Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

jeudi 22 octobre 2009

Quand il manque le début de l'histoire

On fait quoi, quand il manque le début de l'histoire, de son histoire, quand il manque, quand on ne sait pas, parce qu'on ne nous a pas dit ?
Quand notre histoire commence par "il était une fois... moi" ?
Et avant : le déluge.
Car c'est souvent de déluge qu'il s'agit !
Ancêtres quand tu nous tiens, ou plutôt quand tu ne nous tiens pas ! Quand tu n'es pas là pour lier, nouer, peut-être voire sûrement. Quand tu es absent pour tisser grâce à toi, l'immense toile dans laquelle tout sujet s'inscrit, doit s'inscrire
Toile... Toile d'araignée, qui se tisse, tisse, inlassablement le lien de A jusque... Soi
Mais on fait quoi alors quand tout commence par "il était une fois moi" ?
Car il faut bien commencer par quelque part
Je suis souvent confrontée à l'abandon.
Celui, celle qui est abandonné(e) et celui ou celle qui abandonne....

Ces rencontres là, pour des raisons très particulières m'ont toujours infiniment touchée...
Rien n'est plus déchirant que ces histoires là, ces histoires si singulières où il manque quelque chose, fragile chateau de cartes qui repose sur du vide, sur le vide
Le vide des origines
Abandon.. sous X, laissé, abandonné, "on n'a plus voulu de moi, on n'a pas voulu de moi,on m'a laissé là"
Ce là.. N'importe où parfois...
Et s'enchainent alors les histoires de vie terribles souvent, pas toujours.. Parfois, la famille d'accueil à défaut d'être aimante est "accueillante "
Mais... Famille substitut de famille, d'une famille qui a failli, qui n'est pas, qui manque..

Et souvent, toujours, cette question récurente, pourquoi, pourquoi moi ?
Moi, vilain petit canard, si vilain qu'on m'a laissé là..
Si vilain que pas aimable, gardable, vilain, bon pour être abandonnable..
Alors parfois vient ce besoin.
Ce besoin de rechercher, de retrouver trace d'une filiation, d'un nom, de racine, d'un début... D'une explication, d'un pourquoi, d'un motif.. Pourquoi?
Nul ne peut se contenter du "c'etait comme ça? " courant à l'époque
Historienne, je me suis penchée sur ce phénomène, les abandons à Paris au début du siècle précédent..
Mais l'Hisoire ne suffit pas ici à penser, encore moins à panser l'hitoire, l'histoire du sujet.
Déraciné, sans racine
On lui a oté ainsi, toute chance de savoir, de savoir d'où il vient, qui il était, qui était avant lui. Qui était là avant lui, qui a fait de lui ce qu'il est...
De où je viens ? De qui je viens ?
Questions sans réponse, pour toujours peut-être ?
Même s'il n'y a pas toujours de réponses aux questions qu'on se pose, même s'il n'y a pas une réponse, une bonne réponse. Cette question là, place le sujet face au vide, à l'inexplicabilité de son existence, de son issue, du "là d'où je viens" quasi fondamentale pour aller, pour vivre et devenir
Pourtant, rien ne semble joué, d'ailleurs rien n'est joué d'avance, nous avons, je le crois sincérement, infiniment, profondément le libre arbritre, le libre arbitre de notre destin. Celui d'écrire notre présent, notre futur, même s'il manque le passé
Ce passé qui manque et manquera, nul ne pourra le combler, c'est comme ces archives, ces trous, qui manquent, et qui ne permettent pas à l'historien de comprendre. De reconstituer.
Le romancier ou l'historien du dimanche inventera pour combler le manque, le chercheur dira "je ne sais pas, il y a des trous dans les années..." et n'écrira rien, puisqu'il ne sait pas
Ne pas savoir ouvre aussi la porte au fantasme, à l'imaginaire, à l'imaginé, à l'impensable pourtant mis en pensées... Et puis ?
On imagine, on fabrique, on construit.. On élabore, comme on peut, avec ce qu'on a, mais surtout avec ce qu'on a pas, on comble le manque avec du manque. Le seul matériau a disposition pour écrire le passé, l'avant soi..
Ou alors, on décide que ?
Et que l'histoire alors peut peut-être commencer par "il était une fois moi..."

