Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

samedi 26 septembre 2009

L'ogresse

Elle dévore, tout.
Elle a dévoré déjà, mais ce n'est pas assez, il lui faut encore et encore, toujours plus
L'ogresse...
"Je suis la petite fille de l'Ogresse" me dit un jour une analysante. Mais j'ai décidé qu'elle ne me dévorerait pas.. Elle a pourtant essayé...
Ogresse, effrayante et terrifiante
Syndrôme de l'ogresse, complexe de l'Ogresse ?
En tous cas, il faut s'y arreter, tenter de comprendre, tenter de démèler ces fils, ces noeuds, qui se sont tissés, fermés cadenassés sur des générations.

Femmes encore !
Femme toujours, parce qu'elles transmettent ? Donnent la vie ? Donner la vie ? Est-ce vraiment un don.
Chateaubriand écrivait que sa mère la lui avait "infligée"..
La mère donne t-elle ? Et que donne t-elle ? A la fille, à un enfant, une fille, mais qui n'est pas forcément "sa" fille.
Le devient-elle ? Comment ?
Que signifie ce "sa", sa fille, ma fille, ce possessif, qui montre, désigne, le lien.
Le lien, la filiation, le fil conducteur, le lien qui attache, qui relie, l'un à l'autre, l'autre à l'un
Un fil à la patte, un fil à la pâte.... Mettre la main à la pâte, pour que ce fil ne soit plus à la patte ?
Trancher, couper, le fil, telle la Parque... Mais qui des deux ? Qui de ces deux là coupe, tranche le cordon.... ?
Femmes et filles, mère et fille fille et mère, c'est cette relation là...Qui interpelle, qui s'interpelle, qui se mèle, qui s'enmele, s'en mèle
QSu'il faut déméler
Qu'un jour, une fille petite fille une femme décide de déméler, de dénouer, pour mettre un terme pour pouvoir respirer, pour vivre. Sans être étouffé
Il faut pouvoir, se sortir de ce noeud là, qui enserre, étouffe, insidieusement , qui tue... Au fil du temps !
Il faut vouloir.... Il faut aussi que la souffrance soit forte, trop forte, et qu'il faut à moment donné que ça cesse. Et de chercher pourquoi ça fait mal, et d'enquêter sur le pourquoi ça coince....
Choisir de travailler en ce sens, dire que ça vient de l'enfance, avant l'enfance, et que l'enfant, celui là a mal, car on lui fait mal, ce on là, c'est l'adulte, des adultes qui pourtant sont là pour prendre soin de lui, l'aimer... Au mieux
Des adultes aimants ? Mais n'aimant qu'eux même, aimant l'autre pour eux mêmes, aimant cet enfant là pour eux mêmes
Et de relater comment cette ogresse ravit l'enfant de sa fille, ravit l'enfant de la mère
Offrande ? Rapt ? Ravissement ? Confiscation ? Enlèvement....
Prendre pour soi, prendre par devers soi. Enlever, oter, confisquer, retirer,
Comme si la fille ne pouvait garder, élever cet enfant là...Comme si elle l'Ogresse, seule elle pouvait le faire. Se donnait cette légitimité là.....
Légitimité, car c'est bien de cela qu'il s'agit
Mais qui décide de ça ?

vendredi 25 septembre 2009

Passion ?

Ils se sont séparés il y a des années maintenant, longtemps, cela fait si longtemps pense t-elle !
Pourtant elle pense encore, elle y pense toujours, pas un jour sans qu'il n'occupe ses pensées
Elle sait que pour lui c'est pareil.
Cela fait des années, bien des années, longtemps, si longtemps qu'ils ne se sont pas parlés
Pourtant elle n'a pas oublié le son de sa voix
Elle l'entend toujours lui parler, lui dire...
Ils ont chacun leur vie, maintenant, depuis longtemps, ils ont comme on dit "refait leur vie"Si tant soit peu qu'on peut refaire, faire à nouveau, une vie, une autre vie, un vie différente. Un autre départ, pour une autre arrivée peut-être ?
Chacun vit loin de l'autre, à des Km, loin, comme pour être sûrs de ne plus jamais se rencontrer, se retrouver... Jamais
Pourtant, il occupe ses rêves, elle accapare ses pensées
"Ton père va bien ? " "Ta mère va bien ?" demandent-ils innocemment à leurs enfants.
Comme si cet "aller bien " de l'autre était essentiel à leur aller bien à eux...
Pourtant, ils sont séparés
Ils se sont quittés parce que la vie à deux, à eux deux n'était plus possible, parce que l'amour quand il devient passion est aussi parfois et souvent destructeur.
Destructeur...
Ils ont vécu tous les deux, une de ces histoires d'amour comme on voit au cinéma. Ils se sont trouvés, aimés et plus quittés. Mais le feu et le feu ne peuvent s'apprivoiser, composer, être.
Tous les opposait, c'est ce qui sûrement les a rapprochés. Transgresser les interdits, aller vers l'inconnu, un autre étrange, et étranger à soi, à sa propre image
Un autre qui osait, ce que soit même seul, on n'aurait pas osé. Un de ces autres qui font qu'avec cet autre tout devient possible. Yes ! I can...
Jamais il n'avait envisagé la vie sans elle, elle peut-être parfois ? Mais il était là.
Chacun partait pour l'aventure, sans se soucier de l'autre, comme s'il était seul, comme s'il vivait pour lui, seul à côté de l'autre, là. Se déculpabilisant en pensant que de toute façon l'autre ne le rendait pas heureux, à ce moment là, mais chacun revenait à la maison, et tout recommençait, plus fort encore..
Un amour passion comme ça, pense t-elle ça n'arrive qu'une fois dans la vie. Elle est heureuse d'avoir connu ça, même si cet amour là la détruite, les a détruits, tous les deux, leur vie, leur vie à deux... Leur amour. Leur ensemble. S'aimer aussi fort c'est aussi se détruire aussi fort, avec la même force, une pulsion de vie, de survie et d'en vie... d'en Corps !
Se faire mal aussi fort qu'on s'est aimé... Amour, haine, passion, douleur, souffrance, une sorte de limes pas défini, un fil tenu, le fil du rasoir, l'équilibriste... Un amour en border line...


