Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

dimanche 11 mai 2008

Les mères !

Ah que ne dit-on pas des mères ?
Tant et tant ! Vous m'en direz tant !
Reproches, fautes, coupables...
Elles sont sans cesse sur le banc des accusées, coupables !
Accusées de tous les maux, elles ne trouvent guère d'avocats véritables que des commis d'office, bien décidés pourtant, à les défendre. Surtout si ce sont des fils !

Pourquoi donc les mères... Pourquoi et qu'ont elles fait ? Ou pas fait ?
Fait ou pas fait, cela revient au même, car si elles ont fait, elles ne l'ont pas fait bien, et si elle ne l'ont pas fait...Cela a fait défaut ! Cela a manqué ! Et la mère qui manque....Qui manque à ses devoirs, la mère défectueuse, la mère que fait des faux !
Défaut ! Nous y voila, des faux et des faux à défaut de faucilles pour couper, éraser, éradiquer, castrer toutes actions, pensées, volonté, désirs...

Pauvres mères, ce n'est pourtant pas la mer à boire que d'élever des enfants..
La mer à boire, il faut le faire, et parfois la coupe est amère ! Pauvre mère !
La coupe est pleine, pleine de mères

Tache impossible que d'éduquer constatait Freud ! Amer peut-être ? Réaliste sûrement.
Mais parlait-il au nom et en nom du Père, du fils, ou du psychanalyste ?
Mais que disait-ils des mères, lui qui n'aimait pas vraiment les femmes ou qui les craignaient et s'en méfiait peut-être un peu...

Comme les hommes de son temps, le Père méconnaissait ce sexe qui l'intriguait pourtant, qui ne voulait pas révèler ses secrets, qui se tordait, se tordillait scandaleusement et hurlait dans les murs de la Salpétrière...
Pourtant il a exploré, voulu comprendre, analysé... Mais il s'est heurté à l'aridité du vaste "Continent noir" pourtant si fertile qui ne s'est ni dévoilé, ni laissé vaincre.

Freud misogyne, sûrement... Ou Ignorant. Ou maladroit.

Au point de leur faire envier le satané pénis... Attribut viril ! Phare, emblème de la masculinité à défaut de virilité.
Dépourvue de pénis, la pauvre femme est condamnée d'avance. Née femme, la voilà victime et condamnée à tout jamais
Heureusement "on ne nait pas femme on le devient" Merci cher Castor !


Mais pour des décennies la voilà castrée à tout jamais, il lui manque ce qu'elle convoite pourtant et qu'elle n'aura jamais.

Tant pis pour elle ! Ou tant mieux
Que ferait-elle de ce "machin" pour reprendre les termes d'une de mes patientes ?

Mais pourtant, selon les épigones, elle aura le phallus, du moins un substitut : Elle s'en saisira et le brandira au nez et à la barbe de l'homme, qui en a lui ! l' enfant ! emblême de sa féminitude...de sa féminité, de sa femmellité.

Pauvre mère en effet, qui porte l'enfant, mais le porte déjà mal in utéro, elle lui parle trop, mal ou pas assez ! Catastrophe ! le pauvre enfant, pas encore né est déjà traumatisé !
Mère qui n'a pas su, ne sait et ne saura le protéger.. Du dedans, du dehors, de la horde, du père !

Mis au monde, ne va t-elle pas trop l'accaparer, le dévorer, le manger du regard, et par là peut être délaisser le père, telle la mante religieuse qui pour un temps, n'a plus besoin de s'accoupler puisqu'elle a satisfait au besoin de l'espèce. Qui sans elle s'en verrait menacée.
Que ne doit on pas aux mères ? Ou alors faut-il le leur reprocher ça aussi, la continuité de notre espéce, en l'espèce et en l'état ?

Procrér, mère ventre, mère continuité de l'espèce, mère femelle, mère porteuse...
Elle avait les siècles passés tout intéret à mettre au monde un garçon, sinon elle risquait d'être répudiée, jetée, délaissée, reléguée..
Bonne à faire des hommes qui iront mourir à la guerre pour nourrir la folie des hommes, la folie meurtrière !