Pour Arsel (comme j'aurai voulu pouvoir t'aimer davantage, avoir ce temps là) et Armance...
Pour Eric. Notre rencontre à permis d'écrire cet article, sois en remercié

mardi 20 octobre 2009

Mal de mère

Quelle souffrance que ce mal là....
Pas de remède possible, rien pour le soulager vraiment
Mal de mère, mal à mère, mal amer, mal, douleur, souffrance...
J'ai le mal de mère, j'ai mal à ma mère....
Combien de fois ais-je entendu ce mal là ? Ce mal sourd, qui ne se dit pas, qui prend racine, qui s'incruste, qui fait son lit, qui fait son nid, et qui grandit
Sourd !
Muet, car on ne sait comment l'exprimer, on ne sait l'exprimer, on ne sait si on doit, si on peut l'exprimer
Car ce mal là, ne se dit pas, il se vit, de l'intérieur, car il ronge, il démange et il tue à petit feu celui ou celle qui en est atteint,
Cette atteinte là n'est pas une vaine attente.. On est atteint, ce n'est pas vraiment contagieux, mais quand on le sait, le mal est fait !
Le mal de mère, il donne la nausée, le tournis, le vide s'installe et ne se comble pas
On ne sait pas vraiment comment le décrire... Dire comment ça se passe, mais ça ne passe pas, ça on sait le dire.
Indicible, indescriptible "indisable" me dit une adolescente... Disable, disette, famine, j'ai faim de ma mère, fin de ma mère, enfin....
Comment dire que l'enfant n'a pas été aimé, n'a pas reçu l'amour de la mère, de cette mère qui se dit la sienne
J'ai mal à ma mère, à la mère qui est la mienne.... Pourtant !
Si je ne suis pas aimable par elle alors qui pourrait bien m'aimer ?
Eternelle question, sempiternelle ritournelle sans faim, et sans fin, sans réponse...
Mal que ce mal là....
Alors comme cette mère presque grand mère, on s'invente une mère....Une mère qui aime, car en cherchant bien il se peut que.
On se raccroche à cet espoir là, à cette idée là et on quête : "On piaille des souvenirs" pour trouver l'indice d'amour, le signe, le flagrant délit d'amour de cette mère là, car une mère et c'est comme ça aime ses petits
On cherche encore dans ses souvenirs ou dans ce quil en reste, dans ce qu'on en fait, dans ce qu'on ramène à la mémoire...Au conscient, de ce qui fait q'uon voudrait cette fois qui advienne...
A mour....Enfin, un peu d'amour pour témoin.. Cet amour là, de la mère qui "vous voyez, je crois qu'elle m'aimait bien quand même...
Ce bien quand même ! En dépit de quoi. En dépit du rejet, des coups, des humiliations, des insultes, de la négligence, de la transparence, du mépris... Quelques gestes, quelques gestes d'aimer bien

Parce qu'une mère ça aime bien quand même un peu bien ses enfants, la chair de sa chair.. Mais cette mère là aime t-elle sa chair ? Car sinon comment aimer la chair de celle ci.
Chère chair ! Chair amère, chair à mère ! A la mer toute !

Alors on puise, on cherche en on finit par trouver l'infime signe qui pourrait laisser croire que...Qu'il y aurait eu peut-être un peu d'amour, là où manifestement tout laisse à croire qu'il n'y en aurait pas... Mais ?
L"infime signe...Qu'on n'aurait peut-être pas vu... Qu'on n'aurait pas compris... Pauvre de soi, qui n'a pas vu que sa mère l'aimait, que sa mère l'a aimé malgré tout, malgré quoi ?
Malgré les coups, les insultes, l'indifférence, l'humiliation....
Et on n'a pas vu, pauvre de nous, et de culpabiliser cet aveuglement, cette folie que de ne pas avoir vu que....Et d'avoir cru n'avoir pas été aimé
Et n'avoir.... Pauvre mère, et pauvre de soi !
J'ai le mal de mer avec tout ça, parce qu'une mère qui n'aime pas, ça ne se dit pas.

