort, encore !
Mais...
Il nous transporte
L'art nous transporte...

Cette phrase me trotte dans la tête depuis longtemps, depuis que je l'ai lue, depuis que j'ai vu ces (ses) merveilles..
L'art nous trans porte. Nous porte ailleurs, trans... ?

Oui, c'est vrai, il nous porte ailleurs....Il nous emmène, nous conduit, nous mène vers ?
Mais où ?
Vers quel pays magique, mythique, merveilleux ?
Vers quel continent mystérieux ?
Il nous prend et nous emporte, nous enlève, brusquement, parfois, plus lentement aussi, et tel Ulysse nous mène vers un long voyage,
Il nous emporte loin au loin, au confins des frontières, au confins de nos limes, de nos limites, de nous même peut-être ?

Il nous montre, si on se laisse faire, si on se laisse aller, si on lache prise, si on accepte de jouer le jeu !
Et quel jeu que celui là ?

Mais quel jeu ?

Un jeu d'amour et de rencontre, celui de l'oeil de l'artiste, cet oeil qui guide cette main elle même guidée par l'âme, une sorte de jeu où personne ne joue de rôle, si ce n'est que le sien, le sien vrai, authentique et véritable !
Et ce rôle là, ce n'est pas rien
Le rôle de toute une vie, le rôle de sa vie, celui qu'on ne répéte pas, qu'on ne rejoue pas, qu'on vit au jour le jour, sans tricher...
Un rôle de composition, où il ne faut composer qu'avec soi même, celui du miroir, celui de l'âme, celui de la toile..
Car pour toucher l'autre il faut être vrai, authentique et sincère

Et c'est tout ça, qui nous touche et nous transporte
Vers le monde que l'artiste  crée, élabore avec force, amour, tendresse, sensibilité, délicatesse, pour que le spectateur devienne acteur.
Acteur lui aussi, pour qu'il puisse lui aussi, s'il veut, le souhaite, le désire, jouer une fois, rien qu'une fois peut-être le rôle, l'unique !

Car les toiles s'animent, une sorte de pays des merveilles s'en trouve, ou chacun trouve sa place, prend sa place et joue, non plus à faire semblant mais à être lui même peut-être enfin !

Car si elles nous transportent.... Elles nous y conduisent bien..

Surprenantes et déroutantes parfois ! Elles nous émerveillent et nous forcent à voir, au delà d'elles mêmes
Nous conduisent aux portes, celle qui ne s'ouvrent pas si facilement, car fortement scellées.
Elles nous conduisent devant ces portes.

Les portes de nous mêmes ?
Elles nous donnent aussi la clé..
A nous de la tourner, ou pas, d'ouvrir, un peu, ou pas, beaucoup...

Ca vaut le coup, du moins d'essayer...

Car ce qui vient du plus profond de l'âme, ne peut toucher que le plus profond de l'âme de l'autre, s'il y prête garde, s'il fait attention, s'il s'arrète, s'il s'offre ce temps là.. Ce temps initiatique
Il s'arrète alors et regarde, voit et contemple, il ne s'en va pas, pas encore, encore un peu de bonheur, de chaleur, de lueur que se donne le regard.

Et le travail, s'opère, longuement, ça touche ! Ca prend, la rencontre est là.. On s'arrête et on repart, après, longtemps après parfois, et on sent dans et par tous les sens...
On sent que quelque chose s'est passé, un presque rien, mais un rien qui compte et qui n'est pas rien
Ce petit quelque chose qui fait qu'en regardant il s'est passé quelque chose au fond de soi, une sorte de bouleversement, de frissonnement, de crépitement de l'âme !

Une rencontre entre soi et soi !
Un rendez vous qu'on ne s'est peut-être pas forcément donné
Mais qui sonne, qui crie, qui appelle, et qui arrive, là, qui ad vient !

Car l'art, celui là, du moins nous transporte aussi loin qu'il le peut, dans des contrées inexplorées, insoupçonnées..
Au plus profond de nous même, il nous fait ressentir,des émotions,des sentiments, des affects, et doucement nous les fait dire, nommer, fait mettre des mots, sur ces ressentis là.

Oui, il nous emporte,

Nous emporte, là, dans ces lieux là. Nous fait découvrir l'étrangeté de notre être, ce qui est étranger à nous même et qui nous fait peur, ce qu'on ne sait pas de soi, car on ne sait pas tout de soi.