Mais revenons à cette mère, porteuse et éleveuse. Et de son petit, de sa portée.

Ou bien elle ne s'occupe pas de ce petit être ou ne s'en occupe pas suffisamment, pas assez, pas assez bien, mais toujours avec du "pas" du négatif, elle ne sera pas suffisamment aimante, suffisamment enveloppante, protectrice, maternante, femellisante..
Des mères animales abandonnent leurs petits....

Mère abandonnique, source des tous les maux, que les malheureux un peu plus grands mettront en mots sur les divans des analystes. S'épancheront longuement sur cette femme qui leur a donné la vie, et qui leur a donné si mal, tant de mal ! Qui certains les encourageront dans cette stupide croyance que leur mère est source de tous leurs maux... Ou cause de leur bonheur, insupportable ou insurmontable bonheur d'une mère qui aurait été trop aimante, trop collante, trop posséssive, qui ne lui aurait pas laissé de place, ou une toute petite place.
Du peu, du pas, on passe au trop, au trop peu, au trop trop....

Elle n'est pas une mère !
Trop mère, trop de mère, pas assez de mère, pas de mère.... C'est amère !

Mère sacrée, mais vierge, qui a pourtant enfanté, mais qui pourtant est divinisée justement car elle n'a jamais fauté.
Reproduction sexuée, et sexuelle, plus vraie pourtant de nos jours, puisqu'on peut y assiter, et l'assisté, et comble de la .....choisir le père, le garder, le jeter... Le manipuler? lui faire un chien de sa chienne, lui faire un enfant dans le dos.

Mère sans père devenu inutile et mère vierge de toute intrusion du sexe male
.. Ah les miracles de la sciences, bébés éprouvettes et mère couveuse.
Quid de l'enfant ?

Elle couve, elle couve, elle met au monde, elle borde, elle gronde, elle caresse, elle aide, elle crie, elle nourrit, elle soigne, elle réprimande, elle frappe parfois, elle aime, elle embrasse, elle félicite, elle cajole, elle rassure, elle guide les premiers pas, elle se lève la nuit...elle aime encore, elle pleure souvent, elle aime toujours, elle déteste parfois, elle se fache encore, elle pardonne la plupart du temps, elle aime, elle pleure, elle embrasse encore, elle prend la main, elle serre la main, elle aime, elle lache la main, elle fait signe de la main un beau matin à son enfant qui s'éloigne, un peu... qui revient... et qui repart encore... qui revient, et qui ne revient pas.. ou alors si loin, si longtemps après !
C'est un peu le fort Da, mais à l'envers
L'enfant lui est sûr que sa mère reviendra. Elle, elle ne l'est pas !

Mère à toutes épreuves, à toutes les sauces, à toutes les fêtes, à tous les maux, à tous les mots, à toutes les calomnies, à toutes les gémonies.
Responsables de nos malheurs, de nos troubles en tout genres, de notre anorexie, de notre boulimie, de nos insomnies, de nos manies, de nos toxicomanies, de nos addictions, de nos maladies..
N'a t-on pas dit, écrit, enseigné, avant de revenir un peu à la raison, que c'était la mère, elle encore elle, toujours elle qui était responsable de l'autisme de son enfant, de sa psychose !
Mère phobogéne, anxiogène, psychogène

Accusée taisez vous !
Vous étes coupable, vous étes née coupable et vous n'avez rien à dire !
Pas d'avocat, de plaidoierie, elle est inutile, pas de procés, il est fait d'avance ! La sentence est prête, toute faite.

On aime sa mère, et on la déteste, on l'aime et on la hait, on l'aime trop, pas assez, pas comme il faudrait, du moins pas comme elle voudrait, pas comme on voudrait non plus.
Ou on ne la deteste pas assez, car on ne peut pas, on n'y arrive pas, on voudrait bien, ce serait plus simple, plus facile...Pour qui ? pour nous ? pour elle ?