"Il faut mieux être foutu, que ne pas être du tout."
Pourtant, elle est, toujours... Belle, jolie, aimable, mais elle se sent "abimée, lasse et fatiguée"

"Ca vous met à plat comme un combat de boxe. KO. Plus envie de s'en relever, vraiment, envie de tranquillité, de calme plat, envie de rien, car après ça tout est plat, inodore et sans saveur"

Sa vie à elle, lui semble triste, monotone, elle n'aime plus, plus aussi fort, ce n'est plus possible, "Quand on a aimé comme ça, on n'a plus rien à donner"
Plus rien, comme si elle avait épuisé tout l'amour possible, la passion...
Elle ne regrette rien, et rêve toujours de lui, ils se retrouvent et s'aiment encore, toujours, la passion est là, elle pleure parfois au réveil... Ils se retrouvent ainsi. Elle attend ce rendez vous.
Elle sait que c'est folie, il est son seul amour, elle n'aime et n'aimera jamais que lui !
Parfois elle ne sait plus si le rêve est réalité, l'autre jour elle s'est réveillée, en larmes, elle avait compris que c'était fini...qu'il avait refait sa vie, son rêve le lui avait dit.
Pourtant, elle recommence à rêver de lui, encore, et toujours ils se retrouvent et s'aiment à nouveau.
"Votre mère va bien" demande t-il encore et toujours à leurs enfants.
Mais ont-ils une seule seconde cesser de s'aimer ?

Image 6

Elle ne sait pas quoi faire de sa vie, à l'entendre, elle n'a jamais vraiment su quoi en faire, et à présent, elle ne sait plus du tout.
Elle pense que si elle se retourne et qu'elle fait le bilan, il n'y a pas grand chose de bien "les enfants peut-être ? Et encore ils ont fichu le camp et je n'ai pas souvent de nouvelles.."
Elle est persuadée qu'elle s'est sacrifiée, enfin, pas vraiment, mais que c'est un peu ça... Qu'elle s'est laissée allée au fil du temps, des événements, de la vie elle même qui a décidé pour elle.
Décidé... Il semble qu'elle n'ait jamais vraiment décidée. Même de venir ici. Ce n'est pas elle qui l'a décidé. Elle pense cependant que ça peut-être bien, lui faire du bien.
Elle n'est pas vieille, pas jeune non plus et refuse de donner son age, de se donner un age
Ca ne veut rien dire, sauf qu'on a tout raté, que tout est derrière et qu'il n'y a plus rien devant.
Elle est seule. Mais tout le monde est seul
Elle voudrait pourtant qu'on s'interresse à elle, qui ? Elle ne sait pas vraiment, mais quelqu'un peut-être ?
Elle est toujours mariée, depuis des années, qu'elle ne compte plus non plus, mais à quoi bon ? Elle le reste puisque c'est comme ça, et que ça a toujours été comme ça. Elle l'est restée dans un premier temps pour les enfants, puis quand ils sont devenus grands, elle, était devenue "trop vieille"
Et puis les habitudes... C'est comme ça "moche, mais pas de surprise"
Des surprises, il semble qu'il n'y en ait eu guère dans sa vie, elle aurait bien aimé, mais "ça n'est pas pour moi ces vies là, ces aventures là..."
Comme si la raison l'emportait sur un désir profond, non dit, et inassouvi.
Comme des regrets dans le ton, dans les silences.. Ces aventures là ?
Elle aurait bien aimé vivre autrement, avec un peu plus de "passion". Mais c'est bon pour les films, les feuilletons, "les feux de l'amour"
L'amour elle dit ne pas y croire, ne pas vraiment savoir ce que ça signifie. Elle a rencontré celui qui est devenu son mari, mais elle ne sait si elle l'a aimé
"On s'est entendu, et puis je ne voulais pas vivre seule, alors..."
Pas de dépit, une sorte de résignation, de sacrifice ! Encore lui
Sacré sacrifice... Mais qui ? Qui demande ce sacrifice là ? Qui le lui demande ?
Et en échange de quoi ?
Elle répète souvent "sacrifice" "Je me suis sacrifiée" pour son mari, ses enfants (ils ont quand même une bonne situation, et n'en sont même pas reconnaissants")
Silence, silence et silences. C'est tout pour cette fois ci
Elle s'en va... Dit à la prochaine fois. Fatiguée, lassée, vidée par des années de sacrifices !

Dans la nuit...



jeudi 24 septembre 2009

Libres

"Nous sommes libres de tout, sauf de ne pas être libres"
Jean Paul Sartre...

Si cela vous tente, de réflechir, de méditer, et surtout de partager, je serai très heureuse de lire les commentaires et d'en parler !

mardi 22 septembre 2009

Soraya

C'est par hasard (?) que je suis tombée sur la diffusion de ce téléfilm en zappant sur mon "OK"
Pas très envie de regarder quelque chose de long, compliqué alors nous nous sommes dits que "Ca ferait l'affaire" sans trop d'entrain
Je ne connais que trop peu l'histoire de l'Iran, j'en sais ce que m'en ont dit mes amis (dont un très cher, que j'aime beaucoup) qui ont fuit ce régime du temps du Shah... Je connais encore moins cette princesse, j'avais entendu son nom, toute petite... "Pauvre Soraya !)
Peu convaincue par le glamour et le côté "roman feuilleton" du début, je me suis pourtant laissée portée par les deux parties de l'histoire
Histoire triste et terrible qui débute pourtant comme un conte de fées
On oublie souvent que ceux çi, contrairement à la légende, finissent, comme le chante Catherine Ringer"mal en général"
Celui ci particulièrement.
Et de penser ensuite : La Femme, encore elle ! Qu'elle soit princesse ou roturière son sort n'est guère enviable, vraiment...
Une femme, acceptable, et qui pourra être une mère. C'est surtout ce qu'on lui demande, ce qu'on attend d'elle. La transmission, et quelle mission que celle là !
Le destin de Soraya, se résume à la fonction de "mère porteuse d'un héritier"
Au XX° siècle !