Alors on est surpris par... Cette petite larme qui coule devant cette toile qui nous touche,qui nous donne de la joie, ou de la tristesse, qui raisonne, qui fait !
Ou cette musique, ces mots, ces quelques vers...
Qui font..
Ces émotions qu'on réfréne souvent pour ne pas être ridicule, qu'on ne montre pas. Mais qui sont là, tapies au fond de notre coeur..
Ces émotions qu'on ne peut réprimer en regardant ces toiles, ces toiles là parce qu'elles forcent peut être la vérité. La laisse s'échapper !

La vérité singulière qui est au fond de nous, l'émotion cachée, perdue, et retrouvée.. Ce sentiment qui fait de chacun un sujet singulier accédant à l'humanité et l'amour !

L'art nous transporte, tu as raison l'Artiste, il nous emporte vers un voyage et nous permet peut-être ce rendez- vous avec l'inconscient, le nôtre... Continent inexploré !

Il permet une lecture du sujet étrange et étranger, qui nous est caché, que nous avons enfoui,
Il nous encourage à partager, à partager les mots qui nous viennent devant ces merveilles, les mots des émotions..
Un partage qui appelle un partage, un échange, des mots pour dire ce singulier et unique ressenti

Ainsi se forme, se tisse et se met en place, une sorte de langage, singulier lui aussi... Une sorte de langue, étrangère elle aussi, car elle ne ressemble à rien d'autre... Pourtant, mais que chacun comprend, parce qu'elle exprime ce qui est au plus profond de lui.. De son être
Une langue nouvelle, qui va au delà des mots, de leur acception.

Le langage des émotions que chacun ressent à sa manière, et que chacun peut traduire et dire
La langue de l'inconscient... L'inconscient de l'un et l'inconscient de l'autre
Encore....
Encore une belle rencontre !

C'est alors le moment de mettre des mots, sur les rêves, les peurs, les désirs ou les fantasmes
Oui, l'Artiste, tu as raison, l'art nous transporte !
Vers nous ce nous même inconnu, intime, étrange, il permet cette rencontre unique et singulière, encore une ! Ce rendez vous que nous n'avions pas pris, peut-être mais qui ad vient, de surcroit, au moment où on s'y attend le moins
Ce moment là de la rencontre avec le peintre, avec son langage...
Inconscient de l'un, inconscient de l'autre encore !
Ce moment où face à face enfin avec soi même on peut être sincère, authentique et vrai, rien qu'un moment, rien qu'une fois
Car l'art nous transporte là où peut-être le sujet ne pourrait aller seul, craignant de se perdre, de ne pas retrouver son chemin...
Mais l'art nous guide aussi...Et nous offre cette fabuleuse aventure d'où l'on ne revient jamais indemne !

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne

mardi 2 février 2010

Sans visage et sans nom

"Sans visage et sans nom"

Ou le ravage des thérapies...
Je viens de terminer l'impressionnant ouvrage de Clémentine Séverin, Sans visage et sans nom.
Sans visage et sans nom...Sans. Privatif, privation... Ce qui résulte de ces années d'incompréhensions, de ravages, de tumultes, de souffrances, de douleurs, de ces années vécues par l'auteur..
Sans... Pourtant le résultat de ces années là, de ces années de thérapies n'est pas rien, n'est pas sans... S'il prive le sujet de son identité, de son image, il lui offre un monstrueux cadeaux, le pire de tous: La souffrance, cette douleur justement qui lui colle à la peau, qui envahit son esprit, qui obscurcit sa vie, qui la touche dans ce qu'elle a de plus précieux.
Le désir, la soif, de vivre...

L'enfer des thérapies, la longue descente dans ces abîmes, la spirale infernale, le piège qui se referme lentement, sûrement, fermement. Le piège, la prison, l'enfer... Dont il faudra pourtant sortir, mais à quel prix....
Ce pourrait être simplement l'histoire d'une rencontre ratée, d'un rendez vous manqué... Seulement ça, une rencontre qui ne s'est pas faite, qui s'est mal faite, sur de mauvaises bases..Une sorte d'incompréhension entre deux sujets... Ca...
Mais s'il y a un peu de ça, il n'y a pas que ça. Pas seulement que ça !

Clémentine courageusement écrit, mais elle écrit depuis toujours, c'est peut-être ça. Elle noirçit des cahiers, elle dit, elle se confie, leur parle. Pendant toutes ces années, presque au jour le jour, elle écrit, elle partage avec un cahier, tout. C'est peut-être ça, peut-être ça qui la maintient en vie, la tête hors des flots...
La sur vie !

