Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

vendredi 16 janvier 2009

L'absence.

Et l'absence est venue....


Telle l'ombre d'un géant difforme elle envahit, dévore notre espace, engloutit notre univers, absorbe notre moi.
Paradoxe ! Encore...
L'absence est tellement présente !

Impossible oubli, et pourtant
L'absence est venue....

L'absence de celui qui n'est pas là, qui n'est plus là, qui ne sera plus là, jamais, qui est parti, qui n'est pas revenu.
Qui ne reviendra pas....
Même si on s'efforce d'attendre, même si on se force d'attendre, à tendre....
Et pourtant...
On attend malgré l'absence
On attend, non un éventuel retour, on attend sans trop savoir, sans trop entrevoir quoi, peut-être un autre possible, une autre fin, comme celle d'un rêve, mauvais... La possibilité d'un autre possible pour une autre fin
Une fin qu'on a imaginée tant de fois différente, dont on a réécrit tant de fois le scénario et les dialogues. On l'a tant pensée, modelée, représentée, qu'elle est presque vraie, qu'on ne sait plus vraiment bien, qu'on se dit que ce serait peut-être...
Une fin qui ne serait pas une fin, une fin qui n'aurait pas eu lieu
Une sorte de retour dans un passé imparfait pour faire autrement, différemment... Le présent puis le futur !
On se donne ce droit là, ce pouvoir possible là ! Cette toute puissance là !

Faire.......
On espère peut-être....On se plonge alors dans une sorte de songe éveillé, de réverie autistique pour se protéger d'un réel trop difficile à affronter. Dont il faut à n'importe quel prix se protèger. Une sorte de cadeau qu'on s'accorde, presque malgré soi, à l'insu d'un soi trop vigilant, on s'offre une pause dans cet enfer de l'absence et du manque, du manque de l'autre. Une pause pour faire comme si, rien qu'un instant, une petite seconde...
Une prière, pauvre supplique, à soi même,
On baisse la garde..
Même si on fond on sait que.... Parce qu'on sait, et c'est parce qu'on sait qu'on ne devient pas fou, du moins pas complétement, pas tout le temps, garde fou, garde boue, garde tout, garde bout. Gare debout !
Au réveil.
Une sorte de retour au réel, pour reprendre pied dans la réalité, un plongeon en eau trouble, froide, glacée, gelée...Dans le réel si vrai !
Mais l'absence est là, tenace, prenante, preignante, poignante, envahissante., lourde, pesante, terrible... Tout n'est plus qu'absence..
Telle une ombre qui grandit, qui avale chaque possibilité de lueur, chaque petit rayon de soleil qui essaie de poindre dans cet horizon sombre. Lutte sans merci qui s'engage encore une fois, où l'on se débat, se débat encore et toujours dans un match truqué, perdu d'avance, mais on ne veut pas se coucher, s'abattre, s'allonger, épaules à terre, battu, sans plus de titre à remettre en jeu. Question de survie, mais pour combien de temps encore... Le temps, toujours et encore. Contingence non plus, mais nécessité absolue !

Et l'absence est là
Seule compagne dés lors, duègne obcène qui ne quitte pas sa proie, qui la suit pas à pas, la précède et la devance parfois !
On essaie de se souvenir, de faire revenir les images, un visage, le son d'une voix, on s'efforce, on puise dans ce qui reste de mémoire, on se fait mal à force de chercher à se souvenir..
Un impossible oubli, pourtant, la mémoire de la douleur, de la souffrance, du mal de la perte..
Mais l'absence est là !
Elle rend fou, nous fait perdre la tête, on ne sait plus très bien, notre mémoire flanche...
Tel un tourbillon, on voit, on croit voir, on reconnait des yeux, un air perdu dans la foule, un visage se dessine, on croit que, on court, on crie, on appelle....Pour rien. Ce n'est rien ! Ce n'est pas !
La mémoire qui se joue, qui joue des tours, des tours et des tours de passe passe, des tours qui tournent mal, qui nous tournent et tourne tourbillon de la vie, de la mort et de l'absence..
Vide, espce vide, tel un seïsme brutal !
La faille se creuse, la distance éloigne, la mémoire s'estompe....
"Je distingue à peine son visage, je vois l'ombre passer devant mes yeux... j'oublie, j'ai peur d'oublier son visage, j'ai peur d'oublier....'
On se souvient mais pas assez, pas assez bien, pas assez précisèment.
Comme si le travail de deuil, pour nous protéger, pour nous épargner, la peine, la douleur, la souffrance gomme lentement, doucement, érase, efface, estompe
Le souvenir, l'image, le visage, le son de la voix, le rire, le sourire, la présence
L'absence
Les jours passent et les pourtours du visage ne sont plus aussi nets, ils semblent se fondre dans l'univers gigantesque du passé, de notre passé, de notre histoire, une sorte de soi d'avant l'absence..
Une histoire ! Notre histoire où l'absence n'était pas, puisque l'absent était là !
Vide ! la difficulté du vide encore, un vide palpable et qui fait partie de nous, un vide que l'on absorbe et qui nous remplit . Nous sommes pleins de cette vacuité.
"Je me sens vide depuis..." me confie une analysante. Vide du vide, du vide laissé par l'absent... Le vide du manque de présence, le vide de l'absence.
Le manque qui crée le vide, mais qui ne le remplit pas, un vide qu'on ne comble, ni ne comblera pas, car on ne remplace pas. La place est libre, vide, laissée là, donnée à voir et à souffrir
Offrande insupportable et insoutenable au regard qui parfois se détourne pour ne pas laisser jaillir les larmes qui restent au fond de l'âme. Arme du désespoir, dernière arme de celui qui reste pour tenter en vain de combler ce vide qui lui est laissé et qui le laisse là, las !
Il s'efforce chaque jour, à chaque instant qu'il peut voler, il cherche à se rappeler le visage et le nom, le parfum, le souvenir de la présence de l'absent, comme s'il ne fallait pas, comme s'il ne le fallait pas. Ultime transgression d'un interdit, de l'interdit posé pour atteindre l'oubli. Impossible pourtant car il tuerait une seconde fois, il condamnerait une fois de plus l'absent !
Place vide, terrible vacuité que celle là... Place qui n'est plus, mais qui reste là...L'absent n'a plus de place parmi les vivants, il n'a plus cette place là, mais qu'elle est sa place ? Où est sa place ?
Dans le coeur, dans l'âme de celui qui refuse encore et encore cette absence. Les russes disent que tant que brulera la flamme l'absent sera présent. Et de faire brûler ces bougies...
Flamme de la bougie qu'on entretient dans les mémoires, qu'on transmet pour que le souvenir ne s'efface pas, pour que l'absent vive encore, pour que son nom et le son de sa voix résonne dans les murs. Pour que ce père paix tue !
Ombre sans fin, gigantesque qui se déploie, qui force le regard, qui force la lumière qui pénêtre notre âme...

Et l'absence est venue poser ses grandes ailes............
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Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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