Peu à peu me sont revenues ces réflexions, cet "engouement" pour cette princesse des mille et une nuits, aimée, adulée puis abandonnée, reniée, répudiée, parcequ'elle n'a pu enfanter.
Ventre vide.... Vacuité...Exilée.
Il ne lui resta que le titre de princesse ! la Belle Affaire
Quand les petites filles rêvent et jouent à la princesse, belle robe, bijoux...Parures, diamants et dentelles...Prince Charmant...En rêve, fantasme.
Mais en vrai ?
Tragédie ?
"Princesse aux yeux tristes" C'est ainsi qu'on la nomma, après, quand loin du Palais, la pauvre femme se réfugia dans sa peine et son malheur, celui de ne pas avoir été capable d'être mère, de ne pas avoir été une mère, de ne pas avoir donné un héritier.
Bonne à rien !
Tragédie !
Ces yeux tristes...
Elle me rappelle une autre princesse, qui avait elle aussi ce regard triste, si triste..
Pourtant, elle a donné un héritier. Elle
Le sort des princesses n'est décidement pas enviable !
Et de se demander encore pourquoi ces destins là suscitent des réactions, de la sympathie, voire de la compassion du public, des autres, de ceux qui regardent, qui voient, spectateurs passifs et voyeurs de ces vies brisées ? Qui assistent impuissants à la vie de ces soit disants puissants.

Comme si quelques part, ces autres là, ne trouvaient pas ici, dans ces vies là, une part d'eux même, un fragment de puzzle, un morceau de souffrance, un vestige de quelque grandeur, espoir, douleur passée.. Ou à venir ?
Comme si cette souffrance, ces malheurs, ces peines, ces chagrins ne rendaient pas plus proches ?
Comme si finalement, ces destins grandioses, enviables n'étaient que pitoyables...Il semble alors que cette pitié fascine.
Ou bien elle émeut, elle ne laisse pas indifférent, ces souffrances montrées à voir, font pleurer dans les chaumières. Comme si le malheur était plus accéssible que le bonheur. Qui lui fait des envieux.
Troublant !
Soraya, princesse aux yeux tristes, princesse dans une cage dorée, princesse qui n'a pu voler des ses propres ailes brisées par... ?
Curieux destin que celui de ces femmes "célèbres", dont la vie privée se confond à la vie publique...Mais y a t-il une frontière ? Un infime limes qui peut départager, cliver ?
Je me souviens de ces difficultés rencontrées lors de mes travaux de recherche en Histoire, devant ce corpus que je ne savais ordonner. Mon directeur de thèse vint à mon aide et me dit"vie publique et vie privée... Peut-être ? "
Mais comment faire cette diffèrence ? Je n'en vois pas, il n'y en a pas ?

C'était par là, qu'il me fallait donc commencer...

mercredi 16 septembre 2009

Image 5

Elle passe la plupart de ses après midi à faire du shopping, elle n'a pas grand chose à faire, d'autre.
Elle s'ennuie, sortir, faire les boutiques, ça la distrait.
Elle n'arrive pas vraiment à s'occuper autrement..;

Les enfants sont grands maintenant, ils ont quitté la maison, elle y est seule la plupart du temps, son mari travaille, il est absent, alors elle s'ennuie
Quand les tâches ménagères sont terminées, elle sort, elle ne regarde pas la télé, comme ses copines, ça ne l'interresse pas, elle ne lit pas, ou alors quelques magazines féminins.
Des magazines qui parlent de mode, de maquillage, de nouveautés.
Elle ne va pas non plus au cinéma, ça ne l'interresse pas !
Alors elle sort, elle va en ville, ou prend sa voiture et va dans les grandes villes de la région
Elle s'y promène des journées entières, rentre dans toutes les boutiques, n'achète pas forcément, mais se laisse quand même tenter, par un "sac", un "petit haut", un vétement qui s'il ne l'est pas, devient vite indispensable... pour elle
Elle n'en n'a pas vraiment besoin, même pas du tout. Mais elle le voit, le repère, l'essaie, hésite parfois, le laisse, puis y pense, elle ne pense même plus qu'à ça, cela devient dit elle "une obcession"
Il lui faut alors, elle repart dans le magasin, appele la vendeuse de son portable pour qu'elle lui mette de côté...
Elle essaie, des vétements, à n'en plus finir, il faut être tendance "fashion"
Elle lui faut posséder le sac ou les bottes vues sur le dernièr magazine... Elle aime les vétements, s'habiller.
Elle change tous les jours, plusieurs fois par jour, parfois,
Quand elle rentre, elle déballe ses achats, et se demande où elle va les ranger, alors elle reste des heures devant son armoire et se demande ce qu'elle va entasser dans une valise pour les mettre au grenier. Les ressortir un jour "la mode est un éternel recommencement"
Elle sait qu'elle n'a pas vraiment besoin de tout ça, mais c'est plus fort qu'elle, elle a besoin d'être, et pour être, il lui faut avoir. Avoir pour être vue, regardée, des autres.
Elle sait qu'elle est, qu'on la regarde parce qu'elle a sur elle les derniers vétements de la dernière collection de la boutique la plus chère et la plus en vue de la ville
Ca lui donne une certaine assurance, ça lui permet d'être...
Elle ne parle jamais d'argent, de ce que ça coûte, de ce que ça lui coûte "'j'ai encore fait chauffer la carte bleue.. " dit-elle en riant
Elle ne parle pas non plus de ce qu'en dit sa famille, son mari....Comment ils trouvent ses derniers achats...
Elle fait attention à elle, à son image, sa ligne..."Si jamais je ne rentre pas dans un 36, ou un 38, c'est catastrophique, je ne mange plus, je fais du sport, jusqu'à temps que je puisse retrouver une taille normale"
Elle ne pense jamais que les tailles peuvent varier, que parfois un 40 peut-être un 38....C'est elle qui ne va pas... Alors !
C'est elle qui est en cause, c'est elle qui est la cause
C'est elle qui est face au vide, au vide de l'ennui, à cet énorme gouffre, qui telle une spirale l'aspire...Elle a sûrement tenté de se débattre, de se défendre, de résister.
Et puis à quoi bon !
Alors elle achète, elle dépense pour remplir, elle compense, l'argent qu'elle lache, le moins pour engouffrer tous ces plus dans son armoire.
Pour se revêtir de tous ces a tours qui lui donnent la vie, qui la font être alors qu'elle ne fait qu'avoir.
Avoir...Ne faire qu'avoir, se faire avoir, avoir fait...
Avoir, être, devenir, rester
Verbes d'états..........................................................

lundi 14 septembre 2009

Désujetisation

Désujétiser, ce verbe n'existe pas, désujétisation non plus, mais ce néologisme me parait décrire exactement le processus qui consiste à oter sa qualité de sujet à l'être humain
De sujet il devient objet
Se trouve, se retrouve au coeur de la possiblité de manipulation.