Mater familias

D'une main de maître, ou de maitresse elle mène son monde
Mater familias
D'une main de fer parfois, sans forcément de gants de velours, ou pas toujours, juste quand il faut, ou ne faut pas...
Elle mène, guide, élève, éduque, nourrit, corrige, inflige, inculque, explique, aime, n'aime pas...
Mater familias
Où est le père ?
Père y a t-il ? N'y a t-il pas ? Ou n'y a t-il pas assez ? Pas assez suffisamment ?
Mater familias, pour prendre la place inoccupée, déficiente, laissée vacante, mais pas forcèment vide... Vide du père, d'un père qui est là, sans être là, vraiment, ou là, un peu, pas suffisamment.
L'Histoire, mais aussi et surtout les histoires de femmes en sont le témoin, les témoins
Témoin de l'absence où ces femmes doivent répondre présentes...Une présence transparente, absente de la scène, une absence en apparence, masquant l'abscence de celui qui semble présent.


Mater familias..
Pour vivre, faire vivre, aller de l'avant...Combler de part et par leur présence cette place laissée, là, comme ça.
Main de fer, pas forcèment, même s'il faut prendre les choses, les res vitam en mains.
Res vitam ?
Je les entends souvent ces histoires de femmes, de maîtresses femmes d'hier qui ont marquées l'inconscient de ces femmes d'aujourd'hui.
"Fortes femmes" disait on aussi "dans le temps"
Une sorte de matriarchat, où l'homme n'est pas absent, mais ne semble pas tenir le rôle du pater familias, ce rôle que la société lui a pourtant dévolu. Une sorte de toute puissance.
Une toute puissance qui ne se discute pas, ne se refuse pas, mais se transmets... Digne héritage !
Pater y es tu ? N'y es tu pas ?
Pater où es-tu ? Quand viens-tu ?
Transparent ? Transparence... Mais que voir à travers ? A travers le père, à travers le prisme du père, Père à travers, travers du père, père au travers, père de travers. ?

Une patiente s'interrogeait sur cette lignée de femmes qui la précédait, elle qui ne voulait pas vraiment de cet héritage là, qui voulait l'homme, le père, un pater familias, pour elle, sa famille. Elle qui voulait dans sa vie, dans cette vie remettre de l'ordre, revenir à l'ordre, à l'ordre établi depuis toujours, par une société patriarchale
Matricarche, elle ne se voyait pas ainsi. Pourtant mère, grand mère, tante, arrière grand tante et cela depuis des générations jouaient au pater familias, devenant des mater familias, par goût, nécessité ? Elle s'interrogeait...
Pourquoi ces choix, pourquoi ces désirs là justement. Choix ? Nécessité ? Contingence ?
Elle parlait de cette famille "spéciale" avec des femmes qui faisaient tout, mais "qui n'avaient même pas le droit de vote ! c'est pour dire !".
"Tout...Sans elle, peut-être que je ne serai pas là ? Tout, car d'homme il n'y avait pas, ou si peu, d'ailleurs aucune photo, aucun véritable souvenir, si ce n'est que des mauviettes."
Alors pourquoi... ? Elle ne savait pas. La transmission était maternelle, de mères en filles... C'était semble t-il celle là qui importait. La seule transmission possible, le seul lien qui tienne.

Que ces filles là puissent surtout subvenir à elle même.
Une sorte d'autosuffisante pour affronter le demain, l'avenir, un avenir sans homme, ou sans homme suffisamment pater familias ?
"Comment se fait-il que ça se répéte, pourquoi ont-elles choisi ces hommes là ?"
Interressante question..
Subevenir, pour enfin ad venir...
Elle, elle ne pouvait subvenir à rien, et surtout pas à elle. Elle ne voulait pas, elle ne savait pas, ne décidait pas, pas même de la couleur du papier peint..
Remettre en ordre les valeurs, mettre de l'ordre dans les valeurs
Mais quelles valeurs ? Celles où l'ombre du pater familias plane, englobe, englouti, dévore. Omniprésent, omniscient, partout, toujours. Sécurité
Celle où la Femme, la Mère assume, assure, Mère nourricière, mais mater familias ?
Mère, femme, fille...Une sorte de dynastie qui transmet et qui se transmet un rôle, pas celui qui devrait, mais un ordre familial. Le sceau de la famille en quelque sorte. Une histoire et une affaire de femmes, de filles. Où l'homme est, mais à une place qu'il prend, qui reste, qu'on lui donne, qui lui échoit... Choit, choix ?
Quel choix ?
Délibéré, imposé par les circonstances.. Imposé. Posé ?
Femmes...

