Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

jeudi 3 avril 2008

Le mal d'être.

Barbara a chanté le mal de vivre, sobrement, si joliment... Mais le mal d'être !

Etre, verbe d'état. Etre ! Etre là, au milieu de là...d'....?

Mes patients évoquent bien souvent le mal d'être. D'être ?

Ce n'est pas seulement le mal être, mais le mal d'...Ce "d'" qui fait toute la différence, qui se rapporte directement au sujet, qui dit que c'est lui, qui est concerné par ce mal là.
Que ce mal le touche directement dans son être. Mal lié au moi.. Mal du moi. Que la cible c'est pas l'être, seulement mais le "d" !

Faut-il se référer pour tenter de comprendre ce qui arrive au spleen évoqués et décrit abondamment par les romantiques du XIX° siècle, et plus précisément encore le romantisme allemand ?
A tous ces poétes, écrivains en mal d'être justement, mais qui ont su transcender et sublimer leur douleur en l'écrivant.
Si ce mal n'avait été, auraient-ils pu écrire ?
Quel héritage aussi que celui là ?
Héritage et transmission à travers les générations mais aussi les inconscients.

Freud s'en disait redevable... Quel imaginaire ces écrits, ces larmes, ces souffrances ont-ils crées ? suggérés ? Développés ? convoqués ?
Jung parle d'un inconscient collectif ? Ce spleen là, y serait-il inscrit ? Pourrions nous alors nous y servir encore et encore à profusion ?
Le Banquet ?

Mais dans ce cas précis, aujourd'hui, qu'est ce que ce mal d'être ?
Nous ne pouvons guère évoquer ce spleen, du moins sous cette forme là. Il ne correspond plus. Il n'a plus le même sens, le même rythme, le même tempo. Les temps ont changés, le temps n'a plus la même notion, le regard sur soi aussi....

Comment ce mal là, qui finalement ne trouve pas trop de mots pour le définir se manifste t-il ?
Des plaintes, diffuses, diverses, somatiques et autres, on dort mal ou pas bien. On rêve mal ou pas bien. On vit mal ou pas bien.
Mais ce serait plutôt le "pas trop bien"
Une sorte de mal aise, indéfinissable... Impalpable.
Non que les choses soient vraiment désagréables, mais pas vraiment agréables, avec une interrogation et surtout une grande incompréhension :

"Pourquoi ? Je ne comprends pas, je n'ai rien vraiment qui peut provoquer ça"
"Qu'est-ce qui m'arrive à moi, là ?"

Après avoir passé en revue, une vie somme toute "possible et vivable" s'insalle non seulement le questionnnement, le doute, mais aussi et surtout la culpabilité...
"Je sais, je ne devrai pas.... Quand même ? j'exagère.... Je me plains alors que...."
Pour conclure :
"Mais je n'y peux rien !"

C'est justement ce "je n'y peux rien" qui cloche, car le sujet en mal d'être, aimerait bien y pouvoir quelque chese. S'il le pouvait ça changerait tout. Du moins il le croit, le pense. Et surtout il ne souffrirait pas de ce mal là. Il pense ça aussi.

Aucun remède me dit-on !
"Je ne suis pas malade...C'est mon médecin qui l'a dit" Affirmation qui ne le rassure pas après une batterie d'explorations cherchant à valider ou invalider un cortège de symptômes, malaises, douleurs "un peu partout" sans "trop savoir pourquoi".
Pas même un petit soupçon de conversion ? une bonne névrose..

Pas même dépressif... Car la dépréssion, c'est "une vraie maladie"... Avec des symptômes reconnaissables, identifiables, repérables, mesurables. Bref, une maladie diagnosticable.
Mais là, le "mal d'être" ?

"Non je devrai aller bien, mais je ne vais pas bien, j'ai tout pour être heureux, mais ce n'est pas ça, il faudrait peut-être que je me secoue un peu, mais je ne peux pas...."

C'est comme s'il manquait quelque chose. Mais ce quelque chose on ne sait pas quoi. On ne sait pas de quoi il s'agit. Peut être meme qu'il ne manque rien.
Ce n'est peut-êtr e qu'une vue de l'esprit ?
Une occupation de quelqu'un qui n'a rien d'autre à faire....Que de se dire qu'il lui manque peut-être quelque chose ? Qui n'a pas vraiment de soucis ? Les vrais soucis....Ceux qui occupent vraiment, qui font mal...
Un simple caprice ? Celui, d'un sujet qui a tout, ou presque, mais qui pense qu'il lui faut encore plus, mais ne sait pas vraiment quoi au juste...Il manque toujours quelque chose.
Il y aura toujours un vide à combler. On remplit le trou, mais un autre apparait à côté, on remplit et ça continue............Pourquoi ?..............J'y arrive pas ?
Il manque et ça manque...

Et ce manque là, la société se charge de le lui marteler. Il manque toujours quelque chose dans notre société libérale et capitaliste. Il manque toujours quelque choise pour faire notre bonheur. Sans ce quelque chose que personne ne sait définir, et pour cause, notre bonheur ne peut pas être complet, il peut parfois même, ne pas être !

Le bonheur ! Le mot est laché ! Pour être heureux...
Mais que veut dire bonheur et heureux ?

Crise existencielle ? Regard sur sa vie ? accomplie mais pas vraiment comme on le voudrait, comme on l'aurait voulu ?comme on l'avait voulu ?
Un regard en arrière....? Un regard vers hier ? Avant hier ?
Faut-il vraiment se retourner ?
Regrets ? Remords ? non, ce n'est pas encore vraiment ça, mais c'est quand même un peu tout ça... Un peu de tout, et de rien, mais ce tout là, on ne peut pas dire ce que c'est vraiment, mais on s'approche un peu, ça commence un peu à chauffer..

C'est physique aussi, ça vous reste dans la gorge, ça remue, mais ça inhibe aussi.. Ca oppresse, et ça comprime, opprime aussi..On se dit, c'est un ulcére, une crise d'angor ! de panique alors puisque le médecin a dit que ce n'était rien... Mais non, c'est pas encore ça.. C'est angoissant, mais pas vraiment... C'est ambiant, on est ainsi, dans cet état là. Coincé entre.. Ca et Ca !
On aimerai bient que ça sorte, mas non ça reste coincé là. En soi, une sorte de poids, de boulet.... De brouillard aussi...

"Je suis pas bien, pas vraiment bien, je ne sais pas ce que c'est ? je me sens barbouillé dans ma tête "

Souchon chantait qu'il "marchait tout seul le long de la ligne de chemin de fer'" décrivait "dans ma tête y a rien à faire"
Il disait Son "mal en campagne, son mal en ville" pour conclure qu'il "était peut-être un peu trop fragile" !

C'est peut-être CA :
Etre fragile ! Mais de quoi ? et en quoi ? et pour quoi ?
Se serait donc ça cette impression "d'être pas bien," nulle part et partout, mais surtout en soi.

Le mal d'être, non soi, mais en soi.
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Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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