Pour écrire ce livre elle ouvre à nouveau ses cahiers, témoins de son désespoir, de son malheur d'alors, de ces jours pendant ces thérapies, ses thérapies à Elle. Ses, ces rencontres avec ce (ces) tiers, qui nous apparaissent sous un jour monstrueux.
Elle nous décrit, sans concession, avec des mots simples, justes, percutants, touchants, ces rendez vous, ces entretiens, ces espoirs, déçus, cassés, brisés....Cette vie alors en miettes !
Elle se replonge dans cet enfer pour dire, témoigner, dénoncer, mettre en garde...
Alors on se demande : Pourquoi ? Pourquoi cette mayonnaise là, ne prend pas, n'a t-elle pas pris. Jamais ?

A chaque page, on s'écrie, mais pourquoi ne leur claque t-elle pas la porte aux nez ! Pourquoi ne les en voie t-elle pas promener !
On se demande...
Pourquoi ?
Ce Warum qui n'appelle qu'un Darum comme seule réponse !

Des rendez vous manqués, comme si les montres des protagonistes n'étaient pas réglées sur la même heure, ne pouvaient l'être.
Comme si la langue n'était pas la même. Une langue que l'autre ne comprend pas, n'entend pas, des mots qui ne sonnent pas de la même manière. Des mots qui n'ont pas la même représentation, la même acception, la même symbolisation
Ce même là qui fait toute la différence, celle qui fait, qui pose la singularité de l'autre...

Pas au diapason, l'un en attente de l'autre, l'un en espoir de l'autre
Et l'autre, ce tiers, qui se dit analyste, qui se dit thérapeute sans attente, sans espoir sûrement... Mais où ?
L'autre qui se dit, faute d'être plaçé, qui semble jouer, non une, mais jouer à l'analyste, au thérapeute
Et qui interpréte, qui dit.. Ceci ou cela, C'est comme ça !
C'est ainsi, vous...Et de plonger l'autre dans ce questionnement sans réponse,
L'autre supposé savoir, mais qui ne sait rien, cet autre qui semble ne pas comprendre que le sujet en souffrance a au fond de lui cette réponse, sa réponse, celle qui est sienne, qui lui est singulière, sa vérité
Mais non, ce tiers non responsable lui plaque sa vérité à lui, une espèce de vérité qu'il travestit au gré de sa fantaisie toxique et perverse...Ce tiers... Qui l'embarque pour une traversée dans des eaux troubles et sombres, sans lui donner la lumière, ce mince rayon que tout être se doit d'entrevoir pour poursuivre, continuer sa route.. Mais qui use

Qui profite de la souffrance, de l'inexpérience, de l'attente immense, d'un sujet en souffrance, (peut-etre pas d'ailleurs au début)
C'est peut-être ça qui cloche.. la question de la souffrance et du désir du sujet, de son propre désir de l'analyse, de la thérapie...De la nécessité, du besoin de la thérapie...
De ces sujets qui poussent notre porte pour nous demander une thérapie... Car le médecin, ou untel leur a dit que peut-être cela serait pas mal, les aiderait...
De ces sujets qui finalement ne vont pas si mal... Qui ne sont demandeurs pas plus que ça, car comme ça va plutôt bien que mal.. A quoi servirait une thérapie ? A fortiori une analyse ?
C'est peut être ça...