C'est une opération singulière et méthodique que celle là, scientifique, presque tayloriste
Une opération de désincarnation, de décorticage, de démontage, méticuleux, précis, ordonné
Certains en deviennent maitres.


Désujétiser
C'est partir du postulat que sujet il y a. De se placer de ce côté là. D'y rester, côute que coute.
Il se conforte dans sa position de sujet

Toute la réussite de l'opération consiste en la considération de l'autre, ou plutôt en sa déconsidération
Ne plus le reconnaitre comme sujet. Si l'autre est différent, singulier dans sa position d'autre justement, semblable mais différent. Il devient différent, autre autrement
De sujet il devient objet.
Ainsi convaincu de cette différence, les rapports de force, ou tout simplement les rapports relationnels ou communicationnels ne sont plus équilibrés. La balance penche forcément plus d'un côté que d'un autre.
Objet. S'adresse t-on à un objet ?
On assiste alors au schéma suivant : un sujet A qui entre en relation avec un sujet B qu'il a objectivisé.
le sujet A jouit de sa puissance de sujet et peut user de B, objet, en toute quiétude, et surtout en l'absence de culpabilité.
La banalisation de l'autre...Donc se donner la possibilité, s'autoriser de soi même à en user, en abuser. Instrumentalisation.
L'objet ainsi est soumis à la destruction psychique lente et méthodique de son "agresseur"
Agresseur qui lui aussi, c'est plutôt banal est un sujet ordinaire. Une sorte de monsieur "Toutlemonde"
Avec un profil singulier, qui tire sa jouissance dans la désujétisation de l'autre.... Son instrumentalisation
Pas forcément pour l'utiliser, mais surtout pour jouir de cette perte de qualité de sujet de l'autre anéanti...
S'installe alors un rapport particulier, une relation dysfonctionnelle. Une relation qui ne tient pas, qui cloche car elle fait mal, elle fait mal à cet autre qui a perdu sa qualité de sujet
Une relation qui n'est plus à armes égales. Car c'est bien d'armes qu'il s'agit, d'absence d'arme
Un est armé, l'autre n'est pas, un peu comme s'il tirait dans le dos...
Harceleur, agresseur, victime, agressé
L'un et l'autre, mais l'autre n'est pas l'un
Un des deux y laisse sa peau, son moi peau, ce qu'il est.
C'est un deuil impossible à faire, car inreprésentable, car insidieux...
L'un donne les coups, l'autre les reçoit, mais ce n'est pas aussi simple que ça.... Il se passe quelque choses dans cette relation là, singulière qui s'est nouée entre ces deux là...
C'est peut-être du côté de ce lien là, de ce qui s'est tissé qu'il convient de s'interroger
Comment, quand et pourquoi ?

Reg arts


samedi 12 septembre 2009

@mi

Ce jour là elle est triste, désespérée..
"Je viens de perdre un ami"
Silence...Puis elle se reprend, devant mon regard interrogateur..
'Un ami ?"
"Oui, enfin, c'est sur internet, vous savez, je suis inscrite sur ....et j'ai des amis, des tas d'amis et ce matin, je vois qu'il en manque un..."
Silence, elle se reprend
"Oui, je regarde plusieurs fois par jour combien j'ai d'amis, des personnes qui demandent à être mes amis, ou qui acceptent mon invitation à le devenir..."

Elle est inscrite sur ce réseau social, depuis quelques temps, elle y a des amis, la plupart elle ne les connait pas, ne les a jamais vu, et ne les verra sans doute jamais.
Un nombre d'amis, important, sorte de baromêtre de popularité, témoin du lien social qui se crée, qui se fait, se noue au hasard de rencontres virtuelles, d'inscription à des groupes, pages, discussions, intérêt commun
Des amis.

"Ami, ce mot là signifie quoi pour vous ?"
Elle hésite, ne sait pas vraiment quoi et comment répondre
Puis "Je ne sais pas exactement dire, des gens.."
Puis de parler du net, des forums de discussions, de tout ce temps qu'elle passe derrière son écran devant son clavier
"C'est facile, un clic, on parle, on discute, on raconte, on voit ou non, on chatte, tout ça de chez soi, sans mettre le nez dehors
Justement le nez dehors, elle le met de moins en moins
"Pour faire les courses, et encore, tout ce que je peux commander sur le net, je le fais, c'est mieux"
Gain de temps, pas vraiment, du temps elle en a, peut-être trop, justement, un trop de temps qui fait vide, qui donne le vertige...
"Et cet ami perdu ?"

"Il manque un ami sur ma liste, il n'est plus là, il est parti, il s'est rayé de ma liste...
J'ai fait des recherches pour savoir s'il était toujours inscrit, il l'est, mais n'est plus mon ami.. "
Silence
"Je ne comprends pas, je n'ai rien dit, d'ailleurs je ne lui ai jamais vraiment parlé, en fait, j'ai simplement cliqué sur le lien pour accepter cette amitié.."
Elle me regarde "oui, on clique pour accepter ou non, c'est bien..."
"Cela me faisait 80 amis, vous vous rendez compte, moi qui ne voit jamais personne !"
Nous y voilà donc...
Jamais personne.
Et d'expliquer que : "En vrai, dans la vie de tous les jours, je ne vois personne, je ne connais pratiquement personne, la caissière de la superette, le facteur parfois...un voisin.. Mais sinon..."
L'isolement social. Voulu ? Cherché ? Souhaité ? Suscité ?
Crainte de l'autre, de son regard, de son être "en vrai" de sa présence dans le réel ?
Refuge dans le virtuel ou un seul clic engage une relation d'amitié ?
Mais quid de l'amitié ?
Elle ne peut définir ce terme, elle ne sait pas, elle parle bien des copines qu'elle avait en classe, des filles avait qui elle sortait, des gens avec qui elle travaillait

Mais ce n'était pas des amis..
Alors, ces vignettes, au coin d'un profil, ces gens, ces personnes inconnues, sont des amis ?
Et pourquoi ?