Mais elle ne nous aime pas non plus comme on voudrait qu'elle nous aime, enfant objet unique de son amour, on doit la partager, avec le père, avec le frére, avec la soeur, avec tous ces rivaux !
Plus tard en grandissant, on se dit qu'elle nous a aimé moins peut etre que le père, le frére la soeur, ou plus ? Ou on n'en sait rien.

Alors est-on quitte ? Ou resterons nous éternellement en compte ? Ne solderons nous jamais les comptes, les dettes, celles que l'on croit devoir, celles dont on se croit redevables ?

On se dit aussi qu'elle ne nous a peut etre pas aimé, jamais, ce qui est peut etre vrai
Et alors ? En avait -elle le droit
Mais doit on se poser la question en ses termes là?
Droit, le droit est partout, pas encore de loi pour régir ses rapports là ,
Tu aimeras ta mère, je crois dans un vague papier qui se nomme testament, un commandement c'est ça ! Mais force de loi ?

Injonction d'aimer ta mère, mais elle ?
Injonction d'aimer son enfant, c'est l'usage, c'est la coutume, c'est comme ça. Il le faut, on le doit, l'amour maternel ! Il est divinisé, sacralisé, élevé au rang de mythe supréme.
Elle aime son enfant, c'est comme ça, cet amour là ne s'apprend pas, elle l'a eu fond des tripes, c'est animal, c'est bestial !
On veut encore nous faire croire tout ça
On mélange tout, on confuse tout, instinct, pulsion, passion, on secoue, on mélange bien, et on distribue un peu d'amour maternel par ci par là. Comme le plus vieux métier, il est vieux comme le monde
Curieux non ce rapport, cette équation entre la maman et la putain. La maman ou la putain.
Deux destins de femmes... Le quel choisir ? Mais y a t-il y choix ?

Pauvre enfant, et pauvre mère aussi, qui avant d'être mère a été un enfant, un bébé, une petite fille et qui a eu elle aussi une mère... Qui l'a aimé. Y songe t-on ?
Sa mère, l'a telle aimé trop ? pas assez ? pas du tout ?
Qu'en savons nous ?
Que savons nous de l'amour de la mère de notre mère pour sa fille ?
Que savons nous de cette relation là ? De cette tendresse là ?
De ces sentiments là. Elle même le sait-elle ?
Que donner quand on n'a rien reçu ? ou trop reçu ,
Quand on a été trop aimé ou pas assez ?
Ce qui revient au même ou qui est pire

Il ya la mère et la fille, la fille et la mère, la mère et le fils le fils et la mère
Que n'a t-on pas écrit (des choses fort justes,souvent d'ailleurs) sur ces duos insolites et détonnants.
Les relations, ne sont pas les mêmes, les gestes, la tendresse....
Mais l'amour maternel ? l'amour de la mère ? L'amour à la mère, le mal à la mère, la maladie de la mère, le manque de mère, le vide de mère...
Une bouteille à la mer...E

Quoiqu'elle fasse, la mère ne le fait pas bien, pas assez bien, et parfois mal, c'est ce que disent les magazines, les psy de bazar, les psychanalsystes qui ont oubliés qu'ils ont et qui pontifient des théories...
C'est ce qu'on lit dans les journaux, voit à la télé, dans les séries, les mauvais films.. ou les bons
Il faut bien une intrigue

C'est sain de reprocher à sa mère, mais c'est toxique et simplissime de tout lui mettre sur le dos, même s'il est large et de se défiler des responsabilités qui nous incombent
On peut pendant des années, pleurer sur le divan que tout ce qui n ous arrive est de sa faute, ce qui est sans doute vrai, puisqu'on le dit, en tout cas c'est vrai pour le patient
Mais après ? Vivre toute sa vie avec ces regrets, ces remords, ses rancoeurs et surtout ces non dits, ou ces trop dits. Ces et ses silences !
Ce n'est pas ça faire le chemin, du moins pas vraiment comme ça.

Peut être a t-on la chance de s'en expliquer, de s'en ouvrir à elle, si on le peut, si c'est possible et si on n'en a encore le temps. Si on le désire, si elle le désire. Si la rencontre peut avoir lieu
Que de rendez vous manqués !
Que de rencontres ratées
Que de longues d'ondes différentes, de défauts de connections...