dimanche 18 octobre 2009

Histoires d'Histoire

Je suis historienne aussi..
J'aime l'Histoire et j'aime les histoires
Les histoires font l'Histoire
L'Histoire est la somme des histoires
Des histoires des hommes, des femmes, de toi, de moi, de vous, de nous, de nous tous

La somme. Gigantesque somme
Mais l'Histoire c'est tout ça
Etudiante en histoire, et encore aujourd'hui, j'ai parcouru les histoires, celles de ces femmes et de ces hommes qui ont vécu il y a des siècles avant nous.
J'ai lu leurs lettres, leurs écrits, leurs billets, leur testament..
J'ai lu pour comprendre
J'ai dressé leur généalogie pour comprendre, m'y retrouver...Les comprendre !
Mais quels liens avec les hommes d'aujourd'hui ? La psychanalyse ? La thérapie ?
Quels liens avec ces histoires là d'hier et ces histoires d'aujourd'hui ?
Celles que disent les sujets en thérapies, en analyse.
Leurs histoires, qui façonnent l'Histoire de demain....
Généalogie... Psychogénéalogie.. J'ai déjà parlé de tout ça dans de précédents articles, de ces fardeaux, cadeaux empoisonnés, boulets, héritages et secrets dont on aimerait parfois se passer, passer.. Faire passer, parce que justement ça ne passe pas
Plusieurs de mes patients racontent leur "histoire",mentionnant par là "les histoires de famille"
Souvent ils ont cherchés, reconstitués ces histoires là, comparer des dates, des faits, "troublants"
Ils cherchent alors à comprendre, à savoir ce qu'on ne leur a pas dit, cachés. Ils découvrent des invraisemblances, des mensonges, par omission...
Des "histoires" encore...
Pourquoi on ne m'a pas dit ça... Je croyais que... Regardez ces dates, ça ne peut pas coller ?
"Des mensonges, que des mensonges... Rien que des mensonges, cinquante ans de mensonges, j'ai l'impression d'avoir été trahie, manipulée, qu'on s'est foutu de moi.. Et comme une idiote j'ai continué à dire, à transmettre ces mensonges..."
Mensonges ?
Petits arrangements avec la vérité. Pour ne pas dire la vérité, la travestir, l'habiller un peu mieux
Tellement cette vérité là est difficile, impossible à affronter, à voir, à regarder en face
Parce qu'elle ne va pas, ne convient pas, on l'arrange alors un peu...
On ne dit pas tout, on oublie, ce qui coince, ce qui gène, ce qui "ne fait pas beau sur la photo" ce qi gâche le décor
Car ce décor là, on le veut irréprochable
Cet oncle là, on ne m'en a jamais parlé, je ne savais pas qu'il existait... D'ailleurs il n'existait pas ou plus... Rayé de l'arbre, cassée la branche , casser la branche. Supprimer...
Comme aux Archives, ces personnes rougissant devant l'acte ne mentionnant pas le nom du père...Encore lui, ce fameux Nom du Père !
Le manque du NDP !
On ne peut transmettre que ce qu'on nous a transmis, raconté, omis, oublié, rapporté, arrangé...Et on arrange aussi nous même, à "notre sauce", un peu comme une recette qu'on améliore...Ou non...
Histoire d'histoires, des historiettes disait-on au XVII° siècles, mais des histoires de famille, qui deviennent en effet des histoires de famille ! De celles qui fâchent parfois, qui séparent... Qui laisse une branche de côté, une branche sciée... Une branche élaguée, parce que génante, parce qu'on espère qu'ainsi l'arbre repoussera un peu mieux
Mais de quel côté sommes nous assis ?
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Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
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