Plus tard, nous essayons de parler de cette perte là, de cette désinscription de sa liste, de cette dés affection. De cette dé faction. De cet abandon.
Abandon, il s'agit bien de cela? La perte, d'une amitié... Virtuelle relation inconnue, d'un inconnu,
Pourtant elle ressent quelque chose de très fort, de la peine, du chagrin, une certaine souffrance, celle d'être le "mauvais objet" qu'on laisse au bord du chemin qu'on déclique...
Elle culpabilise, se demande ce qui sur son profil, sa photo ses commentaires aurait pu déplaire à cet ami qui l'a quitté...
Elle ne peut admettre qu'elle ne porte aucune responsabilté. Elle souffre.
Une souffrance bien réelle, qu'elle reconnait cependant disproportionnée et irraisonnée, mais qui est pourtant là, et contre laquelle elle ne peut rien.
Contre laquelle elle ne peut rien, vraiment, qui fait qu'elle se sent ridicule, mais c'est ainsi
Si cet @mi l'a quitté, c'est que....
Il y a donc du manque, du moins 1 sur sa liste, du moins qui retire du plus
Un moins d'amour, d'amitié, un moins qui s'est retiré
Qui lui est retiré !

jeudi 10 septembre 2009

image 4

Il n'aime pas qu'on le prenne en photo
Il ne veut pas être sur la photo
Les photos...
Il se cache derrière ses mains, il fait barrage à l'objectif. Il refuse ce rapt là, cette capture d'image.
Un ravissement....
Il ne veut pas qu'on se saisisse de cet instant, de l'instant, d'un instant, qui lui appartient, à lui, à lui seul.
Il ne veut pas partager ça, avec personne, pas même ses proches...
Il ne veut pas. C'est tout.
Pourquoi ? Il n'a pas à se justifier, c'est comme ça c'est tout.
L'image, le droit à l'image, le droit de l'image. l'image de soi.
La photo.
Capture d'image, d'un instant, d'un moment
Immortaliser de cet instant, pour un toujours éphémère, un toujours jamais. Pour quoi ? Pour qui ? Mémoire ? Mémoire du temps qui passe.. De ce temps qui échappe, qui nous échappe.
Maitriser alors cet instant de temps en le fixant sur un morceau de pellicule, puis sur une image, un écran, pour le voir, après, plus tard, bien plus tard
Pour se souvenir. Se souvenir de ces instants, de ces moments, de ce visage là à ce moment là
Regrets, nostalgie, passé...D'un passé qui n'est plus
Se souvenir des jours heureux et je pleure
Mais je pleure sur qui ? Sur quoi ? Sur ces jours là ? Sur soi ? sur l'image de soi ? L'image de soi à ce moment là ?
Figé. Fixé, pour l'éternité. Immortalité qui devrait subsister dans un au dela, un delà de soi, quand le soi ne sera plus là.
Capturer cet instant bref dans un présent qui ne dure pas, comme pour faire fi du temps, d'un futur à venir, d'un vieillissement inexorable, du travail du temps qui se fait, malgré tout, malgré la photo, qui malgré tout, jaunit.
"Pour avoir un souvenir, pour moi, s'il te plait, laisse moi te prendre en photo"
Mais il ne veut toujours pas : "je n'aime pas ça"
Comme si cette image fixée sur le papier permettait le souvenir..
Souvenir, mémoire, regrets, passé. Comme si les traits d'un visage aimé, pouvaient s'estomper dans la brume de l'oubli, des années qui passent et on ne se souvient plus très bien, c'était comme ci, c'était comme ça.. Je ne sais plus vraiment !
Une patiente m'expliquait avoir brulé un jour toutes les photos de sa jeunesse, sans regrets, justement pour ne plus en avoir
Cela lui était insupportable de voir, revoir encore sa "beauté fanée"
"A quoi bon, voir tout ça, ce visage lisse, ces yeux, ces cheveux.. A quoi bon avoir été belle, si belle alors qu'aujourdhui,,il n'en reste rien, plus rien, un visage vieilli, ridé, des cheveux blancs que je suis obligée de teindre, des yeux tristes d'avoir tant pleuré ceux qui m'ont quitté, les peines et les chagrins ont raison de tout..."
Alors elle a brulé, elle a fait un petit tas, de toutes ces photos là, de ces témoins d'un passé révolu, puis elle a immolé ce passé en buvant une coupe de champagne
"Belle cérémonie" poursuit-elle, je me suis enterrée moi même, du moins j'ai enterré cette femme là, celle du passé qui est morte, qui n'est plus, pour me permettre de vivre, d'être, moi la vieille !
Elle se sent soulagée à présent, plus de nostalgie, le temps passe, celui qûi est passé est révolu. Vivre avec ses souvenirs, dit elle est mauvais, "ça ne donne rien de bon"
L'image de soi qui insupporte parfois, mais aussi l'image de l'autre... Se demander si l'autre, enfants, petits enfants, n'auraient pas aimé savoir, voir qui était cette femme avant.. Avant d'être cette femme d'aujourdh'ui
Femme d'hier... Vestige du passé, d'une beauté fanée.
Prisonnière d'un passé, d'un moment figé, d'un instant que l'objectif a incarcéré pour un toujours à jamais insupportable. Une cage rouillée, étouffante dont il faut se liberer.
Mais la beauté est-elle la raison, la seule qui raisonne, qui fait qu'on ne veut plus voir, sa voir, re voir ?
J'ai toujours un petit pincement au coeur, une certaine émotion quand je feuillete l'album familial et que je vois mes grands parents, ma mère, mon père, jeunes....Comme je ne les ai jamais connu, vraiment, comme je n'en n'ai pas gardé le souvenir...Je ressens aussi un certain malaise devant cette intrusion, pénétrant une intimité à laquelle je ne suis pas conviée. Ces photos ne m'étant pas destinées. Se pose alors de l'adresse de celle ci ? Pour qui ? Pour quoi ?

