Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

mercredi 11 juin 2008

Chapelle

Tout au long de ma présence au sein des établissements hospitaliers, j'ai entretenu des relations particulières avec les représentants des cultes.
Leur présence en ces lieux, n'est pas à démontrer, n'est pas discutable, puisqu'elle est demandée, souhaitée par les patients, les familles.
Parfois, l'aumonier (ou l'aumonière) est la seule personne qui passe, qui rend visite au malade qui ne voit personne, qui n'a pas ou plus de famille, qui est abandonné.
Il est parfois le seul capable de recueillir des confidences, des paroles qui ne peuvent être déposées dans un autre lieu, un autre espace.
Paroles qui ne relèvent ni de la dimension psychique tout à fait, ni de la dimension physique complétement, mais paroles qui s'interrogent sur le devenir d'une âme en souffrance, en espèrance d'un avenir, d'un futur, ailleurs, dans un au delà, sur une Terre Promise qu'ils attendent et espèrent pour certains, croyants ou non....

Spirituel ? Esprit ? Ame ? Dieu ? Religion ? Foi ? Croyance ? Domaine divin, dieu, église etc... Domaine limite, frontière extrément mince entre le psychisme et l'esprit, si on considère que ce n'est pas tout à fait la même chose...
Autre territoire inconnu de l'âme, qu'on ne connait pas tout à fait, terre inconnue, presque effleurée, domaine lointain qu'on sait présent, mais qu'on ne peut palper vraiment..
Qu'on n'interroge pas souvent, ou dans des conditions très particulières.

Ame ?

Il n'est pas toujours question de religion, la plupart du temps..
Il est question de réconfort souvent
Un réconfort, une écoute, une oreille attentive, différente de celle du médecin, du psychanalyste, différente, mais aussi complémentaire. Parfois, si le patient le souhaite.

Il est souvent dans ce cas, ici et maintenant, question de questions.
Questions qu'on ne se posent pas forcément ailleurs, avant, quand tout va bien, ou à peu près bien, quand l'heure n'est pas à la question justement.
La maladie, l'approche de la mort questionnent justement, intensément, angoissément cette ou ces questions ?
Qui suis je ? Sujet malade ?
Mais que vais-je devenir sujet mourant ?

La religion n'a rien à faire, ni affaire dans un travail thérapeutique, elle n'est ni de mise, ni invitée, même si elle s'invite parfois.
Le thérapeute n'est ni un confesseur, ni un prétre chargé de donner l'absolution. Il ne pardonne rien au nom de personne.
Il peut tout au mieux, accompagner le sujet qui le souhaite dans sa démarche de pardon à lui même et autres qu'ils pourraient avoir offensés
Mais qu'est ce que l'offense dans le discours de l'analyste ? De l'analysant ?
Offenser quoi, et offenser qui ? Transgression ?
On n'est pas, dans cette affaire là, dans cette transaction là, dans cette démarche là, dans cette aventure là. Pas de Méa culpa.
C'est un autre quête, qui peut être menée en parrallèle, séparément, c'est un choix, et le choix du sujet.
Il arrive pourtant que cette rencontre se fasse, ait lieu, que ces deux là soient au rendez vous, même lieu, même heure....Comme ça ! Par hasard.
Mais le hasard n'existe pas : Alors ?
Il arrive pourtant que ces rendez vous, arrivent et aient lieu, et que psychanalyste et aumonier soient impliqués. Mouillés par le patient, analysant pénitant en demande d'espèrance et de devenir meilleur. invités !
Curieux hôtes que voilà !
Le psychanalyste s'il ne promet rien, permet en revanche...Si le sujet le veut !
L'aumonier peut-il promettre que son dieu sera miséricordieux, pardonnera les péchés, et aime tous ses enfants ?
Je n'en sais rien.
Pourtant il vient, écoute, accompagne et réconforte.
L'analyste, vient, écoute et accompagne.... Quel réconfort apporte t-il ?
Confronté à la maladie, le travail analytique se fait au bord du lit, hors cadre, hors du cadre traditionnel, pas de divan, pas d'espace temps délimité pour le sujet....
On improvise, on compose, on fait avec... Ce qu'on à, ce qui est !
On invente, on crée, parfois on bricole !
Hors cadre, mais en les murs, en les murs de l'institution et de la chambre, de la chambre du dedans, d'un dedans carcan qui parfois est le dernier dedans, la dernière demeure...
Comment faire ailleurs. Il faut bien évidemment repenser, voire repanser sa clinique, sa pratique.
Si chaque rencontre est nouvelle, cette chambre est un espace pas toujours clos, où il faut pourtant lors du travail analytique préserver l'intime, et donc offrir un espace d'intimité, afin que cet intime puisse se mettre en mots.
Aider le patient à historiser cette souffrance et cette demande, sans pouvoir répondre à ses questions, ni le rassurer sur la possibilité peut-être éventuellement hypothètique d'un avenir, d'un futur, d'un devenir meilleur, ou autre, ou d'un autre monde tout court ?

Ce qu'il en est, nul ne sait... Mais ceux qui ont la foi en sont persuadés peut-être ?

Alors peut-être aussi, est-ce bon, qu'un des leurs le leur rappelle ?

L'analyste ne peut promettre le paradis, quel paradis ?
Il peut permettre la mise en mot du présent, pour penser l'avenir, mais qu'est l'avenir, quand on compte en jours et parfois en heure
Avenir quand même ! Ca j'en suis sûre....


Et puis il y a le lieu, consacré à la prière....Celle des croyants ou des incroyants, peu importe, nul besoin d'appartenir à une église pour en pousser la porte
Lieu de paix, de silence et de recueillement, cet espace est essentiel dans ce lieux de violences, de morts, de sangs, de douleurs, de souffrances...

Combien de fois, ais je poussé, moi, qui ne crois en rien, ou en si peu, combien de fois ais je poussé cette petite porte ? Combien de fois, suis je entrée, moi, qui n'ait pas la foi, du moins cette foi là ?
Combien de fois suis je venue, non à la rencontre d'un dieu, bienveillant, malveillant, miséricordieux, vengeur, bon... car je ne sais si dieu il y a ?
Pourtant, je suis venue...
Souvent, très souvent, souvent, dans cet espace clos, je me suis retirée et reposée. Oh pas longtemps ! Le temps dans cet endroit est suspendu, n'existe pas, n'existe plus !
Toujours j'y ai trouvé la paix, le calme, le silence, ce silence que je laisse m'envelopper, m'envahir, prendre mon âme et mon esprit ! Ce silence que je gôute avec délice, une sorte de jouissance indéfinissable !
Se retrouver pour quelques minutes, quelques secondes face à soi même, face à cette solitude qui peut se révéler terrible, mais aussi terriblement rassurante.
Face à sa solitude ! J'ai écouté le silence, me suis nourri de solitude....Je ne suis pas certaine qu'un autre endroit ai pu m'offrir tout ça, d'un seul coup, en même temps..
Certains disent que c'est la maison de Dieu ou dieu, qu'il y règne cette atmosphère grâce aux prières ? Je n'en sais rien, mais ce dont je suis sûre c'est que cet endroit là, précisèment est tellement précieux ici.
Une sorte de no man's land.
Une Terre d'asile !
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Nota bene

Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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