Une de mes patientes a pu le faire....Elle avait mal à la mère, mal à sa mère, qui avait mal et male de son enfant...La guérison arrive en sus, de surcroit parfois !

Il faut parfois régler ses comptes, ses contes avec sa mère, ça compte dans la vie, dans notre vie, dans sa vie à elle, dans notre vie de mère, si on le devient...
Ouvir une fois pour toute le tiroir caisse.
La mère compte dans une vie et elle nous conte parfois une bien sombre histoire, avec laquelle nous ne sommes pas toujours au clair. Clarifier ou éclaircir, mais nous ne menons pas une enquête policière, tout juste une quête, à la recherche de soi même. Si toute fois on y parvient
Mère que ne dit-on pas en ton nom ? Que n'as tu pas fait encore ?
C'est ta faute, mais c'est à toi qu'on s'adresse quand on souffre, c'est ton nom que le jeune soldat qui agonise sur les champs de bataille gémit dans son dernier soupir, c'est encore "maman" qui est tatouée "pour toujours" sur le bras du dur des durs ou du légionnaire....
C'est "Mama" me dit un jour un ancien prisonnier des goulags sibériens devenu mercenaire en sortant une vieille photos jaunie de la poche de son treillis. Il me désigne en souriant une Babouchka trônant sur un misérable banc, un chat sur les genoux "Mama" Son visage s'est éclairé, je ne l'avais jamais vu aussi heureux
Maman, c'est plus doux que mère !

Oui, la mère a des tords parfois, souvent quelque fois, mais si elle n'a pas été celle qu'on aurait aimé qu'on soit, nous n'avons pas non plus été l'enfant dont elle a révé !

Il m'arrive alors de penser à la mienne. Toute une histoire que la nôtre, sans elle et sans cette histoire si particulière je ne serai pas devenue moi, je ne serai pas devenue psychanalyste, je ne serai pas devenue une femme libre.
Si nous n'avons pas toujours pu nous dire les choses que nous aurions voulu, il me plait à croire que nous nous sommes aimées, chacune à notre manière...Maladroitement peut-être. Mais elle m'a transmis le plus beau des héritages, et je l'en remercie !
Aujourd'hui, et pour toujours elle me manque !

C'est un article lu dans la presse médicale qui m'a agaçée vivement et m'a donné envie d'écrire tout ça : "Si les enfants ont de l'asthme c'est de la faute de leur mère "assène sans complexe le titre accrocheur
Et d'expliquer à grand renforts d'exemples (surgénéralisation pathologique ?) que la mère stressée pendant sa grossesse provoquaient ces troubles chez le nouveau né, puis l'enfant !!!!
Sans manquer de préciser ôh quelle horreur ! le côut entrainé par le stress de ces mères déjà mauvaises.

Peut-être par ce que mère moi même ?

Mais c'est avec bonheur et espoir que je le termine cet article.
J'ai regardé avec beaucoup d'émotion le merveilleux film franco-israélien de Radu Mihaileanu
"Va, vis et deviens"
Une mère guidée par l'amour qu'elle porte à son enfant, un amour inconditionnel, lui ordonne de suivre une autre mère, en partance pour un avenir meilleur.. Un avenir qu'elle ne pourrait pas lui donner. Une possibilité de vivre. Seulement de vivre !
Pas de mot ! Mais le regard, le regard seul de ces deux femmes, de ces deux mères, dont l'une venait de voir mourir son fils de faim, de maladie dans ses bras, et l'autre qui perdait le sien....
Cet enfant a eu trois mères, il a toujours été fidèle a celle qui lui a donné la vie, en aimant les deux autres, qui l'ont aimé aussi, fort, très fort, si fort.
Qui chacune à leur manière lui ont donné l'amour et lui ont donné la vie.
Ces trois femme lsui ont fait le plus beau des cadeaux, celui de devenir un homme !


Va.... Vis ....et Deviens !

C'est sur ces mots, ces mots d'espoir, ces mots d'amour aussi que je veux conclure....
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