La photographie de soi, l'image de soi. Qu'on voit de soi par le prisme de l'objectif. Cette image là est la confrontation de soi au réel de soi. L'expression de la représentation de soi dans le réel
Se voir sur la photo, se reconnaitre ou pas.
"C'est moi... C'est pas moi."
Confrontation au Réel, à la réalité de soi, de son existence. Voir, SE voir
Projection de l'image de soi dans une dimension autre, sur le papier, sur l'écran, dissociation...?
Un soi étranger à soi même, un soi qu'on découvre peut-être en même temps que les autres regardent. Un soi qui surprend, qui étonne, qui déçoit...Un soi qui n'est pas le moi ?
Soi est alors un autre ? Un autre moi, que ce moi n'imagine pas, ne voit pas.
L'image de la photographie est différente de l'image du miroir.
Finalement me dit une adolescente "On ne se voit pas, on ne voit jamais vraiment comment on est."
On ne verrait donc pas ce qu'on montre pourtant à voir à l'autre.
Quel est ce moi que je ne saurai voir ?

mercredi 9 septembre 2009

Le violoncelliste de Sarajevo

Livre découvert sur les rayons de la bibliothèque, pris au hasard du titre, de la couverture. Comme je le fais la plupart du temps. J'aime cet imprévu, ce "hasard" cette découverte d'un auteur ou d'un livre. Sans trop savoir si j'aimerai ou pas. Libre de poursuivre le récit ou non !
Une rencontre ou non...

Le siège de Sarajevo. Un obus comme tous les jours, plusieurs fois par jour. Cette fois, il fauche 22 personnes qui font la queue devant une boulangerie
Presque banal dans cet univers de guerre, dans cet enfer.
Un homme pourtant ne veut pas de cette banalité là, il refuse;
Chaque jour, à 16 h, il se rend sur les lieux et joue au violon "l'Adagio " d'Albinoni, à cet endroi précis, en hommage aux victimes
Il jouera 22 jours consécutifs...
Imperturbable

Il se rendra sur les lieux et jouera au mépris de la mort, des snipers, des balles perdues, il joue.

Une histoire vraie, qui débute le 27 mai 1992...Un violoncelleiste virtuose, Vedran Smailovic, jouera, jouera, sous les bombes, sous les balles, seul, sans public, pour lui, pour les morts. Pour ?
Puis peu à peu, les gens savent, passent, écoutent, s'arretent, un instant, plus longtemps...
Il y a un homme là bas, qui joue une musique, c'est triste, il vient tous les jours.

... Une sorte de rumeur, qui s'amplifie, chaque jour...

Acte de résistance ? Courage ? Refus ? Volonté d'humanité encore ?
Chacun est menacé, tout le temps, la vie ne tient qu'à un fil, pour celui qui se risque hors des ruines dans les décombres, qui se risque hors des remparts pour chercher de quoi maigrement subsister...Qui s'accroche à la vie, au fil tenu de la vie, encore !

L'auteur à travers le quotidien de trois autres personnages, une jeune sniper, Flèche, un homme qui va chercher de l'eau pour sa famille et une vieille voisine acariatre tous les 4 jours, Kenan, le boulanger Dragan qui tous les matins se rend à son travail.
Il nous livre le quotidien, leur quotidien au milieu de ce champ de ruines, leur lutte pour la vie, leur vie, pour que tienne encore un peu, encore un jour le fil tenu de leur existence.

Chacun risque sa peau, sous les balles des snipers, des contres snipers, des obus des "hommes des collines"
Nul pathos, nulle lamentation. Il n'y a pas, ou plus la place pour ça.
Un récit sobre, presque un documentaire, une analyse des sentiments, des émotions, des affects..
Courage, peur , craintes, états d'âme, questionnements intérieurs...
Les persponnages sous les balles sont face à eux même, face à leur être seul, à leur possible derniers moments... Ils doivent faire face aux événements, à leur devoir, fuir, avancer, laisser de côté...
Face à la mort, tout le temps, face à leur fin, possible, tout le temps !
Tous pensent au passé à cette ville, ce Sarajvo qu'ils n'ont pas quitté parce qu'ils l'aiment et qu'ils refusent de le laisser à ces "hommes des collines" qui veulent le détruire et par là, les détruire, casser, briser leur rêve, leur histoire. Avec des bombes !

La destruction de la bibiliothèque est poignante. C'est une partie de l'âme de la ville qui est arrachée à son corps. Un corps détruit, des ruines, un champ de ruines qui se vide de ses âmes un peu plus chaque jour... Un quotidien insoutenable, mais terriblement "normal", devenu terriblement banal !
La banalité du mal !

Chacun est face à lui meme, à ses craintes et à ses fantômes, à ses cotés sombres aussi. L'homme est duel, divisé, clivé, il voudrait etre, mais n'ose pas, craint de mourir, la mort est au rendez vous à chaque seconde, c'est elle qui décide quand et comment... Sans trop de surprise, la surprise étant d'être encore vivant en se relevant sous les gravats...
Alors on se demande si on est lâche, courageux, on regarde on attend de voir un autre, un inconnu traverser la rue, atteindre l'autre côté, pour s'engager soi même, se croyant à l'abri d'un sniper, puisque l'inconnu est encore en vie. On se demande si c'est bien, ou mal d'avoir attendu, d'avoir ustensilisé l'autre, d'avoir expérimenté, de s'en être servi comme "cobaye".
Le lecteur, lui aussi est face à lui même, grâce à l'image que lui renvoit ce miroir.... Héros, anti-héros, collaborateur, résistant... Tout à la fois, le meilleur ? Le pire ? Mais qu'est-ce que ces valeurs, ces concepts dans un univers de destruction, où l'homme détruit l'homme, où il est ustensilisé par l'homme, où il est l'autre de l'autre, l'autre mauvais qu'il faut détruire.
Il y a toujours un autre mauvais ?