L'auteur nous explique qu'elle prend ce rendez vous sur les conseils d'un cadre pédagogique qui pense que...
De quel droit pense t-il ça ? De quel droit prend t-il ce droit, cette liberté de prodiguer un tel conseil ? De quel droit s'autorise t-il à engager une personne sur une telle voie.. Une élève de surcroit...
Une étudiante qui aime son travail, qui s'investit dans l'étude, qui dévore des livres, qui étudie, qui a cette soif de connaissance, de culture... Cette soif, cette faim, que ce cadre ne comprend pas, qu'il qualifie de "pathologique" ?
Et après ? Même s'il en était...
Et d'orienter son étudiante vers "le meilleur psy de la région parisienne" Quid du meilleur ? De l'excellence d'un psychanalyste ? Qui peut dire cela ? Quel sens a cela ? Qu'est ce que cela
Comment un psychanalyste peut-il être excellent ? le meilleur ?....
Puis se met en route peu à peu la machine, une toile perverse se tisse, une sorte d'incestualité entre l'école, ce cadre, ces psy...
Injonction à la thérapie ! Engagez vous... Vous verrez du pays... Sauf que ce pays, c'est l'inconscient, que pour cette rencontre il faut être volontaire, en avoir envie, le désir, profond.
Sauf que pour ce rendez vous, il faut savoir... Que ça peut bouleverser, que ça peut ramener des souvenirs, des... Et que...
Mais que l'analyste, justement est là, une sorte de filet... Pour le funambule...
Sauf que dans le récit de Clémentine, le voyage est hors piste, pas de filet... Mais un analyste pourtant, soit disant le meilleur sur la place que... Aie !
Sauf que parfois le funambule, même le meilleur sur sa corde raide, peut vaciller, sombrer, tomber... Et que l'analyste, le thérapeute...
Sauf
Et le funambule, anonyme, étranger à lui même, sans visage et sans nom, ne comprend pas, ne comprend plus. Ne sait pas pourquoi ce qui lui paraissait simple est devenu complexe et compliqué. Que la thérapie lui enfonce la tête sous l'eau, de plus en plus... Toxique, dangereuse, perverse. La liaison devient dangereuse, de jour en jour de semaine en semaine, de mois en mois
On ne lui donne pas le mode d'emploi à Clémentine, on ne lui énonce pas les règles. Ce "on" n'est pas clair, ne sait pas vraiment, semble pourtant jouir du désarroi de sa patiente, qu'il insulte, méprise et dénigre au mépris non seulement de l'éthique mais aussi et surtout du respect qu'il doit à son semblable
Une sorte de ronde infernale où s'est crée le manque... le manque de celui ou de celle qui fait mal... parce que si l'analysant ne comprend pas, ne va pas bien (et c'est un euphémisme) c'est forcément parce qu'il en a envie, envie de se faire mal, de se détruire, sous les yeux imperturbables de ce thérapeute sadique !
Un analyste, qui n'entend pas, qui ne voient pas les symptômes, pas ceux de la souffrance physique, qui heureusement seront objectivés, mais ceux que n'importe quel médecin, psychologue, psy... peuvent identifier, peuvent reconnaitre, se doit de nommer.. pour éviter le pire !
On pourrait alors croire qu'il s'agit de praticien non formé, ou quelque peu formé après quelques stages de "thérapies choses ou autre" qui leur donne un soit disant statut... Mais non, il s'agit de praticiens chevronnés... Les meilleurs soit disant !
Et de ce pire là, ils ne voient rien...
Mais ce pire là justement... Ce pire redoutable, redouté, l'envisagent-ils ?
Une thérapie... Alliance thérapeutique ! Terribles que ces mots là, fétichisés par les cognitivistes pour préciser à quel point les deux parties doivent travailler ensemble autour d'un problème (celui du patient, cela va de soi) afin de trouver une solution, la meilleure pour le patient, cela va de soi également...
Mais le transfert ? Quid de ce transfert ? De ces libres associations ?
Quid ?
Mais de l'interprétation ils ne se privent guère, de l'affirmation non plus... De l'abus, de l'assènement de vérité, la leur, celle qu'ils croient être ? Quelle vérité ? Et pour qui ? Et pour quoi ?
Que savent ces gens, analystes soit disant de l'amour ? De cet amour là dont ils tentent de parler.. De ces sentiments là dont ils semblent dénués, n'ayant ni compassion, ni empathie... Ni...
Alors comment l'alliance, (mot si fort) transfert ou simplement relation peut naître de cette rencontre là ?
Une relation qui ne se tisse pas, qui se lie et se noue, de ces noeuds difficilement extricables... Rien ne se tricote, ne se répare au contraire.
Au fil du récit, tout part, tout s'éffrite, s'effondre...
Mais rien ne s'édifie, ne se reconstruit, ne s'élabore...
Pourtant Clémentine a écrit, elle a su trouver en elle cette force, cette force que peu d'entres nous possèdent, celle qu'il faut aller chercher loin au plus profond de notre âme peut-être, pour dire qu'il nous faut rester en vie pour dire, raconter, témoigner
ne pas laisse ça là, comme ça !
Pour se pardonner aussi, pardonner d'exister, d'être là, malgré tout, malgré ça, malgré tout ça,
D'avoir survecu à ce séisme, ce terrible tremblement de terre... Qui a failli coûter la vie, mais la vie n'a pas de prix, elle est hors de prix.
Alors ce livre c'est peut-être ça aussi, car il y a l'espoir, celui d'une rencontre qui se fait, enfin ! Enfin...
Une rencontre qui permet, qui laisse la place à un espace de se mettre en place, pour réparer, enfin...
Pour retricoter, tisser, ravauder, et aimer.
Une histoire d'amour pourtant, celle de l'auteur et de la vie...

Publié par Brigitte Dusch, psychanalyste, psychothérapeute, historienne, animatrice d'ateliers d'écriture sur la page facebook "Analyse et thérapies aujourd'hui"

A lire absolument....Bouleversant...!
Sans visage de sans nom par Clémentine Séverin aux éditions @teliers de presse
Ce livre peut être commandé directement auprès de son auteur
par mail cerise3333@aol.com ou via le blog des livres.

http://clem28.vip-blog.com/
Blog de clem28 - sans visage et sans nom - convocation
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Nota bene

Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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