Et puis le lecteur qui se laisse emporter par le quotidien de ces trois héros héroïques et ordinaires oublie lui aussi que la mort n'est plus extra ordinaire, qu'elle est en ce lieu devenue banale. En revanche, aller chercher de l'eau, du pain, se raser, se laver, cuire son repas etc.... sont des actes impossibles mettant la vie en danger,
Le quotidien est risqué, les habitants, rescapés sont des morts en sursis, ou des vivants en sursis, en attente d'un secours d'une Europe qui s'en fout, qui se bat elle aussi dans les salles de conférence, sans lever le petit doigt pour arrèter ce massacre, à une heure d'avion de chez nous !
L'enfer de Sarajevo était à notre porte, derrière cette porte que personne ici n'a jamais osé entrouvrir


Steven Galloway Le violoncelliste de Sarajevo. Ed. Lattes.

mardi 8 septembre 2009

Images 3

Les enfants elle n'en veut pas.
Elle ne s'était même jamais posé la question
Les enfants elle n'aime pas ça
Ca ne l'interresse pas.
Elle s'en fout !
Elle a toujours su qu'elle n'aurait pas d'enfant. Jamais. Qu'elle n'en n'avait "pas besoin"
Pourtant d'enfant elle parle... D'enfants ?
Du refus d'enfant, du refus de maternité.
Un mot qu'elle déteste
Un état qu'elle déteste, qu'elle refuse, qui la répugne, qui la révulse, qui lui donne la nausée
"Voyez, pas besoin d'être enceinte pour les vomir"
Désir de vomir .... Jeter, explulser au dehors... Dehors.
Puis de décrire cet état "détesté"
"Le corps déformé, ce ventre énorme, ces seins qui tombent, difformes... sans forme, on ne ressemble plus à rien"
Silence
"C'est fou de se retrouver avec un corps étranger en soi, dans soi, héberger ce parasite, avoir ça en soi, ne plus être soi, partager, être déformée par cette chose sans nom qui grandit, grossit, prend de la place, vous saigne à blanc, vous vampirise. Vampire déja !"
Elle s'agite, soupire, ne sait pas trop comment traduire cet inconfort.
"C'est tout ce qu'il y a autour qui me dégoute, quand j'étais gosse, les bébés je trouvais ça laid, moche, braillard, les copines s'extasiaient devant les poussettes et ces petits êtres hurlants, ridés... c'était d'un ridicule..."
Silence. Elle rit !

"Moi, ça ne m'interressait pas, les enfants, je trouvais ça nul, même ceux des copines, je ne suis jamais allée les voir à la maternité, M'extasier... ? "
"Comment peut-on accepter de se mettre dans un tel état pour mettre au monde un enfant, se déchirer, se faire mal, souffrir le martyr...Tout ça pour ça, pour rien, pour pire que rien car on doit s'en occuper toute la vie, un fardeau quoi, mais le plus intolérable, c'est d'avoir ça en soi ?"
Silence, elle pense, elle n'est pas ailleurs...
"Ce qui me révulse c'est ce ventre, cette difformité, si contraire à la féminité, ce côté animal, mammifère, le lait, ah ces femmes qui allaitent, c'est dégoutant, bestial. Je ne supporte pas ça, c'est la nausée assurée, c'est impudique, elles donnent le sein, un éorme sein gonflé...Immonde et impudique !
"Ce ventre... Cette affaire de femelle, sage femme, maternité, gnan gnan, couleur rose et bleue, layette, salle de travail, torture ! quand je pense qu'avant elles y laissaient leur vie !Pour la survie de l'espèce.
Silence"
"Je me suis toujours demandée ce qui poussait la femme à être enceinte
Silence
"Enceinte, ou attendre un enfant, être grosse, on disait avant, grosse, ce mot là est bien dit, bien vu, grosse, énorme, difforme déformée, dilatée ..."
Et elle rit, cherche mon regard,
Dilatée, vous voyez le scketch ,
C'est ça dilatée.
Silence
"Etre femme ne passe pas par la maternité, pas forcément, nous avons le droit de décider de ça, je suis une femme féminine, je n'ai pas besoin d'être grosse pour l'être plus, on le serait plutôt moins... Le désir, mais quel désir, désir d'être une femelle, non plus une femme. Non, je suis une femme sans ça"

Plus, moins, la féminité arythmétique, mathématique, le moins et le plus, pour faire un tout..
Un plus pour finalement devenir un moins, à la fin
Féminité ? Féminitude ? Se sentir femme ? Le devenir ? Le rester ? Le manquer ?
Etre femme ? Etre mère ? Mère et femme ? Mère ou femme ?
Bribes de thérapies, d'analyse, de questionnement, de désir, de non désir qui posent la ou les questions du désir de femme, de l'image de femmes, de féminité.
Longtemps indissociables ces images de femmes et de mères ont aussi longuement été dissociées, voire opposées, comme si l'une ne pouvait être l'autre, une femme, ou une mère, une mère ou une femme
Liberté de choix, de non choix, dilemme parfois, quelque fois, souvent
Désir d'enfant, de grossesse, d'être "grosse"
Désir de voir son corps, se transformer. Angoisse de le voir se déformer.
Images encore, miroir, regard, de soi, de l'autre, des autres, de l'Autre, de la société...
Regard de soi, vers soi,en soi
Regard supportable ou insupportable de soi, des autres sur soi
Image de femmes, paroles de femmes !

Entre tien



mercredi 2 septembre 2009

La dialectique perverse

Nous y avons à faire souvent, bien souvent, tellement souvent qu'on ne la reconnait pas.
Elle avance masquée, cruellement déguisée sous des aspects, doucereux, liquoreux.
Et nous ne nous méfions pas
Dialectique perverse !
On ne s'en méfie pas, justement parce qu'elle ne saute pas aux yeux, tout de suite. Pourtant le malaise est là, on le sent arriver, s'installer...Mais ?
On se dit alors que quelque chose ne va pas, que ça coince quelque part...On ne comprend pas.
Mal aise, mal être, il remplit envahit l'être...
L'autre et soi, soi et l'autre. Un dialogue, une relation, un lien ? Ou non ?
Absence ? Vide ?
Une réciprocité, cependant....
L'un ne se sent pas bien vis à vis de l'autre, il sent que l'autre ne "joue pas vraiment le jeu" ou le joue un peu trop au contraire.
L'un sent que l'autre est trop, fait en trop...
Comme si.
Une sorte de dialogue que personne ne comprend vraiment, ou feint de ne pas comprendre pour ne pas perdre la face : "Je te hais, mais tu ne le sais pas, ne veux pas vraiment le savoir, le montrer, alors tu préfères penser que je t'aime, et tu m'aimes alors en retour parce que tu n'as ni le courage, ni la force de me haïr".....
Amour versus haine. Haine versus amour
L'un est l'autre, l'un et l'autre, encore une fois, indissociables, intimes, liés, reliés,
Faut-il que l'aime haîsse d'amour l'idée de haïr l'autre pour que cette dialectique puisse se mettre en place
Une sorte de mise en scène. Un pas de deux, sans vraiment de rencontre, un décalage.
Tu es là, quand je n'y suis pas, mais j'aurai pu y être, et tu le savais, tu es arrivé un peu en avance ou en retard, pour être sûr que la rencontre n'ait pas lieu, vraiment lieu.
L'amour de la haine...Pas de faire mal, de faire, ni bien ni mal, justement, mots dénués de sens, vidés de substance
Curieuse rencontre, singulière histoire que celle de ceux là... Qui se rencontrent pour ne pas se rencontrer vraiment.
Une rencontre percutante, pourtant, qui heurte, sans prévenir,
La rencontre....
Une rencontre abusée d'êtres qui s'abusent. Etres ? L'un est, l'autre pas
L'un y est, l'autre pas
Perverse...? Pervers ?
Tout en finesse, en dentelle presque, la rencontre perverse a de multiples visage, facettes, elle emprunte divers masques qu'elle change au gré de l'humeur


L'un ustensilise l'autre. Instrument.. Sujet / Objet. Il convient de désujétiser l'autre, d'en faire un outil, un objet. Désingularisation.
Hannah Arrendt a bien expliqué ce mécanisme lors du procès de Nuremberg. Il reste vrai, définitivement vrai.
Il convient donc de réduire l'autre non à néant, mais pire : au rang d'objet, à le "chosifier" comme elle dit, il est plus facile ensuite de faire de, faire avec
Retirer toute humanité dégage de toute responsabilité.
C'est une possibilité...
Cela peut expliquer, cela permet...
Permet de se justifier, de s'autoriser aussi de soi même, à faire ça. A moins de ne pas différencier ce qui est de ce qui n'est pas, ce qui se fait de ce qui ne se fait pas. Mais nous rentrons ici, dans une autre forme de dialectique.
Il sagit encore une fois d'une relation triangulaire, l'un et l'autre et le quelque chose entre les deux qui coince, qui ne passe pas bien. Qui fait que justement la rencontre ne soit pas si simple, que la simple ligne droite de la communication bifurque vers une dimension trigonale, qui pose la complexité, et le questionnement
Questionnement pervers s'il en soit.
Relation perverse qu'il en soit. Qu'il en fasse, à ne pas savoir qu'enfer !

mardi 1 septembre 2009

Fin

Il n'est pas vraiment vieux, mais semble,comme on dit avoir fait son temps
Il avance, d'un pas pas vraiment alerte, mais il monte, il grimpe sur la colline...
Il s'arrête. Pas vraiment fatigué, mais lassé peut-être
Il ne bouge plus, ne regarde même pas le paysage autour de lui
Il ne s'interresse pas.
Il s'asseoit.
Il regarde, rien, pas grand chose.
Il regarde, lui, à l'intérieur de lui
Pas vraiment fatigué, lassé peut-être, de lui, des autres, de l'autre, du reste...
N'a plus envie de bouger, de se relever, de monter, de grimper, d'escalader
La colline ne l'interresse pas, ne l'a vraiment jamais interressé
Il s'est interressé, un temps, son temps, un peu pour faire comme tout le monde, mais au fond ?
Au fond quoi...
Alors il se demande sans trop de conviction ce qu'il fait là ?
Seul, planté, là au beau milieu d'une colline, au beau milieu de nulle part
Il en rirait bien, mais même de ça, il n'en n'a pas envie, plus envie
L'envie...
Et si justement c'était ça, l'envie.

L'en vie ?
L'envie de ne plus vouloir, de ne plus avoir d'envie
Il soupire
Il se dit que d'autres diraient qu'il déprime, qu'il n'a pas le moral, qu'il ne va pas bien...
Il sourit
Il ne s'est jamais senti aussi bien.
Et pourtant, il a fait son temps, même s'il n'est pas vieux, pas si vieux.
Mais il trouve qu'il a fait son temps, et qu'il est temps.
Il se demande alors ce qu'il reste, ce qui lui reste
Comme temps,

Encore.
Le temps qu'il reste, qui lui reste
Pour arriver au bout, à la fin, à l'ulitme, au soulagement, à la vrai fin, à sa fin
La fin, l'ultime attente, car, il lui semble qu'il n'en a pas d'autre, qu'il n'en n'a jamais eu d'autres, penser le contraire est mensonge et pire : illusion.
Illusion, il aurait vécu alors tout ce temps dans l'illusion
Mais l'illusion de quoi ? De rien, puisqu'il n'y a rien, et qu'il n'y aura jamais rien,

De passage.... Il est de passage, ici, un bref moment, qui pourtant lui semble bien long

Il n'a nulle envie de regarder en arrière, de faire le compte ou le décompte de ce conte à l'envers; Il n'a nulle envie de tricoter encore, de ramailler, de ravauder ou de détricoter quoi que ce soit
Il se dit alors, que peut-être bien il est fatigué
Fatigué de tout ça, de l'illusion
Il ne lui reste alors qu'une chose à faire, une et seulement une seule
Attendre
L'attente !
Il espère seulement que cette attente ne sera pas trop longue !
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Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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